Véritable bête de scène, Ulysse Girard brûle les planches de Whitehorse depuis plusieurs années. Pour assouvir sa passion du stand-up, le Franco-Yukonnais doit néanmoins se tourner vers Montréal.
Ulysse Girard navigue depuis plusieurs années sur la scène artistique locale de Whitehorse. Pourtant, même si le Yukon foisonne de culture, l’adolescent de 17 ans doit voyager tous les étés depuis trois ans à Montréal pour pratiquer sa passion du stand-up en français.
Fruit du hasard — ou du destin — Ulysse Girard n’avait jamais vraiment pensé devenir humoriste avant de s’inscrire à la période d’entraînement humoriste organisé par l’École nationale de l’humour (ENH). « J’avais 12 ou 13 ans quand j’ai commencé à regarder des humoristes à la télé. Par hasard, ma famille et moi sommes allés sur le site Internet de l’ENH et c’était le premier jour de la première année où ils ont sorti le programme. »
Basé à Montréal, l’ENH offre la chance aux jeunes de 12 à 17 ans de pratiquer l’art subtil du comique. « Ils ont été ben surpris que le premier inscrit [au programme] ait été un Yukonnais », se souvient en riant Ulysse.
Écrire des blagues, mais surtout les conter
« J’aime ça faire de l’humour en français », explique Ulysse. Mais faire rire dans la langue de Molière au Yukon s’avère plus difficile qu’il n’y paraît. « Y’a pas beaucoup d’humour ici et la plupart du temps, c’est en anglais. »
Cette réalité force le jeune homme à mettre son viseur sur la province de la fleur de lys pour envisager une carrière en humour. « D’abord, au Québec, y’a beaucoup plus d’humour en général […], c’était rendu qu’à ma deuxième année, j’allais faire des spectacles pour le festival Juste pour rire. »
Le jeune humoriste participait cette année pour la dernière fois à la période d’entraînement. « C’est sûr que ça fait un pincement au cœur », admet-il. Pourtant, Ulysse repense à son expérience et entrevoit sans gêne de faire rire les gens professionnellement. « C’est sûr que moi, dès que je finis mon secondaire, j’essaie de postuler à l’ENH. »
Charismatique, le jeune humoriste a marqué à son passage, non seulement les planches de la scène, mais aussi toute l’équipe d’entraînement. « Ulysse a toujours été, de sa première année jusqu’à la dernière, la mascotte de la période d’entraînement », commente un de ses mentors, Martin Racine.
Conteur né, Ulysse s’est tissé un impressionnant réseau de contacts au fil de ses voyages dans la métropole québécoise. « C’est rendu que je connais beaucoup de personnes qui sont dans le domaine maintenant. Il y a beaucoup de monde qui m’a dit quand je vais postuler : “Envoie-moi ton texte je vais repasser dessus; appelle-moi avant, je vais te dire ce qui est bon, ce qui est moins bon.” »
Une carrière tout sauf ridicule
Si l’aptitude unique du jeune Yukonnais à « marier professionnalisme et plaisir » a séduit son mentor, c’est surtout la courbe de progression « phénoménale et constante » d’Ulysse qui l’a marqué. « Cette année, c’était l’explosion. On sentait qu’il était prêt à se lancer dans ce domaine-là », ajoute fièrement Martin Racine.
L’avenir humoristique d’Ulysse est prometteur, selon Martin Racine, lui-même humoriste. « Dans cinq ans, je vois Ulysse sorti de l’ENH […], c’est quelqu’un qui va savoir faire sa place rapidement dans le milieu. »
À court terme cependant, Ulysse continue d’étudier à l’École secondaire F.-H.-Collins en plus de compléter, dès le deuxième semestre, le programme Musique, Art et Théâtre à l’École de la rue Wood.
L’adolescent confie ne jamais vouloir arrêter de poursuivre cette passion pour la comédie. « Je me suis toujours dit, faut tout écrire. Même si ce n’est pas bon, ça pourrait être bon à un moment donné. »
Cette qualité fondamentale d’Ulysse est la pierre angulaire d’une carrière dans le domaine du divertissement. « Il a ce qu’il y a de plus important en humour; c’est un travailleur acharné », souligne Martin Racine.
Qui sait? Peut-être qu’Ulysse inspirera à son tour d’autres jeunes à faire de la comédie après avoir animé son premier Gala d’humour à la télévision. « J’espère que ça ne sera pas le dernier et que ça sera le début d’une longue lignée de Yukonnais qui viendront teinter Montréal de leur humour », commente son mentor.
Peu importe ce que le destin réserve à Ulysse Girard, « c’est sûr qu’on va entendre parler de lui pour longtemps encore », prophétise l’humoriste Martin Racine.