Depuis des milliers d’années, les anciens transmettent le savoir et l’expérience aux plus jeunes chez les Premières Nations. C’est grâce à cette transmission qu’ils ont pu survivre pendant des siècles, en harmonie avec les animaux, les plantes et les minéraux. Depuis la colonisation, leur mode de vie est mis à mal. L’équilibre de l’environnement a été bouleversé. Les pensionnats ont failli faire disparaître leurs savoirs traditionnels et leur culture. La Commission de vérité et de réconciliation parle même de « génocide culturel ». Aujourd’hui, certains autochtones continuent de transmettre leur histoire, leur culture et leurs valeurs.
Rencontre avec David Bouchard, auteur métis fransaskois
David Bouchard est un des auteurs métis les plus influents du pays. Il a écrit 74 ouvrages pour partager des traditions et légendes autochtones. Il a récemment passé un mois et demi à visiter les communautés du Nord dans le cadre de la tournée arctique canadienne de l’aviation, notamment à Dawson et à Old Crow. Cette tournée l’a transformé. « J’ai donné autant que j’ai pu et j’ai reçu plus que j’ai donné », avoue-t-il.
David Bouchard est parti à la rencontre des enfants, des parents et des éducateurs pour parler de la culture du Nord, de l’identité et de l’importance de l’alphabétisation. Il souhaite que le savoir et les histoires soient accessibles à tous, voilà pourquoi il écrit des ouvrages inclusifs. Ces derniers ont été traduits en treize langues autochtones, en français et en anglais. On y trouve de lapoésie, des œuvres d’art et des DC audio pour ceux qui ne savent pas lire. David Bouchard utilise aussi la musique pour transmettre ses histoires, notamment la flûte qu’il a apprise de façon autodidacte. C’est un bon moyen pour captiver les jeunes et leur raconter les histoires primaires, comme celle du corbeau arc-en-ciel.
« Les lois du Sud ne sont pas adaptées aux communautés du Nord. Le mode de vie est différent, la langue aussi. Les terres sont vraiment essentielles dans le Nord. On doit changer, ouvrir nos yeux et notre cœur. Non à l’unification, oui à la diversité », explique David Bouchard. À travers ses conférences, l’auteur espère transmettre son savoir et créer des vocations. Il se voit comme un passeur et cherche à encouragerles réflexions. « Mon but, c’est d’inciter les gens à venir dans le Nord pour qu’ils comprennent. »
Terance Shädda, la voix du Nord
Terance Shädda vient du territoire Takadh et vit aujourd’hui à Dawson. Il ne se voit pas comme un raconteur d’histoires, mais comme un messager. Pour lui aussi, les lois depuis l’Acte d’Union de 1840 ne sont pas adaptées aux Premières Nations. « Nous avons des accords avec toutes les entités terrestres, les animaux, les arbres, les minéraux. C’est grâce à eux que nous survivons, que nous trouvons à manger, à boire et que nous respirons un air pur. Mais nous devons aussi respecter nos accords pour que l’harmonie perdure. Malheureusement, les décisions politiques d’aujourd’hui se soucient de l’humanité, pas des terriens et de la planète. »
Il aimerait transmettre ses histoires à la plus jeune génération, mais il faut que cette dernière s’y intéresse et soit ouverte d’esprit. « Nos ancêtres travaillaient toute la journée pour notre survie. Le soir, les anciens leur offraient leurs histoires comme salaire », explique-t-il. D’après lui, les histoires ne lui appartiennent pas. Si quelqu’un montre un peu de curiosité, alors il se fera un plaisir de transmettre son savoir à l’aide de son tambour qui est un écho aux « battements de cœur de la terre ». M. Shädda aimerait que chacun s’intéresse aux accords entre les humains, les animaux, les végétaux et les minéraux. Ainsi, les terriens pourront travailler ensemble pour les enfants de demain.