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le Jeudi 8 avril 2021 5:25 Art et culture

Yves Lafond en route vers sa première publication

« Ici, personne n’a de passé ; sûrement parce que tout le monde en a trop. Il y a des mots qu’il ne faut pas prononcer, des sujets tabous à éviter. En tête de liste : l’amour », écrit Yves Lafond dans son tout premier livre Le boutte de la route.
Photo : Éditions La nouvelle plume.
« Ici, personne n’a de passé ; sûrement parce que tout le monde en a trop. Il y a des mots qu’il ne faut pas prononcer, des sujets tabous à éviter. En tête de liste : l’amour », écrit Yves Lafond dans son tout premier livre Le boutte de la route. Photo : Éditions La nouvelle plume.

Les fidèles lecteurs de la section Chronique du journal savent d’ores et déjà qu’Yves Lafond manie autant bien le volant que le crayon. Avec son tout premier livre Le boutte de la route, il donne vie à ces réflexions collectées le long de ses itinéraires au Québec et dans les territoires canadiens, et réalise du même coup un de ses plus vieux rêves.

« Ici, personne n’a de passé ; sûrement parce que tout le monde en a trop. Il y a des mots qu’il ne faut pas prononcer, des sujets tabous à éviter. En tête de liste : l’amour », écrit Yves Lafond dans son tout premier livre Le boutte de la route.
Photo : Éditions La nouvelle plume.

 

Entre les pages du journal, il vous émeut, vous fait rire ou vous fait réfléchir. Dans son premier ouvrage à paraître aux Éditions de la nouvelle plume le 15 avril prochain, Yves Lafond caresse la même ambition. « J’ai toujours un peu écrit et, à un moment donné, on finit par croire qu’on est fait pour ça », blague-t-il d’entrée de jeu.

Ce camionneur qui arpente coutumièrement les routes de Whitehorse à Inuvik affirme que sa mère est à l’origine de son premier texte, alors qu’elle lui avait demandé de rédiger quelque chose sur le thème de la neige. « Je me suis assis et je me suis mis à l’écrire. Ma mère était emballée, elle m’a acheté un cahier avec une belle reliure et elle a dit : ‘’Tu vas en écrire d’autres’’. J’ai repris l’écriture environ dix ans après ça », se souvient-il. Puis, c’est au tour d’un professeur de littérature de raviver l’étincelle créative du Québécois d’origine, qui se voit alors devenir un professeur de français le jour, et écrivain la nuit.

Cependant, si quelqu’un est bien au fait que la vie prend parfois de curieux détours, c’est bien Yves Lafond, qui, après un passé en affaires, s’est installé derrière le volant depuis déjà plus de dix ans pour transporter du propane du Yukon aux Territoires du Nord-Ouest. Ce désir d’écrire n’a cependant jamais cessé et l’a accompagné sur le siège passager à chacun de ses voyages. « J’essaie chaque jour de faire un exercice. De juste penser à ce que je fais, pendant 2-3 minutes. De me concentrer sur c’est quoi le son que j’entends, comment le truck se comporte, comment mes membres se sentent. Et souvent après ça, ben souvent 5 minutes après, j’arrête le camion parce que j’ai une idée pour écrire quelque chose », affirme-t-il.

Panorama de rêves, de Yukon et de… truck

Fidèle à ses expressions colorées, Yves Lafond décrit son premier livre comme « un mélange d’histoires de truck, de Yukon et de ne pas vivre selon les règles établies ». S’il dédie l’ouvrage principalement à ses deux fils, il estime que c’est aussi une oeuvre « pour les marginaux et ceux qui ont l’impression d’étouffer un peu dans leur vie ».

C’est d’ailleurs ce que le camionneur décrit comme un « passage d’ombre à la lumière » qui rend le récit aussi captivant, hormis le vocabulaire expressif et les métaphores hautes en couleur, qui font la réputation de sa prose. Les premiers textes de l’ouvrage concernent sa vie dans la Belle Province, où il sentait parfois qu’il faisait fausse route. « J’ai relu [mes chroniques écrites dans le passé] et je me suis dit : « C’était dont bien sombre quand j’étais au Québec!  » », s’écrit-il. Avant de faire du Yukon sa terre adoptive, ce dernier se demandait régulièrement : « Le cash c’est bien beau, mais suis-je en train de passer à côté de ma vie, de ma destinée? »

Ces réalisations profondes et les récits de tout le chemin qu’à parcouru l’homme – littéralement! – animent donc les pages de ce premier livre. « Je ne pense pas que j’aurais été un bon écrivain si j’étais resté assis derrière un bureau à essayer d’imaginer des histoires. Je peux en imaginer, mais il faut que ça soit à partir de choses réelles », affirme-t-il.

« Yves Lafond nous fait découvrir un autre art de vivre, un rythme différent, mais aussi des personnes, parfois dures, mais toujours émouvantes, qui dans un environnement hostile s’attachent à la lumière », complètent d’ailleurs les Éditions de la nouvelle plume, au sujet de l’ouvrage.

L’accomplissement et la nervosité en parallèle

Lorsqu’il a répondu à nos questions, à un peu plus de deux semaines du lancement, la fébrilité d’Yves Lafond se ressentait : « Depuis le temps qu’on en parle, là [j’ai] des papillons dans l’estomac un peu et là je trouve que ça va vite! », s’exclame-t-il, en riant.

Il estime que sa capacité à aborder des sujets qui rejoignent tout le monde fait en sorte que son lectorat apprécie ses histoires. « Je crois qu’ils ont l’impression d’être dans mes souliers », traduit Yves Lafond, tout en confiant qu’Au boutte de la route représente le fruit de ses rencontres et de son amour pour le territoire et les gens qui le peuplent. Le livre sera disponible à compter du 15 avril.