L’artiste Marie-Hélène Comeau possède une certitude : la francophonie est un espace aux multiples facettes, un univers riche qui nourrit son imaginaire artistique. C’est ce que lui a confirmé sa participation à la réunion bisannuelle de la Caravane des dix mots* qui avait lieu en marge du Sommet de la Francophonie à Madagascar.
Nomades nordiques
Mme Comeau avait préparé son aventure africaine de longue date. « Je voulais trouver un projet commun qui pouvait être réalisé par les jeunes d’ici et les jeunes de Madagascar. Ce projet devait en outre être super facile à transporter », explique celle qui ne traîne pas de valise, seulement un sac de voyage.
Elle a travaillé avec les jeunes de l’Académie Parhélie de Whitehorse. « Qu’est-ce que le mot nomade vous suggère? », leur a-t-elle demandé. Sur de petits drapeaux triangulaires, ceux-ci ont imprimé la représentation d’objets divers ainsi que leurs réflexions. L’artiste qui avait un plan précis, réunir deux francophonies au moyen de l’art, a glissé ces précieux fanions dans son bagage.
Nomades malgaches
À Antananarivo, la capitale de Madagascar, Mme Comeau a proposé le même exercice à un groupe de jeunes de la rue appartenant au groupe Graines de bitume. Ce groupe existe depuis mars 2000. Il a été fondé par des volontaires de Médecins sans frontières travaillant à Madagascar. Graines de bitume guide et soutient 267 enfants qui vivent avec leur famille dans des conditions pénibles.
« J’ai vu beaucoup de misère et de pauvreté. La moindre possession devient précieuse. Là-bas, la relation avec les objets est tout à fait différente : les sandales, les vêtements, les sacs à dos sont des trésors », raconte-t-elle. Ce sont donc ces articles que les jeunes ont décidé de dépeindre sur leur drapeau. La plupart de ces enfants parlaient la langue malgache (le français et le malgache sont les deux langues officielles de Madagascar), la présence d’un interprète était donc nécessaire.
Simple médium
Les participants ont aussi réalisé une murale. Selon Mme Comeau, leur maîtrise du dessin est frappante. « Ces jeunes dessinent beaucoup. C’est tout ce qu’ils ont, du papier et des crayons. Ils font aussi beaucoup de papier mâché. Les effets de la nouvelle technologie (dépendance au téléphone cellulaire) ne les touchent pas! »
À la fin de l’atelier, l’artiste a exhibé les drapeaux exécutés par les jeunes Franco-Yukonnais. Cela a été une belle occasion de discussions et d’observations. Un jeune Malgache était très surpris de voir que personne n’avait dessiné un sac à dos, un objet nomade sans prix, à son avis.
Mme Comeau donnera suite au projet dans un avenir rapproché en présentant les drapeaux malgaches à la communauté yukonnaise. Aucune date n’a encore été choisie, mais elle aimerait bien celle du 15 mai qui est la Journée de la francophonie yukonnaise.
* La Caravane des dix mots utilise le français, langue partagée, comme passerelle vers d’autres cultures et d’autres langues. Elle propose d’approcher la langue par un détour artistique, pour favoriser l’accès de tous à la parole, valoriser les patrimoines culturels et linguistiques de chacun et ainsi révéler la diversité culturelle de la francophonie. (Source : 2016, Les films des Caravanes des dix mots)
Au Yukon, les passeurs culturels de cette idée sont le service Arts et culture de l’Association franco-yukonnaise et l’artiste Marie-Hélène Comeau.
L’Aurore boréale, pour sa part, publie une série de vox pop sur les dix mots de l’année.