Entre sécurité des artistes et du public et désir de relance, le secteur culturel a avancé à pas feutrés depuis un an et demi et a dû faire preuve d’innovation. Cet automne, la rentrée culturelle s’annonce enfin sous des airs de retour à la normale, avec un calendrier bien rempli d’événements qui auront tous lieu devant un « vrai » public.
« Le public a soif d’activités culturelles en personne, estiment différents acteurs de la francophonie canadienne », affirme Andréanne Joly, dans un article écrit pour Francopresse. L’article relate également que « les activités extérieures sont celles qui sont favorisées par le public [au Canada comme ailleurs] » et que « [la] distanciation est plus facile et généralement le masque peut être retiré lorsqu’il y a des sièges ».
Pourtant, face à ce qui a été décrit comme une « première vague » au Yukon l’été passé, nombreux sont les événements, même extérieurs, qui ont dû être reportés, adaptés, voire annulés au territoire.
Si à Yellowknife 200 personnes ont pu célébrer la Saint-Jean-Baptiste en présentiel, à Whitehorse les traditionnelles célébrations du Solstice Saint-Jean ont été repoussées. Elles auront finalement lieu le 2 septembre prochain, en extérieur, au camping Robert-Service et marqueront le début d’une série d’événements culturels francophones attendus par beaucoup.
Vers un retour en salle
D’un bout à l’autre du Canada, les salles de spectacles rouvrent leurs portes, à capacité réduite ou identique à l’avant-pandémie. Francopresse rapporte à ce sujet les propos de Luc d’Eon, le directeur général de la Fédération culturelle acadienne de la Nouvelle-Écosse : « Il y a certainement une barrière psychologique à franchir pour assister à un spectacle après [s’être fait dire] de rester à la maison pendant un an et demi. »
Virginie Hamel, directrice par intérim, Arts et culture, pour l’Association franco-yukonnaise (AFY), confirme cette impression : « Il va falloir prendre en compte le fait que certaines personnes ne sont pas à l’aise de venir voir des spectacles en personne et préfèrent les voir de chez elles. »
Pourtant, pour cette rentrée, l’AFY mise sur une programmation audacieuse avec pas moins de six activités, toutes devant public, de septembre à décembre.
Onde de choc
« Cette année, pour Onde de choc, on a misé sur deux duos artistiques. Nicolas Hyatt (Whitehorse) et Jade Chan (Victoria) présenteront le spectacle Parler bien », explique Virginie Hamel. Parler bien est un concept électroacoustique qui met en valeur les différents accents francophones au Canada. Le second duo sera composé de Lorène Charmetant et de Malorie Gendreau. Elles présenteront Véridis, suite de la présentation qu’elles proposaient lors de la dernière édition d’Onde de choc.
Un coup de dés pour Coup de cœur francophone
La grande révélation de la rentrée est un coup de dés tenté par l’AFY : inviter au Yukon des artistes de l’extérieur. Et pour cela, l’association mise sur un grand nom de la culture franco-canadienne : Fred Pellerin.
Le spectacle, dont les billets devraient être mis en vente au cours du mois de septembre, est prévu le 12 novembre prochain au Centre des arts du Yukon.
Grâce à une initiative de Musicaction, l’AFY aura l’occasion de présenter également un deuxième spectacle Coup de cœur, le 4 décembre. Étienne Fletcher, Fransaskois d’origine, présentera au public yukonnais un spectacle dynamique allant du rock au blues et du folk au pop, pour une expérience mémorable.
Enfin, cette fois grâce à des partenariats, l’organisme franco-yukonnais ajoutera à sa programmation un spectacle de Lorène Charmetant le 18 novembre (avec Music Yukon) et la présentation du film 120 battements par minute (avec Queer Yukon) le 13 octobre.
Filmer ou non?
Cette saison, l’AFY abandonne les formules hybrides et ne prévoit pas proposer de diffusion vidéo sur les médias en ligne. « Ce n’est pas toujours évident d’avoir l’équipe technique pour faire du streaming, selon la directrice par intérim. On y reviendra peut-être plus tard. Grâce à de nouvelles sources de financements, nous pouvons filmer certaines activités afin de les rediffuser plus tard en ligne. »
« Je n’ai pas reçu de messages qui me disent que des gens préfèrent les spectacles en ligne, mais je sais que certaines personnes ne sont pas à l’aise, donc on veut les considérer, ajoute-t-elle. Par contre, j’ai beaucoup de commentaires de gens qui me disent : « On a hâte de reconnecter, quand est-ce que ça recommence? » »
Établir une programmation culturelle a sans aucun doute été une course à obstacles. Le menu de « talents locaux » saupoudré de partenariats et pimenté de paris audacieux donne d’ores et déjà l’eau à la bouche.
IJL – Réseau.Presse, L’Aurore boréale