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le Jeudi 5 octobre 2017 14:44 Art et culture

Shakat : un magazine fait par et pour les jeunes

Membre de l’équipe du magazine, Cassis Lindsey (à gauche) accueille le public lors de la soirée de lancement de Shakat le 19 septembre 2017.
Photo : Nelly Guidici
Membre de l’équipe du magazine, Cassis Lindsey (à gauche) accueille le public lors de la soirée de lancement de Shakat le 19 septembre 2017. Photo : Nelly Guidici

La saison estivale est celle de toutes les promesses et du changement. C’est par ces mots que Doris Bill, chef de la nation Kwanlin Dun présente le nouveau journal Shakat, fait par et pour les jeunes, lors de son lancement officiel le 19 septembre dernier.

Membre de l’équipe du magazine, Cassis Lindsey (à gauche) accueille le public lors de la soirée de lancement de Shakat le 19 septembre 2017. Photo : Nelly Guidici

Membre de l’équipe du magazine, Cassis Lindsey (à gauche) accueille le public lors de la soirée de lancement de Shakat le 19 septembre 2017.
Photo : Nelly Guidici

Shakat désigne la saison de l’été dans la langue Tuchtone du Sud et se décrit comme le magazine du changement, ouvert à tous et brisant les barrières. La jeunesse du Yukon a dorénavant un média gratuit dans lequel elle peut s’exprimer haut et fort à travers l’écriture, la photographie, le dessin et la vidéo.

Les prémices de cette aventure remontent au début des années 1980 lorsque le magazine Dannzha produit par le Yukon Indian News proposait une édition d’été appelée Shakat. Destinée aux touristes, elle abordait les questions liées aux problématiques des Premières Nations du Yukon. Elle avait pour but de faire connaître leurs territoires, leurs histoires, leurs patrimoines, mais également les problèmes plus contemporains comme les revendications territoriales par exemple. Le succès a été au rendez-vous jusqu’à la disparition du magazine en 1992 à la suite de coupes budgétaires imposées par le gouvernement.

Une renaissance

Lancelot Burton et Gordon Loverin, coordonnateurs du projet et directeurs artistiques du magazine, sont membres de l’équipe de Youth of Today Society qui chapeaute le magazine. Ce projet est né de discussions et d’ateliers avec une vingtaine de jeunes ayant des intérêts divers et variés.

« Les jeunes n’ont pas de voix publique qu’ils peuvent revendiquer en tant que telle », affirme M. Burton. « Ainsi, l’idée de commencer le magazine Shakat en tant que mégaphone pour la génération des années 2000 a émergé. »

Pendant huit semaines, un groupe de jeunes a travaillé sur le premier numéro de Shakat, numéro de bienvenu qui a été distribué lors de la soirée de lancement.

Ouverture aux autres

Paige Hopkins, rédactrice en chef, rappelle que le magazine agit comme un mégaphone digital.

« Nous pouvons amplifier nos voix et nos messages en les rendant accessibles sur Internet », dit-elle.

En effet, en plus d’avoir deux numéros par an, en hiver et en été, la version en ligne du magazine est mise à jour régulièrement. Tous les aspects et intérêts de la jeunesse yukonnaise y sont abordés à travers des articles, des vidéos et des fichiers balado. De la culture populaire à la réalité des femmes battues en passant par les aspects plus traditionnels de la culture autochtone, le magazine est définitivement tourné vers les jeunes et la diversité du territoire.

« Ce journal que nous appelons le Projet du changement a pour but d’aider les jeunes, quelle que soit leur origine, à développer leurs talents et à avoir des passions et des buts dans la vie. Si nous leur donnons de l’espoir, ils peuvent réaliser leurs projets », explique Mme Hopkins.

Alexander Gatensby s’est formé au Yukon College et est réalisateur de capsules vidéo. L’un des thèmes qu’il a abordé en images est le Yukomicon qui s’est tenu à Whitehorse du 25 au 27 août 2017.

« J’ai décidé de faire partie de l’équipe parce que ça représentait une opportunité dans mon domaine et aussi parce que c’est un projet vraiment cool. Toute ma créativité peut s’exprimer en vidéo à travers le magazine », lance-t-il.

Une passerelle entre les générations

« En utilisant les technologies et le savoir des aînés, nous pouvons combler l’écart entre nous. Les distances qui séparent les communautés du Yukon ne nous isolent plus dorénavant, car nous pouvons partager les histoires et traditions », poursuit Mme Hopkins.

Les articles du site Web sont accessibles en version audio, car il est primordial que les aînés puissent aussi avoir accès aux contenus en ligne.

« C’est une continuité de la tradition orale qui caractérise les nations autochtones », précise Gordon Loverin.

Pour les mois à venir, M. Burton prévoit de rendre visite aux différentes écoles du territoire.

« Nous espérons nous rendre dans les écoles du Yukon afin de partager et voir comment nous pouvons travailler ensemble et faire entendre leur voix », indique-t-il.

Des ateliers et des formations seront mis en place dans les communautés, car tous les membres de l’équipe actuelle sont formés aux différentes étapes de la production d’un magazine.

« C’est important de préciser que Shakat est destiné à tous et est ouvert à toutes les idées. Nous ne voulons pas de barrières linguistiques et nous aimerions avoir des francophones dans notre équipe », conclut la rédactrice en chef.