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le Mardi 31 mars 2020 19:50 Art et culture

Nathalie Parenteau, artiste et peintre muraliste

Une nouvelle murale tout en couleur signée par Nathalie Parenteau réjouit les personnes résidentes du Centre Whistle Bend, le nouvel établissement yukonnais de soins prolongés. L’artiste (à g.) a collaboré avec Chris Almstrom (à dr.) pour l’installation de cette immense oeuvre qui se déploie sur 335 pieds carrés.
Une nouvelle murale tout en couleur signée par Nathalie Parenteau réjouit les personnes résidentes du Centre Whistle Bend, le nouvel établissement yukonnais de soins prolongés. L’artiste (à g.) a collaboré avec Chris Almstrom (à dr.) pour l’installation de cette immense oeuvre qui se déploie sur 335 pieds carrés.

Une nouvelle murale tout en couleur signée par Nathalie Parenteau réjouit les personnes résidentes du Centre Whistle Bend, le nouvel établissement yukonnais des soins prolongés.

Une nouvelle murale tout en couleur signée par Nathalie Parenteau réjouit les personnes résidentes du Centre Whistle Bend, le nouvel établissement yukonnais de soins prolongés. L’artiste (à g.) a collaboré avec Chris Almstrom (à dr.) pour l’installation de cette immense oeuvre qui se déploie sur 335 pieds carrés.

La luminosité de l’immense murale qui orne le foyer de l’entrée du Centre Whistle Bend à Whitehorse ne laisse personne indifférent. L’œuvre qui se déploie sur environ 335 pieds carrés raconte en images la connexion vécue entre les gens du Nord.

« Les scènes sont chargées d’émotions sans tomber par contre dans le sentimentalisme », précise l’artiste franco-yukonnaise Nathalie Parenteau. « C’était la première fois au moment de l’accrochage que les panneaux étaient enfin assemblés. Chacun est tellement grand que je n’avais pas pu voir le résultat final de chez moi, faute d’espace. Je suis contente, tout fonctionne bien ensemble, les couleurs et la composition. Et c’est vraiment plus grand que je pensais », confie Nathalie Parenteau, épuisée, mais heureuse du résultat.

Création et discipline

La création de la murale intitulée Nos saisons, nos histoires relève de l’exploit. Il aura fallu à l’artiste plus de 600 heures de travail, soit douze heures par jour de la mi-janvier jusqu’au début mars, afin que le tout puisse être terminé à temps pour respecter la date butoir imposée par le gouvernement du Yukon qui a commandé l’œuvre.

« Je me suis mise en retraite complète de la société pendant deux mois. J’ai apprécié le défi, mais ça a été difficile. Je me devais d’être disciplinée et méthodique dans mon approche », confie Nathalie Parenteau.

Jour après jour, l’artiste s’est affairée à la tâche en peignant des scènes yukonnaises étalées sur la surface de dix-sept feuilles de contre- plaqué de bouleau baltique pesant 46 livres chacune. Ces dernières, qui passaient d’abord entre les mains de Chris Almstrom pour le découpage et la livraison, mesurent chacune 5 pieds carrés.

Vu la taille de chaque feuille de bois, le travail n’a pu se faire qu’en pièces détachées à raison d’une rotation de deux panneaux à la fois, disposés dans le salon et dans le studio de l’artiste.

À ce défi s’est ajouté le facteur hivernal yukonnais, c’est-à-dire d’une part, l’accès limité à la lumière naturelle si précieuse pour la préparation des couleurs et, d’autre part, l’accès restreint à une aération adéquate de l’espace de travail. Avec une température frôlant parfois les -50 degrés Celsius, l’ouverture des fenêtres de la maison n’était pas une option envisageable.

« C’était beaucoup de travail en atelier. Pendant que je peignais, il fallait que je gère l’horaire et les détails de la construction des panneaux, leur livraison et le traitement préliminaire », souligne Nathalie Parenteau.

« Il était important aussi que je prépare chaque panneau de bois avant de pouvoir commencer à peindre l’image. C’était long puisqu’il y avait quatorze étapes que je devais suivre à la lettre », explique-t-elle. L’artiste souligne que c’est en respectant ces étapes, c’est-à-dire l’application méthodique des couches de scellant, le sablage des surfaces et l’application de gesso transparent qu’elle a pu réussir à intégrer la texture du bois dans l’œuvre.

Artiste autodidacte

Originaire du Québec, Nathalie Parenteau est arrivée au Yukon en janvier 1983 avec le programme Katimavik, sur les ailes de la défunte C.P. Air. Âgée de 18 ans, elle s’est rapidement éprise des lieux et n’a pas tardé à prendre la décision d’y rester pour de bon.

Après avoir travaillé pendant une quinzaine d’années au Centre d’information touristique de Carcross, elle décide de tout quitter en 2001 afin de se consacrer à sa carrière artistique à temps plein avec l’aide de son conjoint, le photographe Peter Von Gaza.

C’est à ce moment-là que ses toiles peintes à l’acrylique, ses reproductions et ses murales ont commencé à peupler le paysage artistique yukonnais. On retrouve aujourd’hui ses œuvres dans plus de 35 points de vente en Alaska et au Canada, et Nathalie Parenteau reçoit régulièrement des commandes provenant de l’Australie, de l’Angleterre et d’ailleurs aux États-Unis.

« J’ai décidé avec le temps de faire plus de place dans mes œuvres au côté lyrique des choses. Je sais que ce n’est pas nécessairement très populaire en art en ce moment, mais j’ai appris avec le temps à ne pas douter de mes choix et à suivre tout simplement mon instinct », confie-t-elle.

En raison de la situation actuelle, il faudra s’armer de patience avant de pouvoir aller admirer la murale de l’artiste. Étant située dans un centre de soins prolongés qui abrite une population à risque, l’œuvre est présentement en accès limité pour une durée indéterminée. Heureusement, plusieurs éléments de l’œuvre seront prochainement offerts en reproduction.

Initiative de journalisme local APF – Territoires