Hier, le 24 février, paraissait le 19e livre de l’écrivaine québécoise Mylène Gilbert-Dumas. Connue au sein de la communauté francophone du Yukon grâce à ses romans Lily Klondike, Yukonnaise ou encore Une deuxième vie, elle se risque aujourd’hui à un nouveau type : l’essai. Entre réflexions et anecdotes, elle y aborde principalement la relation à l’argent.
Suivant le titre principal de la couverture de Trop, c’est comme pas assez, le sous-titre précise : « Réflexions sur l’argent, le temps, la liberté et le bonheur ». Dans ce nouvel ouvrage, l’auteure livre ses réflexions personnelles pour s’affranchir des obligations dictées par la société consumériste actuelle. Elle y expose des astuces pour revoir ses habitudes quotidiennes et remettre en question ses choix, son train de vie et son mode de consommation. Hymne à l’adage « L’argent ne fait pas le bonheur », l’œuvre, organisée en cinq parties, décrit les étapes nécessaires pour changer ses perspectives et sortir des sillons tracés par la société.
Une deuxième vie aussi pour Mylène Gilbert-Dumas
Si, dans son roman Une deuxième vie, Mylène Gilbert-Dumas raconte la reconversion d’Élisabeth Létourneau, une Québécoise hygiéniste dentaire devenant meneuse de chiens de traîneau au Yukon, c’est qu’elle-même s’est réorientée professionnellement il y a une vingtaine d’années. D’enseignante de français au secondaire, elle devient écrivaine à temps plein pour suivre ses rêves de petite fille. Son déclic? Une phrase prononcée par un de ses très bons amis, Wilfrid : « N’attends pas de prendre ta retraite pour écrire parce que tu ne sais pas si tu vas te rendre jusque-là, ni dans quel état ». Courtier en immobilier, Wilfrid a pris sa préretraite à 55 ans pour assouvir sa passion de toujours, la peinture. Après deux accidents cardio-vasculaires, il est décédé cinq ans plus tard.
Mylène Gilbert-Dumas mesure alors toute l’ampleur de cette phrase et décide de sauter le pas. Passer d’un métier au salaire séduisant à un emploi beaucoup plus instable nécessite beaucoup de courage : « J’avais tout : la sécurité de l’emploi, un bon salaire, un fonds de pension, une famille… et des dettes, confie l’auteure. J’ai choisi de me lancer dans l’écriture à temps plein, le métier le plus précaire qui existe où je suis payée au nombre de ventes de mes livres, un an après leur sortie. Il m’a fallu une bonne organisation et une rigueur de fer. »
Genèse d’un essai
Mylène Gilbert-Dumas a publié 18 romans. Trop, c’est comme pas assez, son 19e livre, est son premier ouvrage de développement personnel dont la rédaction a été inspirée par ses lecteurs et lectrices. L’écrivaine se souvient : « À chacune de mes participations à un Salon du livre, j’avais toujours au moins une fois la question à savoir comment j’avais franchi le cap de ma vie tracée d’enseignante à celle d’auteure. Je me suis comme tannée d’expliquer le cheminement à chaque fois alors je me suis dit : « OK, je vais l’écrire ce livre ». »
Trop, c’est comme pas assez en est le résultat : des réflexions de vie ou des pensées à la suite de lectures sur le sujet, illustrées par ses propres anecdotes, qui l’ont menée à la gestion actuelle de ses finances personnelles. « Mon livre n’est pas une méthode minimaliste, confesse l’auteure. Il présente plutôt des observations sur la notion de confort ou sur le désir humain de posséder des biens matériels. J’ai commencé à vivre avec moins, puis avec moins encore, pour pouvoir vivre de l’écriture. »
Leçons de vie à la yukonnaise
Mylène Gilbert-Dumas a fait neuf voyages au Yukon, ce sont d’ailleurs ces séjours-là qui ont inspiré ses sept romans yukonnais. Ils lui ont beaucoup appris. Après son premier hiver à Dawson en 2010, elle explique avoir eu des difficultés à concevoir la vie dans une cabine de 12 pieds par 12 pieds, sans électricité ni eau courante, ce qui lui a d’ailleurs valu le qualificatif de « author obsessed with indoor plumbing ». Elle précise : « J’étais une personne douillette qui aimait beaucoup le confort, mais dans le Nord, les standards ne sont pas les mêmes. Le confort n’est pas vraiment une valeur, on lui préfère l’activité et l’intensité. Mes expériences yukonnaises ont beaucoup contribué à qui je suis aujourd’hui et au mode de vie que je mène désormais! »
En librairie depuis hier, Trop, c’est comme pas assez donnera à celles et ceux qui le désirent des pistes de réflexions pour repenser leur relation à l’argent. Mylène Gilbert-Dumas conclut : « Bien que leur vie ne soit pas parfaite, les Yukonnaises et Yukonnais ont un talent pour discerner ce qui est important de ce qui ne l’est pas. »
Initiative de journalisme local, APF – Territoires