Nelly Guidici
Le 26 novembre dernier, le groupe de danse originaire du Yukon The Dakhkà Khwàan Dancers a été récompensé à Ottawa lors du Grand Prix du tourisme canadien. Le groupe représenté par Marilyn Jensen et son époux David Jensen s’est donc distingué dans la catégorie du tourisme culturel et du rapport culture/patrimoine et tourisme : « Ce fut un immense honneur d’être nominé et finaliste dans cette catégorie. »
À l’occasion de cette reconnaissance au niveau national, je vous invite à découvrir le parcours de ces danseurs qui brillent sur les plans local, national et international. En effet, en plus de se produire régulièrement à Ottawa, Vancouver ou en Alaska, le groupe a eu l’occasion de danser à Taiwan lors de l’édition 2014 du Global Indigenous People Performing Arts Festival.
En 2007, Marilyn Jensen originaire de la Première nation de Carcross crée un groupe de danseurs qui regroupe six personnes. Leurs premières performances se limitent à Carcross et leur répertoire présente six chansons. Voulant revitaliser sa culture, Mme Jensen explique pourquoi elle a voulu monter un tel groupe : « Beaucoup de nos chansons ont été perdues et oubliées à cause de la colonisation et du système des écoles résidentielles. Je voulais perpétuer et revitaliser notre culture. » Le nom Dakhkà Khwàan qui signifie en langue tlingite « Nation du peuple de l’intérieur » a été donné au groupe par une personne aînée aujourd’hui décédée. « Elle nous a dit que ça serait un bon nom, car il représente chacun de nous », se remémore Mme Jensen. Originaire de différentes communautés du Yukon comme Carcross, ou Teslin parmi d’autres, ce nom représente l’identité de la nation des Tlingits de l’intérieur des terres. Leurs cousins de la côte Pacifique sont originaires de Haines, Skagway ou Juneau. Une année sur deux, un grand rassemblement de la nation des Tlingits a lieu à Juneau. En juillet 2013, c’est au cœur du territoire tlingit au bord du lac Teslin que la célébration avait été organisée.
Transmettre la culture aux plus jeunes
Les membres du groupe se retrouvent une fois par semaine pour les entraînements dans les locaux de l’École Elijah-Smith. Mais depuis trois ans, l’idée de créer un groupe de danseurs juniors s’est imposée d’elle-même. Rappelant l’importance de transmettre les coutumes, la tradition et le protocole, Mme Jensen explique : « J’ai réalisé qu’il était de notre responsabilité de transmettre et d’enseigner aux plus jeunes. Nous les guidons et leur enseignons les chants, les danses, mais aussi le protocole. En créant le groupe des Juniors, nous pouvons leur transmettre tout ça. » Le groupe qui compte une quinzaine de jeunes présente maintenant ses propres danses et a ses propres représentations au territoire.
Création en cours
Aujourd’hui, ce sont 21 personnes qui composent le groupe. Très créatifs et d’une fibre artistique certaine, les danseurs contribuent tous à leur façon au processus de création. L’un des membres est un jour venu avec l’idée d’une nouvelle chanson appelée « La chasse au phoque. » Ce chant raconte l’histoire d’une orque qui chasse le phoque. La chorégraphie utilise des masques et raconte, au même titre que les paroles, l’histoire de cette chasse. Les idées surgissent tout le temps, avoue Mme Jensen. « Nous avons beaucoup d’idées que nous concrétisons. Le groupe est très créatif et plein d’énergie. » Ce sont aujourd’hui près de 90 chansons que les Dakhkà Khwàan Dancers chantent et dansent, dans leur langue tlingite.
Inspirée par sa mère : Doris McLean
Dans les années 1970, alors que Mme Jensen était une enfant, sa mère Doris McLean a décidé de créer un groupe de danse regroupant notamment des jeunes. À cette époque, le racisme était très présent et Mme Jensen se souvient du combat de sa maman. « Il y a 40 ans, être membre d’une Première nation n’était pas bien vu. Ma mère voulait vraiment nous inculquer, à ma sœur, à moi et aux autres enfants, un sentiment de positivité dans le fait d’être autochtone. Elle a dû faire beaucoup de recherches et se rendre en Alaska afin d’enregistrer des chansons. » À travers ce groupe de danse, Mme McLean souhaitait vraiment que les jeunes retrouvent une impression de fierté de leur propre identité. « Elle est ma source d’inspiration, car elle était une vraie “guerrière”! », ajoute Mme Jensen le sourire aux lèvres.
Afin de remercier toutes les personnes qui les ont encouragés, les Dakhkà Khwàan Dancers ont prévu d’organiser une fête de remerciement au Old Fire Hall en début d’année prochaine. Plus de détails seront communiqués par les réseaux sociaux et tout le monde sera le bienvenu.