Pierre-Luc Lafrance
L’an dernier, le réalisateur Paul Davis croyait bien que le festival Cinéfranco qui se tenait au mois de mars à Toronto serait le dernier arrêt pour son court- métrage -40 °C. Eh bien, il semble que ce film-vampire, comme le surnomme affectueusement son créateur, refuse de mourir puisqu’il sera de la programmation de la conférence « La noirceur dans le Nord » qui se tiendra à Reykjavik du 26 au 28 février. Paul Davis sera sur place grâce à une bourse du Conseil des arts du Canada qui lui permet de payer ses frais de transport et de logement.
Cette conférence sur la noirceur est née après la Déclaration des États-Unis comme quoi 2015 serait l’Année internationale de la Lumière.
À quelques jours du départ, M. Davis était fébrile à l’idée de se rendre en Islande. « J’ai déjà mes cartes pour me retrouver. Je sais où je vais faire mon épicerie. J’espère louer un vélo, mais jusqu’à maintenant les endroits que j’ai contactés me disent qu’ils ne louent pas de vélos en hiver. La location est davantage pour les touristes l’été. »
En plus de présenter son court-métrage, M. Davis va animer une discussion avec les spectateurs. « On va parler de dépression saisonnière, d’alcoolisme, des absences inexplicables au boulot, de la perception des couleurs l’hiver. »
Un film qui voyage
-40 °C est un film communautaire qui a vu le jour en 2007 et qui a gagné, la même année, le prix de Best Canadian Short au festival Planet in Focus de Toronto. Il a été produit, en français, grâce à la participation des gens de Whitehorse. Ce court-métrage de 13 min montre ce qu’est la noirceur polaire subarctique et l’impact de cette noirceur sur la population. On y suit M. Davis dans son quotidien de professeur-remplaçant qui va chaque jour au travail en vélo, même en pleine nuit noire et par -40 oC.
Le film a été présenté un peu partout, tant au Canada que dans le reste du monde (avec notamment des passages à Cannes et en Tunisie).
On peut louer le film à la médiathèque de l’Association franco-yukonnaise et à la Bibliothèque de Whitehorse. On peut aussi le visionner en ligne sur le site de la National Screen Institute (nsi-canada.ca).
Un modèle qui n’existe plus
M. Davis n’est pas convaincu que le modèle communautaire avec lequel il a créé son film serait encore possible de nos jours. « On a tourné avec peu de moyens. On a eu un fonds partiel de l’ONF et de la Yukon Film & Sound Commission. De nos jours, pour avoir du financement, il faut que le projet soit lié à un diffuseur, ce qui rend la tâche plus compliquée pour les documentaires communautaires. Le défi est encore plus grand dans le Nord canadien. Heureusement, la télévision locale est maintenant reconnue comme un diffuseur. »
Malgré ses propos pessimistes, il voit d’un œil favorable l’arrivée de nouvelles offres comme l’arrivée de la chaîne Uni qui cible les francophones en milieu minoritaire.