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le Jeudi 17 août 2017 14:42 Art et culture

Le camionneur de la Dempster sort de l’ombre

Yves Lafond a appris à vivre dans le moment présent en lisant Les quatre accords toltèques de Miguel Ruiz. Photo : Françoise La Roche
Yves Lafond a appris à vivre dans le moment présent en lisant Les quatre accords toltèques de Miguel Ruiz. Photo : Françoise La Roche

Lecteurs de la chronique d’Yves Lafond, le camionneur de la Dempster, vous vous demandez peut-être qui se cache derrière cet auteur à la plume exclusive qui partage ses états d’âme avec les lecteurs de l’Aurore boréale. Nous l’avons rencontré.

Yves Lafond a appris à vivre dans le moment présent en lisant Les quatre accords toltèques de Miguel Ruiz. Photo : Françoise La Roche

Yves Lafond a appris à vivre dans le moment présent en lisant Les quatre accords toltèques de Miguel Ruiz. Photo : Françoise La Roche

Yves Lafond vient du Québec, plus précisément de Mirabel, et il a vécu l’expropriation de la ferme laitière familiale lorsque le projet de l’Aéroport international Montréal-Mirabel a vu le jour. Il avait 12 ans à l’époque. Déjà, à ce jeune âge, Yves savait qu’il pouvait écrire. « Je pensais étudier en littérature pour être prof de français », raconte-t-il. Un jour, il a composé un poème pour sa mère qui a été très impressionnée. Elle lui a acheté un cahier pour l’inciter à continuer d’écrire. À 18 ans, poussé par le noroît, Yves Lafond abandonne le rêve d’étudier et se rend dans l’Ouest pour y travailler. Il prend le cahier avec lui et commence à tenir son journal. Le vent tourbillonne, change de direction et celui du nord le mènera au Yukon pour une première fois avant de le ramener dans l’Est. Camionneur, père de famille, homme d’affaires, Yves Lafond a joué sa vie en interprétant différents rôles.

Trouver sa voie

Il y a environ neuf ans, Yves est revenu au Yukon et a trouvé du travail comme camionneur sur la route Dempster. Il a commencé à jeter sur papier ses sentiments du moment, selon la couleur du temps. Il prenait aussi des photos. « J’ai écrit un article qui allait avec les photos et je l’ai envoyé au journal de la compagnie de transport. J’y parlais du respect de la route, des animaux, de tout ce qu’on y voyait », explique l’homme de plume. « J’avais l’impression que si je ne mettais pas à écrire, j’allais passer à côté de quelque chose. Je pense que c’était ma voie », nous confie-t-il.

C’est sur la route en regardant autour de lui que lui viennent ses idées de chroniques. Elles apparaissent comme par magie. Il garde toujours un dictaphone à portée de main pour enregistrer sa prose lorsqu’il conduit. « L’écriture est en moi. C’est quand je travaille que je suis inspiré! », avoue Yves Lafond.

La thérapie par l’écriture

Un jour, à Old Crow, Yves a classé tous ses textes et a retrouvé un poème très noir écrit il y a plusieurs années. En comparaison, ses dernières chroniques regorgeaient de soleil. Il a ainsi constaté l’évolution de son état d’esprit au fil des ans.

Son père et son frère sont décédés à une semaine d’intervalle au moment où il roulait sur la route de glace. Il a écrit sur le sujet. « Aujourd’hui, je me rends compte que ça a été une thérapie qui a fonctionné. »

En attente d’un éditeur

Le recensement des écrits d’Yves lui a fait prendre conscience qu’il avait pondu à ce jour 120 000 mots, soit l’équivalent de 480 pages. Il a décidé de les envoyer à Mylène Gilbert-Dumas (NDLR auteure de plusieurs romans, dont Lili Klondike, et Une deuxième vie). Celle-ci l’a référé à une agente littéraire de la ville de Québec. Ça fait maintenant un an et demi qu’il corrige son livre avec cette collaboratrice qui s’efforcera de le vendre à un éditeur.

Qui sait? Peut-être aurons-nous bientôt la chance de revivre l’évolution du camionneur de la Dempster dans un bouquin…