Pierre Chauvin
Dans la nouvelle exposition de la Gallery 22 intitulée Colour Lust, on peut trouver une douzaine de dessins et quelques toiles de peinture acrylique de Marianna La Haye.
Son nom ne vous est sûrement pas familier, et pour cause, l’artiste francophone expose ses œuvres pour la deuxième fois dans sa vie. « Je n’ai jamais voulu exposer, je n’ai jamais peint dans le but de vendre », explique-t-elle en entrevue à l’Aurore boréale. « J’ai toujours peint parce que j’avais le goût de le faire. »
Bien qu’elle peigne depuis plusieurs années, ce n’est qu’en 2012, lorsqu’elle participe à une exposition collective au Yukon Arts Centre, que Marianna La Haye montre ses œuvres au public.
À Gallery 22, elle expose des toiles à des prix modestes. « Je ne pense pas que je me sentirais à l’aise de vendre quelque chose de cher, et j’ai aussi envie de rendre ça accessible, » explique-t-elle. « J’ai le goût que les gens puissent partir avec quelque chose qu’ils aiment ».
Mais se résoudre à voir partir ses œuvres n’est pas toujours chose simple, dit-elle, car pour elle, l’art c’est aussi une thérapie, un moyen d’exprimer ses sentiments, de réfléchir, de « s’auto-analyser ». « C’est pour ça que je ne cherche pas à exposer, la plupart du temps j’ai une connexion avec ce dessin-là, » reconnaît-elle. « C’est une partie de moi que j’ai créée. »
Mais si peindre lui permet de déverser ses sentiments sur la toile, elle reconnaît que le spectateur peut lui aussi « ressentir » quelque chose devant le tableau. « Dernièrement, j’ai réalisé que l’art c’est fait pour être partagé », dit-elle. « C’est ça, la beauté là-dedans ».
Elle dessine et elle peint au fil de ses émotions, en écoutant de la musique. Sur ses dessins, on trouve parfois une phrase – des paroles de la chanson qui l’ont inspirée.
À mi-chemin entre abstraction et réalité, ses toiles laissent au spectateur suffisamment de champ libre pour faire travailler sa propre imagination.
La différence entre peinture et dessin, Marianna La Haye la vit comme physique : « La peinture est plus émotionnelle que le dessin », explique-t-elle, « les gestes sont plus grands, c’est plus libérateur. » Par contraste, le dessin est plus calme, pour des émotions « saines et relax ». « Je pense en même temps que je fais ça, je m’auto-analyse », dit-elle. Et même si la toile en fin de compte ne lui plaît pas : qu’importe. « Quand c’est laid, je m’en fous, ça m’a fait du bien », reconnaît-elle.
À Gallery 22, d’autres artistes exposent leurs œuvres, la plupart sont des anglophones. Marianna La Haye espère que d’autres galeries mélangeront artistes francophones et anglophones. « Ce qui ressort, c’est différent », note-t-elle.