Pendant tout le mois de novembre, la galerie communautaire du Centre des arts se transforme en forêt grouillante de vie. Françoise La Roche, une virtuose des fibres, y expose une collection de dix-sept tapisseries et huit sculptures, intitulées « Dans ma forêt ».
Les œuvres portent des noms qui sentent le sous-bois et la fantaisie : le chant du loup, l’aigle au panache ou la pluie de canneberges. Elles sont des assemblages surprenants de fibres, de plumes ou de cônes de pin représentant des animaux hybrides ou des sujets classiques de la scène yukonnaise. Chaque tableau se raconte par sa trame et ses éléments et chuchote à l’oreille du regardeur et de la regardeuse : « Je suis cousue de surprises! »

Le lancement officiel de l’exposition de Françoise La Roche aura lieu le 18 novembre au Centre des arts. Photo: Cécile Girard
L’ouvrage de Mme La Roche s’inspire de la tradition des tapis hookés, ces tapis fabriqués avec de vieux vêtements de laine. Toutefois, celle qui perfectionne cette technique depuis six ans l’a quelque peu modifiée : « Pour ma part, j’ai ajouté d’autres éléments comme du poil de chien, de la fourrure, des cônes de pin, des queues d’écureuil. Alors, mes créations sont davantage des tapisseries que des tapis puisqu’on ne peut pas marcher dessus », précise-t-elle.
L’artiste a consacré les douze derniers mois à l’élaboration de ses œuvres. Chacune est le résultat d’un travail minutieux qui a exigé des dizaines d’heures de labeur. Et comme Pénélope, l’artiste a souvent défait et refait son travail. « Lorsqu’on utilise des matériaux recyclés, on est un peu à la merci des quantités et des couleurs. Ainsi, j’ai parfois dû changer d’idée, car je n’avais pas assez de tissu pour terminer mon tableau. J’ai alors retouché le dessin et pris une autre direction. »
L’art de la récupération
Au cœur de son processus de création bat le désir de consommer le moins possible.
« Ce que j’aime par-dessus tout, c’est réutiliser des matières et les transformer en œuvre d’art. J’aime bien mélanger les matériaux, les inspirations et les techniques », explique-t-elle. La majorité de son matériel est recyclé, récupéré ou réutilisé : « Si un oiseau meurt parce qu’il s’est frappé dans ma fenêtre, je récupère ce que je peux. Je lui redonne vie dans mes tapisseries en quelque sorte. Je n’ai jamais tué un animal pour fin de tapisserie », poursuit l’artiste.
Ses amis lui offrent aussi des trésors sous-estimés comme des crânes de lynx, des ossements d’orignal blanchis par le temps ou la carcasse d’un écureuil… qui n’a pas fait le bon choix en traversant la route. De plus, elle ramasse ses ressources dans des endroits variés (fossé, forêt, comptoir communautaire, etc.).
Sculptures
« Mes sculptures, c’est du bonbon pour moi. Je les fabrique surtout l’été alors que j’ai une abondance de matériel : lichen, bois de grève, baies, champignons, brindilles, etc. La Nature est riche et généreuse », raconte-t-elle. Sous ses doigts habiles, des créations prennent forme, des transformations inusitées s’opèrent. Le regardeur et la regardeuse se délecteront à la vue du mobile d’oiseaux fabriqué avec des ossements d’orignal suspendu au-dessus de la table centrale de la galerie. L’oiseau castor assis sur la même table vaut aussi le détour.
Le lancement officiel de l’exposition aura lieu le 18 novembre et l’artiste sera sur les lieux.