L’Association franco-yukonnaise (AFY) est souvent approchée par des personnes hors du Yukon pour prendre part à des résidences artistiques. Souhaitant évoluer au sein de la communauté francophone du territoire avec leur art, ils sont à la recherche d’un endroit propice pour enclencher un processus créatif. Par manque de financement, l’AFY n’est cependant pas en mesure de proposer régulièrement ce type de programme. L’organisme essaie néanmoins de trouver des occasions pour ne pas éconduire les artistes qui l’approchent à ce sujet. C’est dans ce contexte que Marie-Pier Lagacé, scénariste québécoise, débarquera à Whitehorse en août prochain.

Marie-Pier Lagacé contemple les paysages enneigés du Yukon lors de sa première visite en 2015.
Photo fournie
Jenni House
La Jenni House est une petite bâtisse située sur le bord du fleuve Yukon, dans le parc Shipyards. Depuis 2015, elle accueille des artistes de tous horizons (arts visuels et littéraires, arts du cinéma et de la musique, arts multidisciplinaires…), à la condition que ces derniers résident dans le Nord, soit aux Territoires du Nord-Ouest, au Nunavut, au nord de la Colombie-Britannique, en Alaska, ou encore dans tout autre pays circumpolaire. Le temps d’un mois, elle leur permet de s’évader de leur quotidien pour s’immerger dans un nouvel environnement qui favorise la création artistique. Le principe de la résidence ne s’arrête pourtant pas là. L’artiste crée, oui, mais il est aussi invité à partager son art avec la communauté dans laquelle il évolue, via l’organisation d’ateliers qui favorisent l’échange. Et pour beaucoup, c’est justement cet échange qui permet d’influencer leur travail et de propulser leur inspiration.
Artistes francophones
Le programme offert à la Jenni House est géré par quatre organisations artistiques du Yukon. Ainsi, le Centre des arts du Yukon, la Yukon Film Society, Jazz Yukon et Music Yukon se concertent pour choisir ceux qui auront le privilège de passer trente jours à Whitehorse pour créer.
Si les artistes francophones peuvent poser leur candidature en tout temps, c’est pourtant souvent au sein de la communauté anglophone que leur travail a une portée. Virginie Hamel, gestionnaire de projets Arts et culture à l’AFY, explique : « Dans le passé, nous avons déjà fait des demandes de subvention complémentaires pour organiser nous-mêmes des résidences. La dernière en date, c’était en février 2018, “Entre histoires et légendes”, pour pratiquer l’art de la narration. » Outre le financement, l’AFY cherche surtout à développer des relations avec d’autres organisations du milieu pour tirer profit des forces de chacune. « C’est ainsi plus bénéfique pour l’artiste. Ce n’est pas juste l’AFY et la francophonie qui présentent un artiste, mais la communauté yukonnaise dans son ensemble. L’artiste a alors plus de visibilité et l’événement est plus inclusif », conclut-elle.
Les artistes multidisciplinaires locales Geneviève Gagnon et Erin Corbett participeront cette année au programme de résidence Jenni House. Pour Marie-Pier Lagacé, Québécoise, c’est grâce à l’aide de l’AFY que sa résidence a pu être confirmée. En effet, à titre d’organisme nordique, l’AFY a reçu l’autorisation de la représenter. L’artiste confie : « J’ai fait un premier voyage au Yukon en 2015. Je vivais un deuil à ce moment-là et l’hiver yukonnais m’a permis d’hiberner pour panser mes blessures. Forte de cette expérience, j’ai décidé de camper l’histoire de ma prochaine pièce de théâtre au Yukon.
La résidence me permettra de faire de la recherche et de m’inspirer un brin! » Rendez-vous donc en août pour avoir plus de détails sur le projet de la jeune scénariste.