«Passionné, spontané et discipliné. » C’est ainsi que se définit Casey Prescott, le nouveau directeur du Centre des arts du Yukon. Il prendra ses fonctions le 5 septembre 2017, venant de Banff, là où il est actuellement directeur de l’illustre Banff Centre. Très décontracté, sympathique, curieux de tout, des yeux qui vous regardent bien en face, l’Aurore boréale rencontre l’homme qui donnera le ton et le cap du Centre des arts dans les année à venir.
Les nombreuses casquettes de Casey
Casey Prescott joint donc l’équipe du Centre des arts du Yukon fort d’une grande expérience des arts du spectacle canadien. Tout au long de sa carrière, il a eu l’occasion de travailler avec des artistes sur des projets artistiques exceptionnels en tant que directeur artistique ou gestionnaire de programme de formation. Plus récemment, il était directeur des présentations et des partenariats communautaires au Centre Banff pour les arts et la créativité, en Alberta.
L’homme aux multiples casquettes semble graver son nom dans bien des endroits et à de nombreuses occasions : gestion du programme de résidence de l’opéra, de la danse et des arts du spectacle de Banff, incluant des commissions, des coproductions et des collaborations créatives avec les Jeux olympiques de Vancouver 2010, le Festival Push, le Théâtre Tarragon, le Ballet royal Winnipeg, le Ballet national du Canada, le Centre national des Arts, l’Opéra de Vancouver, et bien d’autres encore.
Casey Prescott est un amateur de jazz, ce qui semble de bon augure où que ce soit dans le monde. Il explique lui-même : « J’étais vraiment très enthousiaste quand j’ai entendu qu’il y avait une scène jazz ici à Whitehorse. Je pense que le jazz est vraiment un bon indicateur d’un public en général. Si quelque part les gens viennent écouter du jazz, cela dit quelque chose de leur sens de la curiosité. »
La culture est une conversation communautaire
L’Aurore boréale : Quelles sont vos premières pensées et vos premières impressions en arrivant au Yukon?
Casey Prescott : L’enquête que je commence à mener maintenant en venant à Whitehorse et au Centre des arts, c’est d’essayer de comprendre où est l’énergie et comment le Centre des arts se place par rapport à ça. Quel est notre rôle en tant que centre culturel? Quel est notre mandat? Comment pouvons-nous aider? Nous allons avoir beaucoup de discussions dans les mois qui viennent. Je vais revenir cet été deux semaines en juillet et deux semaines en août. J’ai besoin de rencontrer les gens et de leur demander ce qu’ils pensent.
A.B. : Quelle sera la première étape de votre prise de fonction?
C.P. : La première étape sera de poser les pierres sur lesquelles nous allons bâtir notre plan pour les trois à cinq prochaines années. Et ce qui est vraiment important pour moi, c’est que les plans deviennent des actions pour achever quelque chose. Donc, je veux vraiment commencer à travailler sur quelque chose qui est faisable. Comment pouvons-nous utiliser ce que nous avons déjà? Qu’est-ce que nous savons que nous pouvons avoir? Et comment pouvons-nous avoir un retour maximum avec ça?
A.B. : La communauté doit-elle s’attendre à beaucoup de changements?
C.P. : Comme disait un de mes collègues, je ne crois pas en la révolution, je crois en l’évolution. Je n’ai pas envie d’arriver et de tout changer. Je préfère construire. Ce qui me tient à cœur particulièrement, c’est la ténacité, la résistance et l’adaptabilité d’un centre des arts au XXIe siècle. Je suis autant, voire plus intéressé par les gens qui ne croient pas en l’art, que par les gens pour qui l’art fait déjà partie de leur vie. Un Centre des arts devrait être pour tout le monde, nous devons donc trouver des façons d’être inclusifs, et de rejoindre toutes les communautés.
A.B. : Quelle est votre définition de l’art et de la culture?
C.P. : Quand je pense à une culture, pour moi cela veut dire que beaucoup de gens font l’expérience de cette culture, c’est quelque chose dont tu discutes et que tu partages. Par exemple, si on prend les films Star Wars, la plupart des gens les ont vus, ils en parlent, ils ont un point de vue, peut-être ils aiment, peut-être ils n’aiment pas, mais c’est un point départ pour beaucoup de gens. Et j’ai ce genre d’ambition pour l’art : quand on crée une pièce de danse, le « filet » doit être aussi large que possible, cela devient une conversation dans la communauté. C’est un peu comme de construire une boule de neige. Et j’ajouterais qu’une communauté mature est une communauté qui a la curiosité et qui n’est pas offensée par quelque chose qu’elle ne comprend pas. Mais les personnes de cette communauté sentent tout de même le besoin de participer parce qu’elles savent que quelque chose se passe, et que cette chose va rester avec eux, ce sera part d’une conversation.