Pierre-Luc Lafrance
Le chanteur Guy Marin a lancé son deuxième album Kwey. Pour l’occasion, il a fait les choses en grand puisque le 19 septembre, il se produisait sur la scène de la Place des arts dans le cadre des Week-ends de la chanson Québecor. L’Aurore boréale a eu l’occasion de s’entretenir avec lui dans les jours suivants.
Cet enseignant au secondaire s’est servi de son expérience dans l’écriture de plusieurs pièces, dont le deuxième extrait radio de l’album, Poly-Blues. « C’est une chanson que j’ai écrite en deux jours, ce qui est assez inhabituel, car je suis plus un gosseux de texte. »
Inspiré par les jeunes
De son propre aveu, les jeunes l’ont beaucoup inspiré. « Je suis allé travailler dans le Nord, en haut de Chibougamau auprès de jeunes de la Nation crie. Je travaillais sur la chanson L’étranger et je demandais aux jeunes de quoi ils auraient envie de parler aux gens du Sud. Ils m’ont dit qu’ils aimaient chasser, qu’ils aimaient vivre dans le Nord, qu’ils voulaient être fiers d’être Amérindiens. Ils m’ont traduit le texte en crie et je l’ai intégré à la chanson. » D’ailleurs, ce plus récent album est influencé par les racines amérindiennes du chanteur qui fait un clin d’œil au grand peuple autochtone, à commencer par le titre Kwey, qui est une expression de salutation chez les Premières nations.
Au-delà des sujets, l’expérience en classe lui sert sur scène aussi. « Pour moi, donner un cours, c’est comme jouer dans un bar, si tu ne donnes pas un bon show, tu perds les jeunes. »
Guy Marin a longtemps fait le circuit des bars et des petites salles avant d’enregistrer son premier album Sortir de là. « Je ne pensais même pas le sortir sur le marché, mais un de mes amis m’a dit de me botter les fesses et de faire quelque chose avec ça. Alors j’ai fait quelques spectacles avec une petite équipe et j’ai repris le goût à la scène. » Entre-temps, il a continué à écrire des chansons qui allaient former l’armature de son deuxième album Kwey. « Quand je suis revenu du Nord, ma gérante et épouse, Johanne, a décidé de foncer. Ça prend quelqu’un qui croit en toi. Elle a monté une équipe et j’ai décidé d’embarquer. »
À la frontière des genres
Même s’il a un style folk rock avec une touche de blues, l’auteur-compositeur-interprète refuse d’être cloisonné à un genre. « La chanson doit faire corps avec le texte. Certains de mes sujets sont plus durs, alors je ne peux pas faire de ballade avec ça. Ça prend un ton assez rock and roll. La musique vient alors servir le texte et vice-versa. » Une de ses chansons, Faire de ton mieux, relève même du reggae. « Pour moi, ça allait de soi. » Lui-même se sent particulièrement interpellé par Pierre Flynn et par les mélodies de Sting. « J’ai une formation de bassiste comme lui et j’aime la façon planante qu’il a de composer ses lignes mélodiques. Je n’irais pas jusqu’à en faire des pastiches, mais disons que sa façon de faire m’accroche. »
Avec Kwey, il touche des sujets plus intimistes. « C’est des observations de ce que je sens, ma sensibilité, mes préoccupations… mes histoires d’amour. C’est très introspectif en fait. »
Avant de débarquer sur la scène de la Place des arts, cela faisait trois ans qu’il ne s’était pas produit sur scène. « Trois semaines avant le spectacle, j’avais un trac de malade… C’est quand même la Place des arts! Mais au moment d’entrer sur scène, j’avais le trac normal du gars qui fait ça depuis 20 ans. Sur scène, j’aime parler aux gens, les regarder dans les yeux, même si je ne les vois pas. J’essaie d’éviter les phrases toutes faites entre les chansons. Je crois que les gens viennent voir un show pour entendre notre cœur. »
L’album Kwey est disponible en format numérique partout dans le monde sous l’étiquette PUR Communications, notamment chez iTunes.