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le Vendredi 17 juin 2016 14:36 Art et culture

Pierres et patience : l’artiste Jean Delhom sculpte le patrimoine

L’artiste Jean Delhom sculpte depuis plus de 35 ans des modèles réduits de maisons en pierre de taille et célèbre ainsi le patrimoine architectural du département du Lot en France. Photo : Nelly Guidici
L’artiste Jean Delhom sculpte depuis plus de 35 ans des modèles réduits de maisons en pierre de taille et célèbre ainsi le patrimoine architectural du département du Lot en France. Photo : Nelly Guidici

C’est par une fin d’après-midi pluvieux que je rencontre Jean Delhom. Alors que nous sommes sur les hauteurs de la rivière du Lot et à court d’eau, je m’arrête devant une maison avec un panneau bien visible qui annonce une exposition. Je fais donc la connaissance de M. Delhom qui nous offre de l’eau et son jardin pour terrain de camping.

Je visite également son exposition et découvre des maisons miniatures faites en pierre. « Je ne fais que le patrimoine du Lot », me précise l’artiste. Cuisinier de profession, il a décidé de reproduire la maison de ses parents en version miniature en 1982. Depuis, il a continué et a maintenant construit une trentaine de maisons avec des pierres mesurant d’un à six millimètres. Taillées dans des pierres de Bavière, certaines réalisations nécessitent jusqu’à un an de travail. Gazelle (abri de bergers), griotte, pigeonnier ou maison datant de plusieurs siècles, le patrimoine typique du département est exposé au public.

L’artiste Jean Delhom sculpte depuis plus de 35 ans des modèles réduits de maisons en pierre de taille et célèbre ainsi le patrimoine architectural du département du Lot en France. Photo : Nelly Guidici

L’artiste Jean Delhom sculpte depuis plus de 35 ans des modèles réduits de maisons en pierre de taille et célèbre ainsi le patrimoine architectural du département du Lot en France. Photo : Nelly Guidici

« À travers ce type de sculpture, je contribue et souhaite éveiller la curiosité des visiteurs. Je me surprends à jouer « l’office du tourisme » en proposant d’observer le patrimoine de la vallée du Lot. Je n’ai pas beaucoup de mal, car les touristes venant dans notre région ne cherchent ni les plages ni les coins branchés. Ils découvrent et sont agréablement surpris par notre patrimoine », explique M. Delhom.

La liberté exprimée par les pierres

En 1999, l’artiste participe à une exposition sur le thème de la liberté en écho à l’anniversaire de la chute du mur de Berlin organisée par l’association « Courants d’Art ». Pas moins de 250 œuvres ont été exposées, de la peinture en passant par la sculpture, la liberté est exprimée et questionnée sous de multiples formes. L’œuvre de M. Delhom s’appelle La liberté entre quatre murs et a reçu le prix du public. En se remémorant ce moment, il avoue qu’il avait été ému d’avoir reçu ce prix. C’est l’interprétation d’un mot dans la chanson : « Quand les hommes vivront d’amour » de Raymond Lévesque qui a orienté son travail. Le mot « frontière » s’est substitué à « misère » et l’idée du mur frontière est ainsi née.

Mais ce qui plaît le plus à l’artiste à travers la sculpture, c’est le contact. « Cette passion me permet de faire des rencontres, de me mesurer dans l’échange avec des gens plus cultivés, plus instruits, ou tout le contraire, venus d’ailleurs ou du coin. »

La rencontre

La rencontre, et celle-ci en particulier, me semble primordiale pendant le voyage. Les beaux paysages attirent certes, mais je me souviendrai davantage des moments partagés avec toutes les personnes que nous avons croisées sur notre route. Nous avons été accueillis à bras ouverts, et bien souvent, il nous a été difficile de repartir. Mais sans le départ et la séparation, le voyage ne peut reprendre, car c’est ça avant tout : la liberté de se déplacer et faire des rencontres qui nous changent, qui font que nous sortons grandis et pleins d’espoir pour le lendemain. Plus de 6 500 kilomètres parcourus sur deux roues et des centaines de sourires et de paroles échangés, c’est dans la rencontre que je me suis le plus épanouie et à vélo que je me suis sentie plus libre que jamais. Pour finir cette série d’articles, je citerai Nicolas Bouvier dans son ouvrage L’usage du monde : « Le voyage se passe de motifs. Il ne tarde pas à prouver qu’il se suffit à lui-même. On croit qu’on va faire un voyage, mais bientôt, c’est le voyage qui vous fait, ou vous défait. »

Correspondante de l’Aurore boréale et spécialiste des Premières nations du Yukon, Nelly Guidici s’est lancée sur les routes d’Amérique avec son conjoint et leur petite fille. Retrouvez chaque mois son carnet de voyage dans les pages de votre journal communautaire ainsi que sur son blogue.