Depuis 2001, le programme d’artiste en résidence du Klondike Institute of Art and Culture (KIAC) a accueilli près de 200 créateurs de renommée internationale. Le 31 octobre, la Montréalaise Justine Skahan a commencé sa résidence.
« C’est la première fois que je vais dans le nord du Canada », s’enthousiasme Justine Skahan. En général, KIAC accueille un à deux artistes francophones par année. Cette année, la Montréalaise est l’unique ambassadrice de la francophonie. Skahan est née à Montréal où elle vit encore aujourd’hui. Elle commence le dessin tôt, grâce à son père graphiste. « Je dessinais à côté de lui quand il travaillait à la maison », se souvient-elle.
Après un cégep aux beaux-arts et l’obtention d’un baccalauréat en arts avec mention à l’Université Concordia en 2010, elle a continué son parcours universitaire à Ottawa pour obtenir une maîtrise récompensée par le prix René-Payant, soulignant l’excellence de son mémoire de fin d’études. Justine s’est rapidement imposé une rigueur de travail en peignant cinq à six jours par semaine, « parfois en atelier, pour rester concentrée sur mon processus de création. C’est un milieu tellement compétitif qu’il faut faire des sacrifices et rester constant », explique-t-elle.
En 2015, Justine est la première bénéficiaire de la bourse Stonecroft pour les arts à Venise. En 2016, elle est finaliste du Concours de peintures canadiennes de RBC. Son travail a été exposé dans diverses galeries au Canada et a été publié dans le magazine n+1 et le journal Spectra. « Ma dernière exposition était collective, dans un garage loué à Montréal. C’était très informel, en réponse au problème de commercialisation de l’art et de son manque d’accessibilité », raconte-t-elle.
Un intérêt pour les structures
Justine Skahan est une artiste préférant les techniques de peinture à l’huile sur bois avec une palette sombre, « principalement un noir que je fabrique en mélangeant du bleu ultra marine et de l’ombre brûlée », révèle-t-elle. Ses modèles comptent les peintres Margaux Williamson et Luc Tuymans. L’artiste s’intéresse à l’architecture, à la structure, à la noirceur et au danger. « À Dawson, je veux continuer ma réflexion sur la construction des images, la transformation de l’information et ce que ça reflète de la façon dont on perçoit l’environnement », explique-t-elle.
Une grande partie de son travail est influencée par l’architecture domestique, la dualité, les structures humaines et la façon dont elles s’imbriquent dans le paysage. « Je suis particulièrement intéressée par les structures temporaires, transitionnelles et improvisées. J’aime l’idée qu’une habitation peut être une métaphore de notre état personnel, un reflet de l’état émotionnel, aussi bien dans le processus de construction que de détérioration », confie-t-elle. Cet intérêt est né à onze ans, alors que Justine et sa famille visitaient plusieurs maisons vides à Montréal dans le but de déménager.
Exploration à Dawson
Ce n’est pas la première fois que Justine travaille en résidence artistique. « J’ai déjà été invitée à Banff pendant un mois », indique-t-elle. Elle a aussi été à la Wild Bush Residency de Val-David et à la Nanorésidence de Gaspé à Montréal – une résidence anticapitaliste d’une durée d’une heure pour un processus créatif express, en réponse à la commercialisation de plus en plus courante des résidences d’artistes.
C’est une amie artiste ancienne résidente de KIAC, Sarah Fuller, qui a conseillé à Justine de venir à Dawson. L’architecture de Dawson étant très particulière et différente de Montréal, la peintre a hâte d’explorer la ville.
« La résidence de KIAC me plaît déjà; on voit les traces du passage des anciens artistes », rapporte Justine. L’artiste porte beaucoup d’intérêt aux structures abandonnées, en construction ou délabrées. Avec les nombreuses habitations historiques du nord du Yukon, la peintre devrait avoir
de quoi s’inspirer.