Nelly Guidici
Colin Alexander est un artiste autodidacte originaire de Watson Lake. Ses premières esquisses remontent à l’enfance lorsqu’il reproduisait les dessins de bandes dessinées Comics. Puis son coup de crayon s’est affirmé lors d’un séjour en Irlande où l’artiste s’est essayé aux portraits de rue. Les retours ont été positifs, en effet, en plus d’apporter un sentiment de confiance à Alexander, l’un des passants lui a suggéré : « Vous êtes vraiment très bon, vous devriez avoir votre propre studio ». De retour dans le territoire du Yukon, l’artiste a commencé des peintures murales ainsi que des expositions de toiles à la Galerie d’art 22 notamment.
L’un de ses plus gros projets a été la peinture murale du bâtiment de Däna Näye Ventures à l’angle de la rue Black et de la 5e Avenue. « C’est moi qui leur ai proposé de peindre sur leur mur. L’entreprise a accepté et j’ai eu carte blanche pour la représentation. » Représentant le cercle de la vie, cette peinture murale qui regroupe un visage de personne aînée et un visage d’enfant entoure l’effigie d’une famille autochtone (deux parents et un bébé). « Le message est simple, mais il a toujours un impact sur les gens qui la regardent », ajoute l’artiste qui a travaillé deux mois sur ce projet depuis la conception initiale jusqu’à la réalisation.
Un artiste foisonnant d’idées
M. Alexander qui avoue ne pas avoir d’inspiration particulière de son enfance passée à Watson Lake a trouvé à Whitehorse l’endroit idéal pour laisser s’exprimer sa créativité. « Mon imagination est plus grande qu’à Watson Lake. J’ai déjà fait plusieurs peintures murales là-bas, mais lorsque je suis arrivé à Whitehorse, j’ai réalisé que je pouvais m’exprimer ici et c’était inspirant ». Le projet qui occupe actuellement Colin Alexander a pour objet de transformer les endroits les moins attirants de la ville ainsi que les murs sales par des peintures afin d’apporter un nouveau regard sur la ville aux habitants. Nommé Civitas qui signifie « fierté collective de la communauté », ce projet innovant occupe M. Alexander depuis la fin du mois de septembre. Il compte accomplir une trentaine de peintures et en a déjà réalisé la moitié.
Peinture au vaporisateur et au pochoir
Pour ce projet, l’artiste utilise une technique différente de celle des peintures murales réalisées dans le passé. En effet, il se sert ici de pochoirs qu’il a auparavant préparés et travaillés. Il lui faut en moyenne sept heures pour réaliser un pochoir qu’il utilisera trois fois. Si vous êtes attentifs, vous pourrez donc trouver une représentation de grizzli sur des supports variés et dans des couleurs différentes. Jusqu’à maintenant, M. Alexander a embelli des cuves de fioul et des contenants à carton de l’entreprise Raven Recycling. Joy Snyder, directrice du conseil au sein de l’entreprise s’est montrée très réceptive à la démarche artistique et lui a donné l’autorisation de peindre sur les contenants qui parsèment le centre-ville. « Parce qu’ils sont partout et dans les endroits les plus laids, ces bacs de recyclage de Raven Recycling se transforment en toiles sur lesquelles je peins quelque chose de beau », explique M. Alexander.
Graffiti et beaux-arts
Civitas a donc permis à M. Alexander d’affiner sa technique et de se plonger dans un art à part entière : le graffiti. « J’essaie d’apprendre les techniques de graffiti parce qu’ils peuvent être une très belle expression des beaux-arts ». À travers le graffiti, il souhaite également collaborer avec les jeunes de la ville qui souhaiteraient se familiariser avec les techniques de dessin et de travail au pochoir. Comme le rappelle l’artiste, le graffiti a toujours existé depuis l’Antiquité jusqu’à nos jours. « On peut orienter et réguler le graffiti, car c’est aussi une façon de protéger et d’embellir les biens publics », ajoute l’artiste.
Rendre le projet public
Colin Alexander ne souhaite pas faire de la publicité sur sa démarche, mais simplement rendre son projet officiel. En effet, M. Alexander a dû expliquer à plusieurs reprises sa démarche artistique et indiquer qu’il avait bien évidemment l’accord des propriétaires à la police qui avait été contactée par des résidents pensant qu’il commettait un acte de vandalisme. « Je veux rendre Civitas officiel parce que je ne veux pas que la police se déplace chaque fois que je fais une peinture. Je veux que le public soit au courant de ce que je suis en train de faire ». Et qui sait, peut-être que vous serez contacté par M. Alexander si l’un des murs de votre propriété apparaît comme une toile potentielle pour l’artiste!