Pour une communauté artistiquement foisonnante comme celle du Yukon, le fait de ne pas avoir de cinéma digne de ce nom est une aberration. Les Yukonnais sont globalement insatisfaits de leur expérience cinématographique. Et ce n’est pas le virage numérique effectué il y a quelques années, représentant pourtant un investissement de près d’un quart de million de dollars, qui y changera quelque chose.
Selon les commentaires laissés sur la page Facebook du groupe « Cinemas in Whitehorse SUCK! Shame on you Landmark! », créée en 2009 par un résident dégoûté et frustré, l’opinion publique reste la même. Bâtiments désuets, confort discutable, insalubrité… les plaintes des clients touchent tous les aspects de l’expérience cinématographique, jusqu’au choix des films jugé ordinaire et conformiste. Sans compter la gestion de cas de clients intoxiqués qui semble également être un problème.
En 2014, M. Neil Campbell, président-directeur général de Landmark Cinemas, la compagnie basée à Calgary qui possède les deux cinémas de Whitehorse, avait pourtant affirmé qu’il songeait à « relocaliser les cinémas ou à investir dans les établissements actuels ». Qu’est-il advenu de ce projet?
Pas de projet en cours, du moins pour le moment
Bien qu’il assure que Landmark Cinemas soit « constamment à la recherche de moyens d’améliorer les cinémas de Whitehorse », M. Campbell avoue qu’aucun projet de rénovation ou de relocalisation n’est actuellement sur le tapis. « Pour le moment, nous n’avons aucun plan immédiat pour Whitehorse », admet-il. À savoir si l’adresse courriel créée spécialement pour gérer les plaintes relatives aux cinémas de Whitehorse, [email protected] était toujours active, M. Campbell assure que celle-ci est « consultée régulièrement ».
Davantage de films en français
En 2013, Mme Penny Bielopotocky, de Landmark Cinemas, avait affirmé lors d’une entrevue accordée à l’Aurore boréale qu’elle étudiait la possibilité de projeter plus de films francophones. Lorsqu’interrogé à ce sujet, M. Campbell a admis n’avoir jamais été mis au courant de cette idée. Il affirme toutefois qu’il serait ouvert « à explorer l’idée de projeter des films du Québec, si l’intérêt est assez fort ».
Yukon Film Society, une solution de rechange intéressante
La Yukon Film Society est l’organisme derrière le Festival de cinéma Available Light qui a lieu chaque année en février.
Avec son offre de films diversifiée, incluant des films indépendants, canadiens et en langue étrangère, la Yukon Film Society qui projette des films sur une base mensuelle au Centre des arts du Yukon est une solution intéressante pour ceux qui ne trouvent pas leur compte dans les cinémas de Whitehorse. L’achat d’un nouveau projecteur permettra d’ailleurs de projeter des films en exclusivité et avec une meilleure qualité d’image.
Selon Andrew Connors, directeur artistique de la Yukon Film Society, la projection de films en français est une priorité. « Il y a une importante communauté francophone au Yukon, et d’excellents films proviennent des régions francophones du monde, y compris du Québec, bien sûr. Cette année, nous avons établi un partenariat avec la section Arts et Culture de l’Association franco-yukonnaise afin de présenter des films en français au Centre culturel des Kwanlin Dün, tous les deux mois. », explique-t-il.