Le directeur de l’Alberta College of Art and Design (ACAD) était de passage au Yukon du 2 au 5 juin derniers afin d’assister à l’inauguration du studio de verrerie Lumel. Ce faisant, le Dr Daniel Doz honorait une promesse faite il y a quelques années à la propriétaire des lieux, Luann Baker-Johnson. Cette ancienne étudiante de l’ACAD fait partie de la douzaine de diplômés de l’établissement — l’une des quatre écoles d’art indépendantes du Canada — qui résident désormais au Yukon.
« Une de nos anciennes élèves qui a gradué il y a trois ans m’avait fait part de son désir d’ouvrir une verrerie à Whitehorse. Je lui ai donc dit de m’avertir de l’ouverture pour que je puisse y aller », explique le directeur de cette école fondée il y a 90 ans à Calgary. À la tête de l’établissement depuis six ans — il est le premier directeur dont le mandat est renouvelé en 90 ans — le Franco-albertain se félicite de l’originalité des programmes de l’ACAD.
« On a une spécialité propre à notre école puisqu’on a gardé les programmes d’artisanat », explique le Dr Doz. « On a lancé cette année la première maîtrise en médias artisanaux du Canada. Ce sont des programmes qui sont coupés un peu partout, car ils demandent beaucoup de ressources, mais nous, on y tient beaucoup, car ça nous donne une identité assez unique », confie-t-il.
L’art et la culture?
« Qu’est-ce que l’art et la culture? C’est l’expression de notre société, l’essence de nos communautés », affirme cet artiste multidisciplinaire par ailleurs détenteur d’un doctorat en études théâtrales et cinématographiques de l’Université Paris VIII. En effet, pour Daniel Doz, sans art, sans culture et sans création artistique, « on a une communauté plutôt grise. » « On a tendance à penser que les grands progrès se font au travers de l’évolution scientifique, mais en fait, je dirais que l’évolution culturelle joue un rôle encore plus important. Les œuvres d’art deviennent souvent les phares de l’expression d’une certaine époque. Si on ne l’encourage pas, qu’est-ce qui nous reste? Un paysage un peu monotone, disons. »
Enrichir une communauté grâce à la vente de produits artistiques et l’offre d’activités culturelles, telle est la mission des artistes selon Daniel Doz.
« Dans les communautés un peu plus isolées, où le climat est quand même assez rude, ce qui est intéressant de voir, c’est l’entraide. Souvent, ce sont justement les activités culturelles qui peuvent agir comme un aimant », explique-t-il.
Partenaire du Collège du Yukon et de l’École d’arts visuels du Yukon (SOVA à Dawson), M. Doz explique qu’avec 11 % d’une population étudiante d’origine aborigène, il existe une certaine responsabilité de continuer le dialogue, et que cela ne se limite pas aux frontières d’une province.
« Ça devient vraiment intéressant de voir comment on peut enrichir notre école grâce à ces partenariats », affirme-t-il ainsi.
Afin d’assurer une bonne relation à double sens, le Dr Doz a profité de son séjour au Yukon pour visiter ces deux institutions et voir ce qu’il pouvait faire pour leur donner plus de visibilité et augmenter l’offre de programmes.
Né à Montréal et ayant étudié à Paris, ce passionné d’art a décidé de retourner à Montréal pour y travailler en 1985.
« À l’époque, l’économie à Montréal était assez mauvaise et mon diplôme d’architecture pas reconnu », raconte-t-il. Il se tourne alors vers les États-Unis. « Dans la vie, il y a deux choix. Soit on va où on trouve un travail, soit on va où on veut vivre. Le mieux, ça serait d’avoir les deux », confie-t-il.