Le 8 avril commençait une série de huit concerts printaniers à Dawson. Les deux premiers ont affiché complet et accueillaient notamment Brigitte Jardin.

Des personnages créés par Sophie Mutlu représentant le Yukon et le sud des États-Unis accompagnent Brigitte Jardin dans son processus créatif. Photo : Agnès Viger.
Pour l’occasion, Brigitte Jardin s’est entourée de Lorène Charmetant, Lonnie Powell et Bob Hamilton. Les musiciens y ont mis en lumière des chansons de country d’auteures-compositrices des années 50. « Ces femmes étaient des pionnières, prenaient le temps d’écrire et d’être sur scène, c’était très avant-gardiste », explique Brigitte Jardin. Le concert était également diffusé sur la radio locale CFYT.
Deux chansons ont été présentées en français. Le spectacle continuera d’évoluer et Brigitte Jardin aimerait y glisser de nouvelles compositions. « C’est la première fois que j’ai le temps de créer un projet en profondeur. On a eu énormément de plaisir à se retrouver ensemble sur scène », admet-elle.
Inspiration, enseignement et amitiés
Pour Brigitte, la connexion humaine est extrêmement riche et elle se sent privilégiée, considérant ses accompagnateurs comme une deuxième famille. « On habite même ensemble », s’amuse Lorène Charmetant. Cela crée une dynamique, on se co-inspire », ajoute-t-elle.
Les deux auteures-compositrices-interprètes ont des caractères différents. Elles se complètent. « Je me sens revitalisée à chaque pratique musicale, c’est thérapeutique », remarque Brigitte Jardin. Toutes deux ont commencé la musique jeunes grâce à leurs pères, pianiste pour Lorène et batteur pour Brigitte. Mais cela ne fait qu’un peu plus d’un an que les amies osent composer et présenter leurs créations.
En parallèle de la vie d’artistes, elles sont enseignantes – de chant pour Lorène et de percussions pour Brigitte. « C’est valorisant d’avoir un impact sur l’être humain dans quelque chose de concret », explique cette dernière. « J’essaie d’enseigner en sortant des structures, pour attiser la curiosité, mais c’est un chemin difficile », complète Lorène Charmetant.
Ce qui inspire Brigitte, c’est le contraste avec le Nord et le Sud, notamment entre le Yukon et la communauté francophone acadienne de Louisiane. Quand elle sort de sa zone de confort, elle voit la vie d’une autre façon et utilise la musique pour canaliser ses émotions. « En composant en français, je raconte. Il y a quelque chose de cru, une poésie proche des émotions », explique-t-elle. Pour Lorène, les approches sont différentes, parfois juste un son, parfois un ressenti. « C’est comme une graine que j’essaie de faire pousser sans savoir quelle plante va émerger », confie-t-elle.
Résidence artistique printanière
Depuis 2006, le Festival de musique de Dawson organise annuellement une résidence artistique pour un ou une compositeur.rice. En plus du processus créatif, les musiciens sont invités à interagir avec la communauté. « Je vais proposer des cours de batterie et créer un atelier pour parler du rôle du batteur dans un groupe, pour ouvrir la discussion avec les locaux », explique Brigitte.
La batteuse aimerait aussi écrire une chanson en partant de zéro, via un chemin créatif différent. « Partir de la vision des femmes de la communauté, de différentes origines et générations pour entendre quelles sont leurs perspectives dans une petite communauté nordique », précise-t-elle.
Brigitte aimerait aussi peaufiner son projet. « Je vais pouvoir m’asseoir, créer, avoir l’espace d’être seule pendant un mois dans une grande maison. J’aimerais explorer un fil conducteur pour créer un spectacle, une histoire de façon organique. J’ai une poignée de chansons que j’aimerais terminer pour être suffisamment à l’aise pour les jouer sur scène », conclut-elle.