Le Mois de l’histoire des Noir.es, tenu en février, est l’occasion de célébrer la riche culture de la communauté noire à travers le pays. Au Yukon, il n’y a pas que l’histoire qui agit comme véritable catalyseur de dialogue : les échanges sont aussi nourris par la musique, le cinéma et la comédie.
« Le Mois de l’histoire des Noir.es est un événement qui est célébré de plusieurs façons. Moi, je choisis simplement d’apprendre toutes sortes de choses, lance George Rivard en débutant sa première vidéo d’une série sur le sujet sur sa chaîne YouTube. C’est surtout parce que ça m’intéresse, mais aussi parce que c’est une partie intégrante de l’histoire qui est importante de mettre de l’avant », explique l’humoriste, qui a grandi au Yukon avant de plier bagage pour Toronto il y a quatre ans. Selon lui, la Société des histoires inconnues du Yukon (HHSY) est une excellente ressource afin d’assouvir sa curiosité.
Proposer une autre lunette d’interprétation historique qui ne soit pas uniquement blanche, c’est d’ailleurs le but de Paul Gowdie, membre de la HHSY. Plus encore, c’est en changeant la façon de raconter l’histoire qu’on établit un réel lien culturel : « En promouvant et en valorisant la diversité, on contribue à développer un sentiment d’appartenance à la communauté », estime-t-il.
La culture comme porte-voix
Ce même esprit communautaire a incité Leonard Boniface à mettre sur pied The Teliya, un organisme à but non lucratif visant à développer des programmes et activités pour faciliter l’émancipation de tous et de toutes, il y a 10 ans. Le musicien est aussi l’organisateur du Festival de musique africaine du Yukon, dont la plus récente édition s’est tenue en ligne le 20 février dernier. « Le festival représente une occasion de faire découvrir la richesse de la culture africaine à la communauté yukonnaise », se réjouit-il. Le festival se poursuivra en juillet prochain, avec deux soirées de spectacles.
Pour Leonard Boniface, les événements culturels demeurent le parfait moment d’amorcer un dialogue, vision qui rejoint celle de George Rivard au sujet de l’humour : « Les gens sont plus enclins à s’ouvrir à de nouvelles idées, à en parler. L’humour aide à faire tomber les barrières, et on peut faire passer un message sans que cela sonne comme une morale », explique l’humoriste.
La bande dessinée s’impose aussi comme un vecteur d’information intéressant auprès des jeunes. Dans un article publié par Francopresse le 12 février dernier, l’auteur Body Ngoy explique que ce format lui permet d’aborder le sujet d’une façon plus légère et de rendre accessibles des éléments historiques aux jeunes canadien.nes noir.es : « On ne va pas chercher à leur expliquer par de gros bouquins », plaide-t-il.
Prête, la communauté yukonnaise?
Pour Paul Gowdie, il reste du chemin à faire avant que la communauté blanche ne soit réellement prête à se remettre en question et à accepter d’avoir des conversations qui la rendent inconfortable : « Cela nécessite beaucoup de compassion, pour soi-même et pour les autres, afin de contribuer au changement. Ce n’est pas que toute la société est raciste, mais il faut accepter de voir comment le racisme systémique a été construit au fil du temps. » Loin de blâmer la population blanche, Paul Gowdie l’invite plutôt à se questionner davantage sur la notion de privilège : « Voici l’idée : on peut changer. Il faut essayer de se renseigner plus. De devenir un.e allié.e. À chacun de réaliser comment la société les a favorisés », explique-t-il.
Paige Galette s’est d’ailleurs exprimée sur l’importance de la lutte antiraciste dans le cadre du festival de films Available Light. Le panel du 10 février se concentrait sur la brutalité policière au territoire et sur l’analyse du film No Visible Trauma. « Le fait de venir à une manifestation n’a pas de conséquence directe sur le changement à opérer. Le changement s’opère lors d’adoption de politiques, le changement s’opère lors d’enquêtes publiques, lorsqu’on pose des questions, lorsqu’on dit la vérité, lorsqu’on a des conversations difficiles et finalement le changement arrive lorsqu’on pense en dehors de la boîte. […] Je crois qu’il y a des façons d’y arriver et que c’est le moment de s’engager pleinement. »
George Rivard, quant à lui,affirme inclure les enjeux sociaux dans son humour. « Les gens pensent que ce ne sont que des blagues, mais il y a selon moi une certaine responsabilité d’éduquer et d’informer, parce que nous partageons nos expériences. » Les vidéos ludiques et informatives sur l’histoire des Noir.es sont disponibles sur sa chaîne YouTube.