Arts visuels, musique, comédie, danse, cinéma… les disciplines ne manquent pas lorsqu’il s’agit de citer le dynamisme artistique de notre petite communauté. Pourtant, s’il est déjà difficile de vivre de son art pour n’importe quel artiste, pour les francophones du Yukon, les obstacles peuvent être encore plus nombreux. L’Association franco-yukonnaise (AFY) travaille à réduire ces barrières.
De Soir de Semaine à Michel Gignac, en passant par les Nathalie Parenteau, Lucie D, Gorellaume ou Marie-Hélène Comeau, les artistes d’expression française ne manquent pas à l’appel au Yukon. Virginie Hamel, gestionnaire de projets Arts et culture à l’AFY, dit communiquer régulièrement avec une soixantaine d’artistes, toutes disciplines et tous niveaux confondus.
Professionnaliser le secteur des arts et de la culture
La professionnalisation est un des objectifs cités dans la planification stratégique artistique et culturelle de l’AFY, document sur lequel se basent les actions de l’équipe dirigée par Roch Nadon. « Il y a quatre ou cinq ans, nous ne faisions que des formations très ponctuelles, grâce au Réseau national des Galas de la chanson (RNGC) notamment. C’était à peu près la seule activité que nous faisions en termes de formation », affirme-t-il.
Désormais, l’association mise sur des partenariats et des financements diversifiés pour multiplier le nombre d’occasions de formation des artistes. M. Nadon cite l’exemple des résidences artistiques lors desquelles des artistes viennent au Yukon pour créer et rencontrer la communauté : « C’est très formateur pour nos artistes ici d’accueillir en tant que mentor un ou une autre artiste en résidence. » Au-delà de l’émulation issue de ces rencontres, les artistes locaux ont ainsi la possibilité de développer leadership et coordination.
Du soutien pour des demandes de financement au prêt ponctuel de matériel en passant par la formation, l’appui aux artistes que peut offrir l’équipe de Roch Nadon est varié : « On essaie de répondre à toutes les demandes des artistes du mieux que nous pouvons. Leurs besoins varient beaucoup. » En effet, le spectre de professionnalisation englobe à la fois les occasions de spectacles, les formations, les rencontres avec d’autres artistes ou le soutien pour des concours comme Pacifique en chanson, auquel a récemment participé l’artiste Brigitte Jardin.
M. Nadon poursuit : « Nous avons offert une formation d’enregistrement en studio à deux artistes. C’est une formation très spécifique dont quelques artistes avaient besoin. Parfois, les opportunités que nous offrons ne touchent que peu d’artistes. Certains ont besoin d’un kit de presse, d’autres d’une formation d’enregistrement en studio. Mais ils ont chacun des besoins. »
Des retombées positives pour toute la communauté
Virginie Hamel mentionne que les retombées de la professionnalisation sont positives au-delà de la communauté artistique. « Plus les artistes auront des opportunités de professionnalisation, peu importe leur niveau, plus l’offre artistique francophone au Yukon sera diversifiée. C’est donc un impact positif sur la communauté au complet », explique-t-elle. « En plus, ça va en inspirer d’autres, donc au final, tout le monde est gagnant. »
Selon M. Nadon, en bout de ligne, le produit artistique sera de meilleure qualité, ce qui est un plus pour les consommateurs d’œuvres culturelles. Par ailleurs, plus un artiste devient professionnel et est reconnu par ses pairs, plus il peut s’exporter et faire des tournées nationales, voire internationales. Si c’est son objectif, les recettes tirées de la vente de ses produits (billets de spectacle, toiles…) pourront d’autant plus augmenter. Professionnaliser les artistes, c’est donc soutenir non seulement les artistes et le public, mais également une branche de l’économie yukonnaise.
L’éloignement géographique, un obstacle à surmonter
Roch Nadon mentionne aussi qu’il est important que les programmes nationaux de soutien aux artistes prennent en compte l’éloignement : « Un artiste franco-yukonnais n’a pas les mêmes opportunités de formation qu’un artiste de Toronto par exemple. C’est important que les programmes prennent cela en compte, notamment pour permettre des déplacements et des occasions de réseautage. »
C’est un travail de lobbying qu’il accomplit au niveau national, avec passion, en tant que trésorier de la Fédération culturelle canadienne-française (FCCF). Il conclut cependant en mentionnant que la professionnalisation est aussi une façon pour les artistes de se responsabiliser. « Nous ne faisons que donner des outils aux artistes. Ensuite, c’est à eux de travailler et d’aller vers leurs propres objectifs », termine le directeur.
Pour plus de renseignements au sujet de l’appui aux artistes offert par l’AFY : [email protected].