Des chansons tantôt grivoises, tantôt érotiques, mais jamais trop coquines, une soirée pour adultes : musique, poésie, chant, comédie, arts visuels seront au rendez-vous de cette troisième édition du Cabaret grivois. Sylvie Painchaud, chanteuse, auteure et interprète yukonnaise en est l’initiatrice et la chef de file. Le vendredi 10 février, à 20 h, dans la salle communautaire du Centre de la francophonie, des artistes amateurs et professionnels se retrouveront pour faire découvrir ou redécouvrir au public des textes et chansons d’un genre un peu oublié, et pourtant si précieux dans notre société actuelle : le grivois.
Après avoir appelé « grivois » les soldats pillards et ivres de leur butin, par allusion aux grives qui pillent le raisin dans les vignes, on a donné le même nom aux hommes gais et bons vivants avant de l’appliquer à la littérature. C’est au XVIIIe siècle que le genre grivois s’épanouit vraiment, inspirant nombre de poésies qui chantent le vin et l’amour avec joyeuse humeur et sans vergogne.
C’est un été, dans un café aux Îles-de-la-Madeleine, que l’idée est venue à Sylvie Painchaud d’organiser un cabaret grivois à Whitehorse. En effet, le patron du café trouvait qu’il n’y avait pas assez de monde à son goût les dimanches soir. Pour attirer la clientèle, il a commencé à organiser des soirées coquines qui, très vite, sont devenues un succès local. « Les clients ont commencé à venir avec leurs partitions, demandant aux musiciens de jouer cette chanson- ci, puis cette chanson-là, des chansons coquines qu’on n’avait pas l’habitude d’entendre à la radio, et c’est comme ça que l’idée m’est venue », raconte la chanteuse. « J’ai donc organisé la première soirée à Whitehorse, puis la deuxième avec un peu plus de gens, et voici bientôt la troisième, avec encore plus de monde je le souhaite! »
En 2016, le Cabaret grivois n’avait pas été présenté, mais cette année, l’Association franco- yukonnaise (AFY) a proposé de mettre cet événement en parallèle avec la Saint-Valentin, pour une soirée pour adultes, un peu avant le début du Sourdough Rendezvous qui faisait concurrence le soir du cabaret. Pour cette troisième édition, l’AFY a investi plus du temps et s’est beaucoup impliquée dans la production. « Ce qui devrait monter entre encore d’un cran la qualité de la soirée cette année. Nous avons une meilleure promotion et les appels aux artistes ont été réalisés plusieurs fois », confie l’organisatrice.
Des artistes anglophones viendront se joindre aux festivités, et ont appris pour l’occasion des chansons en français. « On est aussi ouverts à faire des chansons en anglais dans ce spectacle, et ce serait bien que ce spectacle devienne un peu bilingue, avec toujours bien sûr une saveur francophile. C’est certain que pour les anglophones qui ne parlent pas du tout français, cela pourrait être une soirée longue en tant que spectateur, mais d’un autre côté, ce n’est pas plus long que si on s’en va en Espagne et qu’on écoute de la musique espagnole toute la soirée! C’est vraiment l’fun de pouvoir rassembler anglophones et francophones autour d’une même soirée, même si le pourcentage d’anglophones reste faible », explique Sylvie.
« Pour conserver leur anonymat, nous conseillons même aux participantes et participants de se créer un nom de scène s’ils le souhaitent, comme la chanteuse iconique des éditions passées qui se nommait pour l’occasion Kiki de La Rochefoucauld. » Le public peut aussi participer à l’ambiance en étant créatif avec leur habillement. « On invite les gens à s’habiller comme ils ne s’habilleraient pas normalement pour aller travailler (rires), en osant un peu plus peut-être, plus sexy. C’est le moment d’en profiter! »
Des chansons de Gorges Brassens à Juliette Greco, en passant par des textes originaux, la programmation du Cabaret grivois 2017 s’annonce chaude et pleine d’humour. Le Cabaret grivois version yukonnaise semble s’ancrer fortement dans la tradition du Klondike, en faisant renaître le délire joyeux et libertin des divertissements du temps de la Ruée vers l’or.
Il nous faudra citer la grande Antoinette Des Houlières, femme de lettres française du XVIIe siècle, et précurseure du genre grivois : « Fi de ces esprits délicats; Qui prenant tout a fauché; Voudraient bannir de nos repas; Certain air de débauche; Je ne l’ai qu’avec les buveurs; Et je suis aussi froide ailleurs; Que Jean de Vert. » (un militaire sévère du XVIe siècle)