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le Jeudi 5 mars 2020 5:58 Art et culture

Burlesque : quand l’activisme se dévoile!

Lors de la création de chacun de ses numéros, Chérie Coquette dit faire beaucoup de recherches. Son dernier numéro intitulé Gold Digger est plein d’humour et de clins d’œil à l’histoire de la ruée vers l’or.
Photo : Marissa Parisella
Lors de la création de chacun de ses numéros, Chérie Coquette dit faire beaucoup de recherches. Son dernier numéro intitulé Gold Digger est plein d’humour et de clins d’œil à l’histoire de la ruée vers l’or. Photo : Marissa Parisella

Chérie Coquette est une artiste de burlesque. En d’autres termes, sa passion du spectacle consiste bien souvent à dévoiler son corps, sous toutes ses coutures. Loin de vouloir choquer, pour elle, c’est avant tout une forme de féminisme et surtout, d’activisme.

Lors de la création de chacun de ses numéros, Chérie Coquette dit faire beaucoup de recherches. Son dernier numéro intitulé Gold Digger est plein d’humour et de clins d’œil à l’histoire de la ruée vers l’or.
Photo : Marissa Parisella

« Toutes les artistes de burlesque que je connais sont féministes! », déclare l’artiste avec conviction.

À son arrivée au Yukon, il y a deux ans, Chérie Coquette affirmait déjà pour un article de l’Aurore boréale, que le burlesque est un « art féministe ». En effet, au-delà des clichés qui ont été étiquetés aux « pin up », dévoiler son corps a toujours été pour la femme un acte de revendication, voire de rébellion face à un système autoritaire et contrôlant envers l’image de la femme « parfaite ».

Pour l’artiste en effeuillage, il s’agit surtout de faire de l’activisme pour plus d’inclusion dans le monde, plus de tolérance, beaucoup de rires et de plaisir et par-dessus tout : pour un monde dans lequel les gens ont plus confiance en eux.

Chérie Coquette assure en effet que dans le monde du spectacle de l’effeuillage, les artistes se serrent les coudes. C’est important entre femmes et personnes non-binaires de se créer des espaces sécuritaires où on peut explorer notre propre sensualité.

Experte en la matière

Chérie Coquette est arrivée au Yukon il y a deux ans, mais elle pratique son art depuis sept ans. Du Vermont à Dawson, en passant par Montréal et Vancouver, l’artiste propose des numéros à la fois sexy et drôles. « Je ne me prends pas au sérieux! C’est important pour moi de laisser la part du rire dans la féminité et la sensualité », explique-t-elle.

Un activisme courageux parfois, notamment au Yukon, où tout le monde connaît tout le monde. Mais Chérie Coquette a su affirmer son personnage. Et c’est aussi ce qu’elle encourage lorsqu’elle donne des ateliers. Pour la première fois, elle offre d’ailleurs un atelier en français, organisé par Les EssentiElles. « C’est important que les gens prennent confiance en eux. Et on a tous le droit d’avoir une vie au-delà de notre statut social ou professionnel », affirme-t-elle. « Lors de mes ateliers, j’insiste vraiment sur le fait qu’on peut toutes et tous accepter nos corps, quels qu’ils soient. Pas besoin de ressembler aux modèles de taille 0 pour être belle et se sentir bien. On m’a souvent dit que mes ateliers avaient eu un gros impact dans la vie des gens, car ils permettent de “valider” qui on est, peu importe si on ne correspond pas aux images des magazines. »

Activisme bienveillant

Si la question pointe dans les esprits à savoir si l’artiste n’a pas peur de choquer, elle répond avec candeur. « Je sais, mais je sais aussi que je ne fais aucun mal! » Et lorsque les gens ont des a priori, elle les invite à venir assister à un de ses spectacles. « Je vous garantis que vous allez rire! Le mot burlesque a d’ailleurs comme étymologie : “rire de”. Je joue beaucoup avec les stéréotypes de société! »

Au-delà de l’image du corps de la femme, Chérie Coquette est également activiste de l’inclusion des genres. « Qu’on soit noir, blanc, autochtone, queer, gros ou petit, tout le monde a un corps et peut en être fier et se sentir plein de confiance. » Elle ajoute d’ailleurs que dans le monde du burlesque, les commentaires négatifs ou discriminatoires sont strictement bannis. Administratrice du groupe Facebook Burlesque Performers of Canada, elle parle en connaissance de cause.

Chérie Coquette est une femme pleine d’énergie et avec des projets plein la tête. Elle est d’ailleurs en train d’organiser un spectacle qui rassemblera certains des étudiants qui ont participé à ses ateliers. Bien entendu, la diversité des corps sera au rendez-vous. « Au Yukon, le public aime les spectacles de burlesque. Ça vient probablement de l’historique du Sourdough Rendezvous et même de la ruée vers l’or. » Malgré quelques informations à ce sujet, le voile reste négligemment porté sur les détails de ce futur spectacle… À suivre, donc.