Déjà évoquée dans les années 1970, l’inscription du Klondike au patrimoine mondial de l’UNESCO est en passe de devenir une réalité. En 2004, la région a été enregistrée sur la liste indicative des sites du patrimoine mondial au Canada. Le dossier de candidature final a été envoyé en janvier 2017.
Un projet unique et ambitieux
De 2004 à 2017, une quinzaine d’experts ont travaillé sur le dossier. Les résultats des études démontrent qu’entrer au patrimoine mondial de l’UNESCO serait bénéfique pour la communauté, notamment d’un point de vue économique et touristique.
La région sélectionnée a été intitulée Tr’ondëk Klondike pour mettre en avant la cohabitation unique de l’industrie minière historique et du peuple autochtone pendant plus d’un siècle. Étalée sur 350 km², on y trouve des sites archéologiques et historiques, des vestiges de la Ruée vers l’or, des bâtiments de Dawson et des paysages culturels des Premières nations.
Le Tr’ondëk Klondike aura la particularité d’être un site culturel vivant. Cela signifie que l’évolution du paysage et du patrimoine sera constante. Cette dénomination devrait permettre aux mineurs et aux Premières nations de continuer leurs activités sans restriction de l’UNESCO.
Une communauté impliquée dans le projet
En 2003, un comité consultatif a été mis en place afin de prendre les meilleures décisions pour la communauté. On y trouve notamment des représentants de l’Association des visiteurs du Klondike, de la Chambre de commerce de Dawson, de l’Association des mineurs du Klondike, de la Chambre des mines du Yukon et de Parcs Canada.
Depuis 2015, des réunions publiques mensuelles ont lieu dans la région afin d’informer l’ensemble des citoyens de l’avancée du projet. Molly Shore, qui travaille depuis deux ans sur la nomination du Klondike à l’UNESCO, y est souvent présente pour répondre aux questions des résidents. « C’est l’occasion de collaborer avec l’ensemble de la communauté », raconte Molly. La dernière réunion du 20 mai 2017 a rassemblé plus d’une soixantaine de Dawsoniens.
Les acteurs du tourisme de la ville sont favorables à la nomination. En effet, ils espèrent développer le tourisme hivernalau Klondike et attirer davantage de voyageurs indépendants et internationaux.
Des craintes chez les autochtones et les mineurs
Les autochtones, d’abord réfractaires à la nomination, ont fini par donner un avis favorable sous condition. Ils souhaitent pouvoir préserver leur vie privée, notamment à Moosehide. De nombreux sites resteront donc difficiles d’accès.
Les mineurs sont plutôt défavorables au projet. « Nous sommes persuadés qu’il y aura de nouvelles réglementations à cause de l’UNESCO. Nous avons besoin d’être rassurés, mais personne ne donne de réponses claires sur l’avenir », peut-on entendre lors des réunions publiques.
De nombreux panneaux de protestation indiquant NOUNESCO fleurissent au Klondike.
« Je comprends pourquoi les mineurs sont inquiets, ils ont vu tellement de changements ces dernières années. C’est un problème de communication », confie Molly Shore. « C’est un projet unique, mais l’industrie minière doit rester la même. »
« La situation peut être critique en cas de changement de législation », ajoute Stuart Schmidt, membre de l’Association des mineurs du Klondike.
Une fois inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO, le Canada devra officiellement fournir des rapports périodiques sur l’état de conservation, et maintenir l’authenticité et l’intégrité du site à travers des mesures de protection et de gestion appropriées. Certains saisonniers voient ces règles d’un mauvais œil.
« Dawson est un espace de liberté, nous ne voulons pas que cela change », confient-ils. La communauté est favorable à la nomination, à condition que rien ne soit modifié dans la législation.
Des réunions publiques continueront d’avoir lieu toute l’année pour informer les gens du coin. La décision de l’UNESCO sera connue durant l’été 2018.