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le Jeudi 8 octobre 2020 7:42 Art et culture

Available Light on Demand ou comment regarder des films yukonnais en direct de son canapé

Andrew Connors, directeur artistique de l’organisme Yukon Film Society, est notamment responsable du catalogue du service de diffusion Light Available on Demand.
Photo : Kelly Tabuteau
Andrew Connors, directeur artistique de l’organisme Yukon Film Society, est notamment responsable du catalogue du service de diffusion Light Available on Demand. Photo : Kelly Tabuteau

Depuis maintenant un an, l’organisme territorial Yukon Film Society (YFS), en collaboration avec l’Institut des arts et de la culture du Klondike (KIAC) de Dawson, propose un service de vidéo à la demande. Sa particularité : offrir des films uniquement réalisés par des cinéastes locaux.

Andrew Connors, directeur artistique de l’organisme Yukon Film Society, est notamment responsable du catalogue du service de diffusion Light Available on Demand.
Photo : Kelly Tabuteau

C’est en octobre 2019 que YFS et KIAC lançaient leur plateforme numérique de diffusion de contenu yukonnais. Le projet, rendu possible grâce au financement du Fonds pour la stratégie numérique du Conseil des arts du Canada et du Fonds de développement communautaire du gouvernement du Yukon, présente le travail de plusieurs cinéastes yukonnais. Si aujourd’hui, la bibliothèque ne contient que 28 films, Andrew Connors, directeur artistique chez YFS, prévoit l’ajout d’une vingtaine de titres d’ici le 31 mars 2021. Du film d’horreur au documentaire, en passant par l’animation image par image, le catalogue actuel met en avant du contenu d’une grande variété dans le but de satisfaire le plus grand nombre de téléspectateurs et téléspectatrices. Pour YFS et KIAC, il était important de partager des œuvres présentant les points de vue de citoyens et citoyennes du Nord canadien puisqu’il n’existait pas encore de site Internet offrant ce type de service.

Genèse d’un projet ambitieux

YFS est un organisme à but non lucratif dont la mission principale est de soutenir la création d’art médiatique. Elle travaille en partenariat avec le KIAC pour appuyer les cinéastes et cinéphiles yukonnais dans le développement de leur art. À eux deux, ils organisent de nombreux événements en lien avec le cinéma. Le service de diffusion Available Light on Demand (ALD) est leur dernière grande nouveauté. Andrew Connors raconte : « Nous avions conscience qu’au cours des vingt dernières années, beaucoup de films avaient été montés par des réalisateurs yukonnais sans aucune possibilité d’être visionnés en ligne. Plusieurs avaient été montrés dans des festivals, mais prenaient désormais la poussière sur une étagère. C’était pourtant du contenu qui méritait d’avoir un auditoire à long terme. » L’idée de créer une plateforme numérique où le public canadien pourrait retrouver des films nordiques venait de naître.

Si le but aujourd’hui est de promouvoir le cinéma yukonnais auprès d’une audience nationale, il n’en reste pas moins que l’existence du service est aussi publicisée à l’international. Au 31 mars 2020, six mois après le lancement de la plateforme, les films d’ALD comptabilisaient un nombre de vues total restreint (2 636) bien qu’ils aient été visionnés dans une cinquantaine de pays. Finalement, la pandémie de COVID-19 aura été bénéfique pour faire décoller le service. Andrew Connors témoigne : « De 150 vues par mois sur l’ensemble des films, nous sommes passés à plus de 1 000 vues en mars [2020] et plus de 7 000 en avril. Les gens se sont retrouvés à la maison, ils avaient plus de temps et cherchaient une autre source de contenu numérique que Netflix et iTunes. Aujourd’hui, la moyenne mensuelle serait davantage autour de quelques centaines. »

Soutien des artistes locaux

Si ALD permet de profiter de films yukonnais dans son salon, il permet surtout à quiconque de contribuer au soutien des cinéastes locaux. En effet, bien que la majorité des œuvres peuvent être visionnées gratuitement (YFS a versé préalablement aux réalisateurs des droits de licence pour diffuser le film sur la plateforme), un peu moins d’un quart doivent cependant être loués pour quelques dollars. Connors confirme : « Il s’agit de films plus longs ou très récents. L’acheteur dispose alors de 48 h à partir du paiement pour regarder le film, pour un coût presque négligeable. » Les revenus ainsi générés sont ensuite reversés aux cinéastes et à YFS selon un système de partage de l’ordre de 75 % — 25 %.

Les 28 titres sont accessibles sur le site Internet availablelight.watch. YFS et KIAC espèrent s’ouvrir à davantage de contenu nordique canadien d’ici 2022, en proposant des réalisations ténoises et nunavoises. Certains des films présentés actuellement contiennent des sous-titres français, d’autres sont même doublés dans la langue de Molière (c’est notamment le cas de Chasms of Silence).