Les habitants de Whitehorse ont pu profiter pendant douze minutes d’un spectacle pyromusical programmé lors du festival Rendezvous. Bien avant le décompte final de mise à feu repris en chœur par les spectateurs, les bénévoles et les conducteurs de motoneige ont dû réaliser un important travail de logistique et de préparation.
Il aura fallu trois jours et près de quinze volontaires pour venir à bout de l’installation des 790 bombes et des deux structures nécessaires au spectacle du samedi 27 février. Le site a été choisi par les concepteurs, Kiara Adams et Warren Zakus, pour sa hauteur et sa visibilité, ce qui leur a laissé d’importantes options pour le design. « Le mauvais côté du site, c’est qu’il n’est accessible qu’en motoneige, cela exige de nombreux voyages pour acheminer le contenu des remorques », explique la pyrotechnicienne, Kiara Adams, entourée par une centaine de tubes de lancement.
Avec les premiers signes de dégel et les pentes particulièrement abruptes du terrain, les conducteurs de motoneige ont eux de la peine à atteindre le site. Certains d’entre eux se sont retrouvés enlisés non pas dans de la neige, mais dans de la boue! « Ce qui était aussi difficile, c’était de faire tenir les mortiers. Il faisait vraiment chaud. Il fallait sans arrêt reconsolider les structures à mesure que la neige fondait », ajoute l’artificier et ancien juge de l’International des feux de Montréal, Jonathan Alsberghe.
Pilotage par ordinateur
À l’instar de cet artificier bénévole, les volontaires ont connecté pas moins de dix kilomètres de câble sur les 23 modules répartis sur le site. Ces modules ont par la suite déclenché les 655 impulsions électriques permettant la propulsion des bombes. Cependant, il n’aura fallu qu’un seul bouton à Warren Zakus pour démarrer l’ensemble du spectacle. « Depuis neuf ans, nous réalisons les feux d’artifice pour le festival Rendezvous. Tout au début, c’était des feux manuels, mais lors des 50 ans du festival, nous avons créé le premier spectacle pyromusical totalement contrôlé par ordinateur. »
Tout au long de l’année, Kiara Adams et Warren Zakus ont écouté de la musique pour créer la trame musicale. « C’est notre point de départ pour concevoir tout feu d’artifice, la musique nous donne le tempo », explique Kiara Adams. « Cette année, nous avons sélectionné un thème de rock classique avec une reconstitution d’une scène de bataille », ajoute Warren Zakus.
Le feu d’artifice offert au public avait été préalablement simulé sur ordinateur. « Effectivement, ça nous a permis de voir les différents effets que l’on pouvait obtenir, et ainsi nous avons ajusté la synchronisation et les calibres des bombes », précise Kiara Adams. Les structures et la sécurité des personnes ont été les points les plus sensibles des préparatifs. « On est resté dormir ici, dans une tente, pour pallier tout problème sur le site », terminent les deux pyrotechniciens en chef. Les bombes ont été livrées au Yukon par la société Archangel du Manitoba. Cette année, le feu d’artifice était revêtu de douze couleurs calées sur trois musiques différentes.