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le Mardi 4 mars 2014 11:22 Art et culture

Yukon est bien

La famille St-Laurent a participé au documentaire Yukon parle français. Photo : Jean-François Papillon.
La famille St-Laurent a participé au documentaire Yukon parle français. Photo : Jean-François Papillon.

Pierre Chauvin

« Le Yukon, c’est surtout un lieu où les gens se trouvent. » Cette phrase donne une bonne idée du documentaire Yukon parle français réalisé par Jean Baillargeon et qui arrive à Whitehorse le 5 mars prochain pour sa première projection au territoire. En entrevue avec l’Aurore boréale, Jean Baillargeon explique que de son expérience au Yukon, ce qui l’a marqué le plus ce sont d’abord les Yukonnais.

« Ce qui m’a beaucoup étonné, c’est les gens, beaucoup plus que l’espace, la nature », explique-t-il. Et son documentaire reflète bien cela, à travers des portraits de francophones. De la France, de la Suisse ou du Québec, on se rend compte que le Yukon est bel et bien le lieu où les gens se trouvent.

« Tu vas être confronté à des choses et ça va te forcer à découvrir qui tu es », explique Jean Baillargeon. En 2009, le documentaire Ouest qu’on parle en français diffusé sur les ondes de Radio-Canada s’intéressait à la francophonie en Colombie-Britannique. Jean Baillargeon a réalisé le montage de ce documentaire-là.

Le documentaire est un succès et Radio-Canada décide de commander une série de documentaires sur les communautés francophones dans l’Ouest du pays, dont au Yukon.
« Le Yukon, ça m’intéressait », explique-t-il, « si on m’avait dit “tu t’en vas en Saskatchewan”, je n’aurais pas pris le projet ! »

De la Yukon Quest au restaurant Klondike Kates de Dawson en passant par Soir de Semaine ou le légendaire Robert Daffe, Yukon parle français offre un regard unique sur la franco-yukonnie, nous poussant à la réflexion sur notre place dans ce territoire et cette fameuse question : pourquoi le Yukon?

« C’est difficile d’expliquer comment on tombe en amour avec un lieu, mais il y a définitivement un phénomène de coup de foudre », explique Jean Baillargeon. La possibilité de vivre sans avoir à être en lien avec l’administration, la vie structurée, attire beaucoup les gens, dit-il. « Ça séduit beaucoup de gens là-bas d’être capable d’aller vivre en dehors des sentiers battus », explique-t-il.

La réalisation du film s’est étalée sur deux ans et demi, avec trois voyages de repérages et trois séances de tournage, et on le sent. Le documentaire prend le temps de suivre les différents personnages sur plusieurs mois, ce qui lui donne plus de force et de profondeur. « Le documentaire, c’est un truc de longue haleine », dit Jean Baillargeon. « On ne peut pas comprendre ces choses-là en surface, il faut être en contact avec les gens sur la durée pour arriver à établir ces liens-là. »

On ne voit pas passer les 52 minutes que dure ce documentaire, en partie à cause de la qualité des entrevues réalisées : les francophones se confient à la caméra comme à un ami. « Ils m’ont invité dans leur foyer, à rencontrer la famille, partager un repas », ajoute-t-il.

On apprécie le montage, sans accrocs, parfaitement rythmé. La bande-son en partie réalisée par Soir de Semaine contribue à un documentaire de qualité. Yukon parle français plaira aussi bien à ceux qui ne connaissent du Yukon que les pommes de terre qu’à ceux qui y vivent depuis toujours. Pour les uns, il leur donnera l’envie de venir découvrir le territoire, pour les autres, il leur rappellera sûrement des souvenirs.

Jean Baillargeon a tenu à remercier l’Association franco-yukonnaise (AFY) pour son aide avant et pendant le tournage. « On a eu un support, un appui inconditionnel des gens de l’AFY », dit-il.

Une partie du documentaire a en effet été tournée dans la salle communautaire du Centre de la francophonie.

Yukon parle français, le 5 mars au Old Fire Hall à 19 h 30 et à Dawson le 7 mars à 20 h au Café Alchemy, et le 16 mars à 17 h sur les ondes de Radio-Canada.

À découvrir aussi, le site Web interactif conçu spécialement pour l’occasion « Soleil de minuit » avec les œuvres de Nathalie Parenteau, le travail de Sylvie Painchaud, Hélène Beaulieu et des enfants de l’École Émilie-Tremblay à ypf.radio-canada.ca.