Pierre-Luc Lafrance
Dans la dernière édition de l’Aurore boréale, nous avons annoncé la signature, le 6 mai, d’une nouvelle entente Canada-Yukon visant à soutenir la communauté franco-yukonnaise dans les domaines des arts, de la culture et du patrimoine. Au total, 268 550 $ seront investis lors des deux prochaines années pour soutenir les artistes et les travailleurs culturels francophones au Yukon. L’Aurore boréale a rencontré deux des instigateurs du projet, Patrice Tremblay, directeur de la Direction des services en français (DSF), et Roch Nadon, directeur du service Arts et culture de l’Association franco-yukonnaise (AFY).
Ce projet n’aurait pas été possible sans une collaboration entre la DSF et l’AFY. « L’AFY a toujours travaillé conjointement avec la DSF dans plusieurs dossiers, affirme Roch Nadon. Il y a donc une complicité naturelle qui s’est créée. Avec l’effervescence artistique qu’on connaît, on voulait faire un projet conjoint et les étoiles étaient alignées pour que ça se réalise. »
Patrice Tremblay rappelle que la culture est l’une des trois priorités avec la santé et l’éducation dans le cadre stratégique de la DSF. « Pour la DSF, c’est important d’être à l’affût de toutes les opportunités pour supporter nos priorités. Quand j’ai entendu parler de la possibilité qu’un gouvernement puisse soumettre un projet dans le cadre du Fonds d’action culturelle communautaire de Patrimoine canadien, je me suis dit que l’occasion était bonne. »
Des artistes impliqués
Ce que Patrice Tremblay aime particulièrement de ce projet, c’est que les joueurs artistiques ont été inclus dès le début. En effet, il y a eu trois consultations communautaires avec les artistes et les travailleurs culturels pour bien articuler les grandes lignes du projet. « On veut s’assurer de répondre aux besoins des gens sur le terrain », ajoute-t-il.
M. Tremblay soutient également que Tourisme et Culture Yukon a été impliqué dès le début du projet et que des membres de ce ministère ont participé aux consultations, tout comme certains intervenants du milieu anglophone.
À court terme, le projet cible cinq activités qui seront mises en place et qui vont toucher à de nombreuses disciplines artistiques. Il s’agit de nouvelles manifestations culturelles qui s’ajoutent à la programmation déjà en place. Certains artistes seront ciblé mais il y aura des appels à tous. Déjà, des projets sont en branle. « On veut que les artistes soient parties prenantes des projets, de la conception à la mise en place. » Un autre élément important de ce projet est d’aller en région pour que les artistes puissent rencontrer les francophones à l’extérieur de Whitehorse selon les besoins des différentes communautés.
Au-delà des besoins exprimés par les artistes et les travailleurs du milieu culturel, les spectateurs vont jouer un rôle important. On veut que les gens s’approprient l’art et deviennent partie intégrante du projet.
Cette entente va aussi permettre d’ajouter un nouveau membre à l’équipe Arts et culture de l’AFY. Le poste est actuellement en affichage et on espère que la personne choisie occupera son poste dès la mi-juin. D’ailleurs, Roch Nadon rappelle que ce projet va entraîner des retombées économiques. « Cela a permis de créer un emploi et, selon nos calculs, 85 à 90 % des dépenses vont rester au Yukon. »
Une entente sur deux ans
Ça a pris près d’un an avant de recevoir la réponse positive de Patrimoine Canada, mais les deux hommes se réjouissent que l’entente soit pluriannuelle. « Ailleurs, c’est souvent un an, rappelle Roch Nadon, alors, c’est une victoire. Cela donne une continuité et ça va nous permettre d’aller plus loin la deuxième année, même au sens littéral puisqu’on va amener des artistes aux Territoires du Nord-Ouest. »
Le projet s’articule autour de cinq composantes qui permettront d’épauler les artistes dans les différentes phases de création : identification (des besoins, de la clientèle, etc.), mentorat, création, production et rayonnement pour montrer le savoir-faire des artistes à l’intérieur comme à l’extérieur du territoire.
Pour Roch Nadon, ce projet s’inscrit dans une vision globale : que le Yukon soit un endroit agréable à vivre. « C’est une vision à très long terme, mais on croit vraiment que la francophonie peut se développer au Yukon par les arts et la culture. »
Des suites
Déjà, les deux hommes sont emballés. « Je vois très bien des suites, affirme Roch Nadon. On va analyser les résultats, mais je suis convaincu qu’on va obtenir des résultats tangibles et que ce sera un projet porteur pour plusieurs années. »
Pour Patrice Tremblay : « Ce projet est un des meilleurs exemples qui démontrent la volonté du gouvernement de travailler avec la communauté francophone dans l’esprit du cadre stratégique. » Il rappelle d’ailleurs le travail fait dans l’ombre par la ministre et le sous-ministre qui ont soutenu ce dossier.