Pierre Chauvin
Le festival Cinéfranco qui se tiendra à Toronto du 28 mars au 6 avril prochain sera l’occasion pour le court-métrage -40 °C d’être présenté une dernière fois. C’est tout du moins ce qu’en pense son réalisateur, Paul Davis.
Le court-métrage a en effet eu une longévité exceptionnelle, note-t-il. En règle générale, la durée de vie d’un court-métrage au Canada est aux alentours de trois à cinq ans. Depuis plus de sept ans, -40 °C fait le tour des festivals dans le monde entier.
En 2009, il est présenté au Short Film Corner à Cannes, une compétition réservée aux courts-métrages qui a lieu en même temps que le festival. Le court-métrage de Paul Davis a beaucoup voyagé : Tunisie, Manitoba, mais aussi au Festival des films de l’Année polaire internationale de 2009.
En octobre 2007, il gagne le prix de Best Canadian Short au festival Planet in focus de Toronto. Un extrait du documentaire a aussi été diffusé à C’est la vie, une émission auparavant présentée sur la Première chaîne de Radio-Canada. « Je l’ai tourné pour expliquer ce qu’est la noirceur polaire subarctique et l’impact de cette noirceur sur le monde en ville », explique Paul Davis en entrevue à l’Aurore boréale.
À l’origine, Paul Davis était en Norvège pour présenter un autre documentaire et parlait de son expérience en tant que cycliste par des températures allant jusqu’à -40 °C. Les Scandinaves ont des proverbes sur les risques liés à des températures comme -10 °C, -20 °C ou -30 °C… mais pas -40 ! « Le monde en Norvège m’a dit : “tu dois faire un film sur ce que tu vis à Whitehorse” », se souvient-il.
Le court-métrage de 13 min donne un aperçu de sa vie – professeur remplaçant qui va chaque jour au travail en vélo, même en pleine nuit noire et par -40 °C. « C’est vraiment un film communautaire, car sans la coopération de la communauté, on n’aurait pas été capable de le tourner », dit-il.
Attitudes
Durant le film, Paul Davis, reconnaissable par les myriades de lampes qu’il porte, aborde les dangers que peut représenter la conduite à vélo à Whitehorse. Il y a eu des changements d’attitude, notamment une sensibilité écologique qui s’est développée, mais ce n’est pas grâce à son film, dit-il en riant, « Il y a moins d’agressivité de la part des conducteurs sur la route », dit-il. « Je crois qu’il y a de grands changements sociaux, plus larges qu’entre les cyclistes et les “bazouistes” ».
L’ivresse au volant et l’utilisant de drogues restent un problème majeur. À cela s’ajoute l’état des voitures au Yukon, un domaine dans lequel le territoire pourrait être le champion. « Le Yukon a la deuxième et peut être la première flotte de véhicules la plus vieille et la plus vétuste au Canada », déplore-t-il.
Alors que Paul Davis parle de l’ivresse au volant, un passant visiblement ivre se met à crier devant le bâtiment du Centre de la francophonie avant de passer son chemin.
Film historique
Les changements climatiques font que des hivers avec des températures à -40 °C au Yukon seront de plus en plus rares, note Paul Davis. « On a su que c’était (en 2007) la dernière chance de tourner à -40 », dit-il.
Il exhibe un nouveau vélo qui n’est plus celui que l’on peut voir dans le court-métrage, avec des pneus beaucoup plus larges. « Ça, c’est un vélo de changements climatiques », note-t-il en riant. « Il y a six semaines pendant l’hiver où la neige tourne en “cassonade” », dit-il, « ce qui demande des pneus plus larges pour pouvoir avancer. »
Le film -40 °C est accessible gratuitement sur le site du National Screen Institute à nsi-canada.ca/2012/04/40c