Calla Kinglit sort son premier album intitulé Dreamer’s Sea, et sera sur la scène du Centre des arts du Yukon le jeudi 5 avril.
Calla Kinglit est une musicienne, auteure-compositrice et poétesse qui s’inspire de son émerveillement du désert et de l’exploration de l’expérience humaine. Son premier album Dreamer’s Sea est composé de chansons écrites lorsqu’elle vivait et travaillait comme chercheuse dans le bassin du Congo en Afrique centrale, au Cameroun. Mais sa maison, c’est le Yukon, et c’est ici qu’elle dévoile ce premier opus musical très achevé.
L’album s’ouvre avec une merveille : Island and the Sea. Deux guitares dansent l’une autour de l’autre pendant quelques mesures, puis une basse réconfortante vient rejoindre ce ballet, le tapis rouge est déroulé pour la voix angélique et envoûtante de Calla. Le ton est donné.
Neuf musiciens, onze titres, une production signée Jordy Walker qui est également aux manettes des consoles pour l’enregistrement, multi-instrumentiste, il joue sur toute les pistes. Cette triple casquette lui va très bien. « Quand j’ai rencontré Jordy, j’avais la musique que je voulais enregistrer, mais je n’avais pas d’arrangements particuliers, et je savais déjà que je voulais des arrangements sur mes chansons. Au départ, je voulais réaliser l’album toute seule, mais je me suis heurtée à plein de difficultés techniques. J’avais besoin de trouver quelqu’un avec qui je pouvais travailler aisément. Je pense que travailler en duo est mieux que toute seule, en tout cas pour moi », confie l’artiste.
Couche par couche
Calla entrait en studio, elle enregistrait la guitare et la voix, puis avec Jordy Walker, ils construisaient ensemble l’instrumentation et les arrangements en studio, couche par couche. « De cette façon, toutes les chansons sont différentes, elles ont toutes suivi leur propre chemin. Si nous avions tout défini à l’avance, la musique serait sûrement plus structurée », explique Calla.
L’album revêt des couleurs différentes, folk, pop électro. Ainsi, les deuxième et troisième titres de cet album, Wondering Man et The Glow apportent des textures plus électroniques, et annoncent la belle complexité du travail réalisé. « Au départ, j’avais une idée assez précise. Je voulais beaucoup d’instruments, je voulais que l’enregistrement soit riche, avec plein de textures, incluant de l’électronique, sans que cela prenne le pas sur la dimension acoustique. Et d’ailleurs, la plupart des sons électroniques que nous avons utilisés sont des sons acoustiques que nous avons retravaillés pour les rendre plus électros », décrit la chanteuse.
C’est un amalgame de pureté, de clarté et d’authenticité mêlées à la tradition. On y retrouve des influences comme Björk, Nick Drake, Bon Iver, Agnes Obel. Une valse sur le troisième titre, God River Waltz, le voyage continue, une mélodie claire et un son de tambour qui vient de loin. L’avant-dernière chanson, L’Ouragan, est chantée en français et nous donne envie de nous laisser emporter par la douce tempête qui gronde… mais qui n’éclate jamais.
« … comme une collection de toutes ces vagues sur l’océan. »
La pochette de l’album est une œuvre d’art en soi, c’est l’œuvre de la mère de Calla, Suzanne Paleczny, artiste-peintre yukonnaise de renom. Entre l’enregistrement de l’album, le mixage, le matriçage, le graphisme et la reproduction, cela a pris en tout deux ans. Calla Kinglit souhaitait ne pas se presser. Pendant ces deux ans, elle a aussi commencé à travailler avec son groupe, ce qui a subtilement influencé le processus de l’enregistrement. Certains arrangements sont venus lors des répétitions, et non en studio. C’est ce qui donne à cet album une multitude de couleurs sonores, permettant que chaque chanson porte en elle une vie propre, une évolution qui s’est inscrite dans un moment précis, donnant l’occasion à l’auditeur de s’inviter dans ces nombreux mois de création. « Le titre de l’album Dreamer’s Sea a beaucoup de sens pour moi, car chaque chanson est juste un moment de vie. C’est comme être sur l’océan, il y a les crêtes des vagues, et les vallées aussi entre les vagues. Et donc l’album est comme une collection de toutes ces vagues sur l’océan. »