Delphine Bouteiller
Au cours des derniers mois, le Yukon a bénéficié d’une belle visibilité médiatique grâce à la diffusion de deux productions documentaires françaises, Faut pas rêver et Échappées belles. Mais les productions audiovisuelles yukonnaises ne sont pas en reste. Selon le président de Screen Production Yukon Association, Chris McNutt, l’industrie locale est même florissante. Créée et encore connue sous le nom de Northern Film and Video Industry Association, la SPYA soutient les professionnels de l’audiovisuel yukonnais afin d’encourager les productions locales.
Le Yukon, un terrain attractif pour les productions canadiennes et étrangères
Les paysages nordiques sont un décor idéal pour des réalisateurs en quête de grands espaces. Mais le contexte économique favorable, soutenue par les institutions gouvernementales, contribue également à l’activité et à la croissance de l’industrie audiovisuelle au Yukon. « Grâce au soutien du gouvernement, nous avons beaucoup d’équipements vidéo et des équipes de productions locales. Cela permet d’attirer de grosses compagnies de production canadiennes, américaines ou européennes », nous explique Chris McNutt. Une équipe de tournage représente un nombre considérable d’emplois dont bénéficie ainsi l’économie locale.
Mais cette stratégie a ses limites. Les productions extérieures déplacent bien souvent les ressources humaines nécessaires au tournage. Directeurs de production, réalisateurs, scénaristes, cadreurs ou encore assistants de production sont des postes pourvus au détriment des professionnels locaux. Les émissions de télé-réalité telles que Gold Rush ou Yukon Gold qui élaborent pourtant des concepts d’émissions basés sur les activités d’extraction du Yukon font finalement très peu appel à la main-d’œuvre locale.
Devant ce constat, la mission de SPYA s’est donc précisée. « On travaille vraiment pour que les Yukonnais soient capables de produire leurs propres projets, et non seulement attendre qu’une grosse production arrive », déclare Chris McNutt. Depuis que l’association s’est donné ce mandat, le nombre de productions locales a largement augmenté, jusqu’à une dizaine de projets chaque année. La série documentaire Au cœur du Yukon, produite et réalisée par Simon d’Amours, en est un bel exemple. « Notre principal intérêt sont les gens d’ici, les gens du Nord qui raconte le Nord! », se réjouit Chris McNutt.
Un soutien ciblé et adapté aux besoins des professionnels et à la réalité yukonnaise
L’association soutient les professionnels de l’audiovisuel dans la création et la production de projet cinématographique d’envergure grâce à la formation et l’aide au développement professionnel. Les membres de SPYA bénéficient d’une visibilité non négligeable auprès des producteurs et des compagnies de production et peuvent mettre à profit leurs compétences pour des productions de tous horizons.
Parmi les derniers projets cinématographiques 100 % yukonnais, Shift est un documentaire suivant l’évolution d’une communauté de jeunes issus de la région de Carcross, à travers la transformation de sentiers ancestraux en véritable terrain de jeu pour les amateurs de vélos de montagne du monde entier. Le film est en tournée mondiale depuis six mois dans le cadre du Banff Mountain Film Festival World Tour.
En amont du festival Adäka qui se déroulera à la fin du mois de juin, le film documentaire Journey to Adäka, réalisé et produit par Fritz Mueller et Teresa Earle, sera présenté en avant-première au Centre des arts du Yukon le dimanche 14 mai. L’équipe de production sera présente lors de l’événement; une belle occasion d’aller à la rencontre du cinéma yukonnais.