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le Mardi 16 août 2022 12:07 Art et culture

Sommet des arts de l’Arctique : trois jours de célébration culturelle

Photo : Laurie Trottier.
Photo : Laurie Trottier.

Le Sommet des arts de l’Arctique s’est déroulé à Whitehorse du 27 au 29 juin dernier, et a réuni une centaine d’artistes et de membres de communautés autochtones de la région circumpolaire. Voici quelques bribes capturées par l’Aurore boréale.

Photo : Laurie Trottier.

 

Départ haut en couleurs

Le spectacle Dreaming Roots a donné le ton au Sommet des arts de l’Arctique, avec deux représentations en deux jours, au Centre des Arts du Yukon. Véritable ode à la résilience des Premières Nations yukonnaises, le spectacle dirigé par Alejandro Ronceria et Diyet van Lieshout a confié les planches à une cinquantaine d’artistes du territoire qui ont tour à tour captivé l’auditoire grâce à une performance tout en chant, musique, tambour, théâtre, danse et conte. 

Le spectacle Dreaming Roots a donné le ton au Sommet des arts de l’Arctique. C’était la troisième édition du sommet. La première avait eu lieu en 2017 en Norvège, et la deuxième en 2019, en Finlande. Photo : Mike Thomas, Centre des arts du Yukon.

 

Pendant les trois jours du sommet, ces mêmes thèmes, soit la résilience, la souveraineté autochtone et la création artistique, furent en trame de fond de la vingtaine de panels organisés par et pour les membres des délégations. Ceux enregistrés au Centre culturel des Kwanlin Dün sont maintenant disponibles en ligne, sur le site du sommet, pour le grand public.

Pour Sophie Tremblay-Morissette, une des organisatrices de l’événement international, le sommet fut un grand succès. « On a dépassé nos attentes pour le sommet », lance-t-elle, enthousiaste. « Je pense que le fait que les gens se rencontraient pour la première fois depuis deux ans, ça a créé le contexte idéal. » 

Même son de cloche pour le ministre du Tourisme et de la Culture, Ranj Pillai, qui a affirmé par voie de communiqué que le sommet a rempli ses objectifs, tel que « mieux faire connaître le savoir, les récits et les cultures des nations autochtones du Nord et des pays arctiques de la région circumpolaire ».

La jeunesse en toile de fond

Le panel sur le climat et l’engagement jeunesse, enregistré à l’hôtel Sternwheeler le 27 juin, a permis aux membres de la délégation de réfléchir à la notion de reconnexion et à l’importance des émotions dans la création artistique. La panéliste Princess Daazhraii Johnson, de la première nation des Neets’aii Gwich’in en Alaska, en a appelé à accorder une plus grande place au deuil et au chagrin dans la lutte climatique et la création artistique.

Également présente, Jocelyn Joe-Strack, de la Chaire de recherche sur la surveillance environnementale et la mobilisation des connaissances traditionnelles à l’Université du Yukon a affirmé que le changement climatique était « un symptôme de notre déconnexion envers l’esprit, nous-même, les autres et la terre ». La scientifique a précisé que plusieurs jeunes qui cherchaient à entamer un processus de reconnexion trouvaient notamment les outils au sein de leurs cultures, langues, rites et contes autochtones.

L’écrivaine et activiste environnementale inuk Aka Niviana, une des artistes derrière le projet Rise, a pour sa part relevé la pertinence de l’art dans la lutte climatique. « La poésie pour moi, peut montrer les émotions qu’un rapport ne peut pas. La poésie peut montrer le chaos, communiquer ces émotions [au lectorat]. » Le panéliste sami et artiste visuel Matti Aikio a terminé en rappelant l’importance d’investissements à long terme dans le domaine des arts et de la culture. 

Le panel sur la place du mouvement queer dans les communautés autochtones et dans l’art a aussi permis aux délégations de réfléchir aux questions identitaires et à l’importance de la représentation dans le domaine artistique des artistes qui se retrouvent parfois marginalisé·e·s.

Réactions et suggestions

L’artiste Béatrice Deer est contente de sa participation au sommet. Celle qui s’est produite en solo – son groupe étant resté à Montréal – trois fois en trois jours pour sa première visite à Whitehorse a aussi participé à un panel appelé Voices From the Land. « On a expliqué comment nos expériences ont changé notre façon de faire notre art, notre expérience artistique, de ce qui nous inspirait, et pourquoi on fait ce qu’on fait », rapporte-t-elle. Celle-ci estime qu’il y a toujours un peu de fierté à performer devant un auditoire autochtone. Elle ajoute avoir été impressionnée par l’artiste Timimie Märak dans le cadre du sommet.

Béatrice Deer est une artiste Mohawk et Inuk. Son groupe et elle se produisent majoritairement à Montréal et aux alentours. On peut trouver leurs chansons, mêlant rock indépendant, l’indie et le folk moderne aux contes inuits traditionnels, sur la plupart des plateformes numériques musicales. Leur sixième album, SHIFTING, est sorti en décembre dernier. Photo : Laurie Trottier.

 

Pour sa part, Petra Laiti, déléguée samie et activiste, insiste sur l’importance des rencontres comme celles-ci, particulièrement pour les communautés autochtones. « Grâce aux cultures autochtones locales qui ont été proéminentes tout au long du sommet, nous nous sommes senti·e·s chez nous », déclare-t-elle. 

L’organisatrice Sophie Tremblay-Morissette affirme avoir reçu de nombreux commentaires positifs de la part des membres des délégations, mais qu’une plus grande place aux enfants et activités intergénérationnelles auraient pu être accordée. Celle-ci a tenu à souligner le travail des partenaires internationaux et locaux dans la réussite de cet événement.