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le Jeudi 29 octobre 2015 14:42 Art et culture

Joseph Tisiga en résidence artistique à Dawson

Membre de la Première nation Kaska Dena, Joseph Tisiga a été invité dans le cadre d’une résidence par l’École des arts de Dawson. Photo : Thierry Guenez
Membre de la Première nation Kaska Dena, Joseph Tisiga a été invité dans le cadre d’une résidence par l’École des arts de Dawson. Photo : Thierry Guenez

Né à Edmonton en 1984, membre de la Première nation Kaska Dena, Joseph Tisiga est un artiste canadien basé à Whitehorse dont la renommée dépasse le cadre national. Finaliste du concours de peinture canadienne RBC en 2009 et demi-finaliste du prix Sobey en 2011, il est actuellement en résidence artistique à Dawson, pour le plus grand plaisir des étudiants de l’École des arts visuels (SOVA) où il anime des ateliers. Mais les étudiants ne sont pas les seuls à pouvoir profiter des connaissances du peintre : une lecture et un atelier sont aussi ouverts aux résidents pour découvrir ou perfectionner les différentes techniques de peinture à l’eau.

L’enjeu culturel

Son iconographie amérindienne fait cohabiter deux mondes. Le monde occidental, industrialisé, et l’univers des Premières nations canadiennes, au contact de l’espace et de la nature.

Membre de la Première nation Kaska Dena, Joseph Tisiga a été invité dans le cadre d’une résidence par l’École des arts de Dawson. Photo : Thierry Guenez

Membre de la Première nation Kaska Dena, Joseph Tisiga a été invité dans le cadre d’une résidence par l’École des arts de Dawson. Photo : Thierry Guenez

Joseph a commencé à peindre vers vingt ans, sans formation artistique particulière. Dans sa jeunesse, il développe un goût pour la philosophie, en lisant Huxley, Orwell, Chomsky ou Naomi Klein. Très porté sur l’histoire, il se dit pleinement « conscient du crime qui a eu lieu », crime culturel qui a consisté en la dépossession territoriale des autochtones et dans l’étouffement de leurs codes culturels (rites, croyances…) par les structures du capitalisme ou de l’Église. « C’est une histoire très complexe et je n’en serai pas le juge. Je raconte des histoires. Je porte un regard sur l’existant, sur la réalité contemporaine. Ce que j’observe n’engage que moi », dit-il.

Lecture et ateliers

Après cinq expositions au Yukon et une à Toronto (DIAZ), il est en résidence à Dawson. Il est le premier des quatre artistes invités pour la série de lectures intitulées Indexes of the Land. Peintre, maître dans l’art du collage, sculpteur, Joseph a animé jeudi dernier cette lecture à partir de l’axe suivant : « Je raconte ce que je pense à propos de l’espace, du territoire. Il s’agit de l’intérêt philosophique de se pencher sur la question, et la manière dont cela est retranscrit dans mon travail. »

« La lecture est un échange », confesse-t-il. « C’est l’occasion de recevoir du public de nouvelles idées, de penser différemment. Lors des lectures, beaucoup de gens ne me connaissent pas, ne sont pas forcément des inconditionnels de peinture ou de fervents visiteurs d’expositions. L’interaction avec un public différent [de celui qu’il côtoie habituellement] est une source d’inspiration pour moi. »

À côté de cela, il anime avec les étudiants des ateliers de peinture et de collage basés sur l’apprentissage, le perfectionnement des pratiques et sur l’utilisation du matériel. Enfin, il a pris part samedi dernier à un atelier avec un public hétéroclite. Initiation ou possibilité d’aller plus loin pour les plus aguerris des participants, les quinze peintres d’un jour ont eu l’occasion pour certains de découvrir à la fois l’artiste aux manettes, et celui, souvent trop discret, qui sommeille en eux derrière le chevalet.

Et après?

En ce qui concerne SOVA, trois artistes se succéderont pour d’autres lectures et ateliers. Vidéo, sculpture, critique culturelle, toute l’information se trouve sur le site Internet de l’école yukonsova.ca, et chacun sera le bienvenu pour une bouffée de culture au cœur de l’hiver.

Joseph lui, en congé de son travail de superviseur du Youth Shelter Program à Whitehorse, se prépare pour son exposition prochaine au Centre des arts du Yukon, et peut-être pour une nouvelle exposition à Toronto l’automne prochain. Pour plus d’information sur cet artiste et voir ses toiles, rendez-vous ici.