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le Jeudi 25 février 2016 15:54 Art et culture

La poterie Ibarra : une tradition familiale

Juanita Chavez décore patiemment une assiette destinée à la vente. Photo: Nelly Guidici
Juanita Chavez décore patiemment une assiette destinée à la vente. Photo: Nelly Guidici

Une semaine avant notre arrivée à La Paz, capitale de l’état de Basse-Californie du Sud, j’avais réussi à me procurer un plan de la ville. En regardant de plus près, un nom attire mon attention. En effet, sur la rue Prieto, il y a une poterie qui s’appelle Ibarra. Ainsi, un samedi ensoleillé, je me présente à vélo sur le site pour ma première entrevue en espagnol. L’endroit est très agréable, la douce mélodie de l’eau d’une fontaine au fond de la cour accompagne la musique qui fait partie du quotidien au Mexique. Je suis accueillie par Virginia Ibarra Chavez, l’une des filles de Julio Ibarra qui a créé la poterie il y a plus de 60 ans.

Juanita Chavez décore patiemment une assiette destinée à la vente. Photo: Nelly Guidici

Juanita Chavez décore patiemment une assiette destinée à la vente. Photo: Nelly Guidici

 

La céramique est un art majeur pratiqué depuis des millénaires au Mexique et dans la famille de M. Ibarra, on est potier de génération en génération. C’est une tradition familiale de très longue date. À l’École nationale de San Carlos de la ville de Mexico où M. Ibarra perfectionne son art, il rencontre Juanita Chavez qui étudie elle aussi la peinture et la sculpture. Ils se marient et créent en 1952 leur poterie dans la capitale mexicaine. Puis en 1985, ils décident de déménager à La Paz où une partie de leur famille habite déjà.

Un endroit unique

Après le décès de M. Ibarra il y a un an, sa fille Virginia Ibarra Chavez a repris les choses en main et après une période un peu difficile, l’atelier a rouvert ses portes au mois d’octobre 2015. L’argile utilisée vient de l’État d’Oaxaca dans le sud du Mexique. En effet, d’une grande finesse, elle est plus facile à travailler que l’argile locale qui présente plus d’impuretés. Elle est aussi plus résistante et les couleurs ne s’effacent jamais. Quant à la peinture, elle est faite à partir d’eau et de poudre minérale, mais l’ingrédient qui fait toute la différence est la joie que les artisans expriment dans chacune de leurs créations.

En effet, Mme Ibarra Chavez me parle dès les premières minutes de notre rencontre, du bonheur det du bien-être que l’artiste doit ressentir : « Nous écoutons de la musique en travaillant, car ça nous rend heureux et lorsque nous sommes contents, nous fabriquons de belles poteries. » Pourtant, chacun des membres de la famille a une profession.

Mais passer d’un bureau de comptable à une table d’atelier de poterie est naturel pour Mme Ibarra Chavez qui consacre une partie de son emploi du temps à la pérennité de la poterie familiale. « Nous sommes nés dans la céramique. Lorsque nous étions enfants et que nos parents travaillaient dans l’atelier, ils nous prenaient sur leurs genoux. Ainsi, nous l’avons toujours connue et nous avons décidé de continuer le travail », explique-t-elle.

Trois générations, une même passion

Juanita Chavez décore ses poteries avec une grande dextérité. Travaillant à côté de l’une de ses filles, elle manie le pinceau et orne patiemment de multiples couleurs et formes géométriques une assiette. Daniel C. Chavez, un neveu, est à l’autre bout de l’atelier et confectionne de petites assiettes. La tradition familiale est très forte et j’ai le sentiment que toute la famille est soudée autour de la céramique qui leur rappelle leur père aujourd’hui disparu.

Cinq personnes travaillent dans l’atelier et chacun a son propre style transformant chacune de leur création faite à la main, une pièce entièrement unique. Les touristes se rendent régulièrement dans l’atelier où des pièces sont également en vente : de la tasse à l’assiette en passant par des éléments de décoration murale. Certaines pièces nécessitent même jusqu’à quatre semaines pour être conçues. « Nous ne pouvons pas produire rapidement, car tout est fait à la main », précise Mme Chavez avec un large sourire.

Correspondante de l’Aurore boréale et spécialiste des Premières nations du Yukon, Nelly Guidici s’est lancée sur les routes d’Amérique avec son conjoint et leur petite fille. Retrouvez chaque mois son carnet de voyage dans les pages de votre journal communautaire ainsi que sur son blogue.