Du 15 au 29 mai, les artistes amateurs et amatrices de la ville de Dawson ont pu exposer une œuvre dans la galerie ODD de l’Institut des arts et cultures du Klondike (KIAC).
Les Yukonnais.e.s de tout âge étaient invité.e.s à déposer une œuvre créée au cours de l’année. Avec la pandémie, plusieurs ont eu le temps de développer une passion artistique.
Les œuvres exposées sont hétéroclites et à l’image de la petite communauté de Dawson. On trouve principalement des peintures, mais aussi des sculptures, de la poterie, des créations à base de perles, des dessins, des photographies, des collages, de la gravure, de la poésie et des structures en plastique. La créativité n’a pas d’âge, les artistes exposant.e.s ayant de 5 à 85 ans.
La nature comme inspiration
La faune et la flore du Yukon ont inspiré plus de la moitié des œuvres de l’exposition. Palma Berger, aînée de la communauté de Dawson, a cueilli des champignons pour en faire une huile, qu’elle a utilisée pour peindre son tableau représentant lui aussi des champignons. Kayla Gagné, qui a proposé Yukon River, un tableau immortalisant le soleil de minuit sur la côte ouest du fleuve, avoue n’avoir « que la nature comme mentor » et être « continuellement inspirée par la majesté du Yukon et sa beauté monumentale ».
Natasha Henderson a peint une série inspirée du ciel de Whitehorse : « J’étais en quarantaine après avoir déménagé du Québec au Yukon, enfermée, loin de ces nouveaux paysages passionnants. Lorsque j’ai pu sortir, j’ai vraiment apprécié le paysage et les gens du territoire! Le ciel était tellement différent, plus ouvert et actif que celui de Montréal ».
Créer ensemble
Certains se sont motivés entre eux pour soumettre des œuvres, comme les familles Potoroka et Brennan-Kienzler, qui ont proposé une série de poissons en mosaïque de verre teinté. Genséric Morel a décidé de créer une sculpture en même temps que sa partenaire. Son œuvre Chance neutre est faite de bois flottant et de miroirs cassés, mêlant le malheur d’un miroir brisé à la chance qu’on récolte en touchant du bois. « J’avais l’idée de créer ce type de sculpture depuis un certain temps, et c’est en voyant l’annonce que j’ai trouvé la motivation de me lancer. C’était comme un défi créatif. Nous avons fini deux heures avant l’échéance », s’amuse-t-il.
D’autres ont voulu rendre hommage à des artistes ou des proches, comme Wanda Jackel qui a peint sa grand-mère. Avec sa toile Dogma, Annie Kierans a reproduit une mise en abyme. « Elle représente Jean-Paul Langlois, un peintre métis ayant fait une résidence artistique en novembre dernier, précise-t-elle. Dans mon tableau, j’ai inclus ses peintures, basées sur la version 1973 de Croc-Blanc. C’était vraiment amusant d’imiter son style – ses plans globulaires et plats aux couleurs punchy. »
Femmes et féminisme
La figure féminine a été la deuxième source d’inspiration la plus représentée. C’est le cas notamment du montage de Devon Berquist, représentant un corps féminin à partir de photographies de rivières, et du dessin de femme en taille réelle d’Aleks Bartosik. Stormy Bradley, artiste perliste autochtone, a proposé l’œuvre engagée Home – « car l’utérus est notre maison originelle à tous » – faisant partie d’une série de vulves perlées sur un cuir d’orignal, qu’elle a tanné elle-même.
« Perler des parties sacrées, qui sont la seule chose qui donne la vie au monde, est un acte de résistance et de revendication de l’autonomie de nos corps. Avant le colonialisme, nos rôles dans la société étaient honorés ; aujourd’hui, ils sont minimisés. La violation des droits des femmes autochtones disparues et assassinées me vient également à l’esprit. J’espère que mon public pourra faire l’expérience de la guérison avec cette série », finit Stormy Bradley.