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le Mardi 3 février 2015 11:04 Art et culture

Rencontre avec Stéphane Lafleur

Le réalisateur Stéphane Lafleur sera présent à Whitehorse lors de la projection de son film Tu dors Nicole le 11 février à 16 h 15 au Centre des arts du Yukon. Photo : Caroline Hayeur.
Le réalisateur Stéphane Lafleur sera présent à Whitehorse lors de la projection de son film Tu dors Nicole le 11 février à 16 h 15 au Centre des arts du Yukon. Photo : Caroline Hayeur.

Nelly Guidici

Le festival du film Available Light présenté à Whitehorse du 6 au 15 février 2015 propose cette année une sélection riche et variée. Parmi les films francophones en projection, Tu dors Nicole du Québécois Stéphane Lafleur. Lors d’une entrevue, il s’est confié sur l’écriture et la réalisation de son troisième film. Voici donc en exclusivité ses propos recueillis pour l’Aurore boréale.

Le réalisateur Stéphane Lafleur sera présent à Whitehorse lors de la projection de son film Tu dors Nicole le 11 février à 16 h 15 au Centre des arts du Yukon. Photo : Caroline Hayeur.

Le réalisateur Stéphane Lafleur sera présent à Whitehorse lors de la projection de son film Tu dors Nicole le 11 février à 16 h 15 au Centre des arts du Yukon. Photo : Caroline Hayeur.

Aurore boréale : Comment est née l’idée du film?

Stéphane Lafleur : L’idée est venue de façon un peu anecdotique. J’ai eu l’idée du titre en premier. Nicole, ça n’est pas un nom que l’on entend souvent pour une fille dans le début de la vingtaine, donc j’ai eu l’idée de donner ce nom-là, de m’attarder et de poser un regard sur cette période de la vie entre l’adolescence et l’âge adulte. Je trouve qu’il y a une espèce de flou artistique dans cette période de la vie et j’avais envie d’observer ça.

A. B. : Que signifie le titre Tu dors Nicole?

S. L. : Je joue sur le paradoxe que Nicole est insomniaque. C’est l’été, et avec la canicule elle dort mal. Mais c’est aussi un jeu sur cet aspect-là de sa vie, car elle dort un peu dans sa vie également : c’est un double sens.

A. B. : L’idée de tourner en noir et blanc est-elle venue de votre directrice photo?

S. L. : Oui, un peu, mais indirectement. Elle savait sur quel scénario je travaillais, puis je voulais filmer l’été et j’essayais de rechercher un sentiment d’été, de promenade nocturne. Elle m’a apporté quelques livres de photos, ils étaient presque tous en couleur, puis je pensais faire le film en couleur à ce moment-là. Un des livres (de Robert Adams qui est un photographe américain) était en noir et blanc, puis le sentiment et l’émotion que je cherchais à travers l’image étaient vraiment dans ces photos; donc, l’idée est née à ce moment-là. Mais, ça ne s’est pas concrétisé tout de suite, ça a été long et ça a fait son chemin avant que ça devienne une espèce d’évidence qu’il fallait faire le film en noir et blanc.

A. B. : Est-ce qu’il y avait une continuité entre les scènes de jour et les scènes de nuit avec le noir et blanc?

S. L. : Le noir et blanc a créé une espèce d’unité, et il y avait un défi aussi de filmer l’été, la chaleur et la canicule en noir et blanc. Généralement, on a des couleurs très saturées comme le jaune et blanc, là on faisait contraste. L’autre chose, c’est que comme les personnages sont dans le début de la vingtaine, je ne voulais pas nécessairement faire un portrait de cette génération en 2014. J’ai donc fait exprès (de filmer en noir et blanc) pour brouiller les cartes de la temporalité. On ne sait pas vraiment en quelle année le film se déroule, il n’y a pas de téléphone intelligent ou de réseaux sociaux. Ce qui m’intéressait plus, c’était l’amitié entre deux amies et l’été qu’elles passent ensemble. En filmant en noir et blanc, on dirait que je contournais un peu le problème de la modernité, sans que ça soit un film d’époque non plus.

A. B. : Quelle est la place de l’humour dans ce film?

S. L. : L’humour est toujours important dans mes films qui ont un rythme très particulier avec de la contemplation et de l’observation, une certaine lenteur. Mais je trouve que l’humour est un outil et un véhicule formidables pour passer toutes sortes d’observations et de réflexions. J’essaie toujours d’en mettre beaucoup, mais la règle avec les acteurs, c’est de ne pas jouer l’humour. Si c’est drôle, ça va être drôle. Si le dialogue est bien écrit, si la situation est drôle, ça devrait l’être sans qu’on le souligne nécessairement.

A. B. : Et quelle est la présence de la musique?

S. L. : Je dirais que ça va en progressant. Dans mon premier film, il n’y en avait pas tant que ça, puis un peu plus dans mon deuxième, et finalement dans le dernier il y en a beaucoup. La musique est présente de deux façons : dans l’histoire, le frère de Nicole débarque avec son groupe de musique pour enregistrer dans la maison familiale. Donc, la musique est devenue un personnage et une nuisance en elle-même pour le personnage de Nicole et contribue à son insomnie. Puis il y en a une autre qui est la trame sonore du film qui représente plus l’univers de Nicole et qui a été faite par Organ Mood, un groupe de Montréal.

Tu dors Nicole sera projeté le 11 février à 16 h 15 au Centre des arts du Yukon. Quant à Mommy de Xavier Dolan, il sera visible le 14 février à 18 h 15, et Le semeur de Julie Perron sera présenté à midi le 11 février.