Pierre-Luc Lafrance
Les 28 et 29 novembre, l’Association franco-yukonnaise présentera la pièce Trompe l’heure et tromperies au Old Fire Hall. Cette pièce bilingue vise à sensibiliser sur le sort des aînés et particulièrement sur les questions liées aux mauvais traitements. Il s’agit d’un projet réalisé en collaboration avec la Fédération des aînés et aînées francophones du Canada grâce au programme Nouveaux Horizons pour les aînés.
La pièce est tirée de l’œuvre originale de l’auteur franco-ontarien Michel Ouellette, mais a été adaptée pour en faire une pièce bilingue à l’initiative de Franco50. À noter qu’elle sera surtitrée à 100 % en anglais et en français pour s’assurer que tous puissent comprendre.
Pour Patricia Brennan qui a coordonné le projet, le choix d’en faire une pièce bilingue s’est imposé rapidement. « Ça permet de joindre un auditoire plus large, mais surtout, c’est un sujet qui, malheureusement, est universel. » Au-delà de la situation de l’abus et de l’exploitation financière des personnes aînées par des proches qui est dénoncée dans cette pièce, il y a un message positif pour inciter les gens à se responsabiliser pour combattre ce phénomène grandissant. Il y aura une captation de la pièce et Patricia Brennan a fait une demande de financement pour en tirer un DVD qui pourrait servir d’outil de sensibilisation.
Pour Mme Brennan, les mauvais traitements sont un sujet de plus en plus traité, mais il demeure délicat parce qu’il est parfois difficile à identifier, mais aussi parce qu’il provient en grande partie du milieu familial. « C’est une situation difficile. C’est parfois une façon de prendre contrôle d’une personne en la fragilisant. On entend de plus en plus de propos âgistes. C’est d’autant plus blessant quand ça vient de quelqu’un qu’on aime. Plus les gens vieillissent, moins ils ont d’énergie pour se défendre contre les mauvais traitements et les fraudes financières. Alors, on passe ça sous le tapis, on endure… et ça empire. »
L’histoire
« La pièce traite de plusieurs formes de mavais traitements. C’est du théâtre de sensibilisation sur un sujet sérieux, mais les dialogues sont menés de telle façon qu’on rit beaucoup. Parfois de bon cœur, parfois jaune, car on se rend compte que ce n’est pas si drôle que ça. On traite aussi de la question de la langue. L’importance de pouvoir communiquer avec quelqu’un qui comprend notre langue lorsque notre état de santé se détériore. »
On suit l’histoire de Baptiste Potvin. À la suite d’une dépression, il a eu une longue convalescence. Depuis, il a repris le dessus, mais feint la démence pour conserver sa place dans un centre de soins prolongés. Mais il est aux prises avec sa conscience coupable. Et son passé revient le hanter par l’entremise d’une petite-fille dont il ignorait l’existence. Et il voit qu’une de ses bonnes amies subit de l’abus financier de la part de sa fille. Il est devant un choix : doit-il s’affirmer et agir, quitte à obtenir son congé de la résidence, ou doit-il redoubler sa comédie?
« C’est fait un peu à la manière de Molière, car le personnage principal est un ancien professeur de théâtre et de littérature spécialiste de Molière, alors ça sort au cours de l’histoire et la pièce elle-même a des affinités avec le théâtre de Molière, surtout quand on pense à des pièces comme Le malade imaginaire. »
Une équipe toute yukonnaise
La mise en scène de la pièce est assurée par Émélie Caron. Le rôle principal de Baptiste Potvin est interprété par R.P. Singh. Il sera accompagné sur scène par Jeanne Beaudoin (Manon Béchard), Laurie Gendron (Bette Béchard), Carrie Boles (Nurse Ellie), Barbara Bergmann (Louise Jonhston), Gabby Rogers (Jennie Jonhston) et Bonnie Venton-Ross (Dre Jocelyne Monnet).
On peut assister au spectacle gratuitement, mais les donations sont acceptées à la porte. Un service de transport est également offert dans Whitehorse pour les personnes en perte d’autonomie.