Propos recueillis par Marie-Hélène Comeau
Qu’apporte le Grand festival des arts du Nord (Great Northern Arts Festival) à votre cheminement personnel et artistique?
« La première fois que j’ai participé au festival, c’était en 1993. J’étais intimidé par tous ces grands artistes présents en espérant qu’un jour je devienne aussi bon qu’eux. Cette année, c’est la 8e fois que j’y participe. Le festival m’a donné de l’énergie et la confiance de persévérer dans cette voie. D’ailleurs, toutes les fois que je quitte le festival, je suis totalement énergisé par de nouvelles idées de création. Cette énergie me poursuit pendant plusieurs mois. »
John Sabourin, artiste-peintre et sculpteur de Yellowknife.
« Fréquenter les autres artistes inuits durant le festival m’aide à garder ma langue bien vivante, car on se parle toujours en inuktitut, ce qui m’aide beaucoup. C’est important également pour moi de garder le contact avec les aînés, leurs histoires et leurs cultures durant l’événement. Je viens à l’origine de Cap Dorset, j’ai donc très tôt été sensibilisé à l’importance de la transmission de la connaissance des aînés aux plus jeunes générations. Le festival me rend définitivement plus fort culturellement et artistiquement. »
Koomuatuk « Cuzy » Curley, artiste-sculpteur de Cap Dorset, habitant Yellowknife.
« C’est ma 16e participation au festival. J’ai dû modifier ma façon de faire des couteaux en arrivant dans le Nord, car les techniques sont différentes de celles du Sud. Il existe une longue tradition dans le Nord de coutelier dans les familles, mais pour y avoir accès, on doit gagner la confiance des gens. Un couteau peut sauver des vies, on doit alors pouvoir faire entièrement confiance à celui qui le fait, c’est primordial. Pour ma part, ça m’a pris trois ans avant de pouvoir gagner cette confiance des gens du Nord. Au fil des ans, les aînés Premières nations et inuits ont tranquillement commencé à venir me voir pour que je puisse réparer leur couteau. En échange, je leur demandais si je pouvais faire une copie du modèle de ce dernier, car chaque région nordique a son modèle spécifique. C’est comme ça que j’ai perfectionné mes connaissances et c’est l’impact que le festival a eu dans ma vie professionnelle et personnelle. »
Georges Roberts, coutelier, originaire de l’Ontario habitant maintenant au Yukon.
« Ça doit faire une dizaine de fois que je participe au festival. J’y suis venu souvent avec mes deux sœurs et surtout avec ma mère Mary Barnaby aujourd’hui décédée, une artiste du textile traditionnel. Ma mère avait beaucoup d’amis et de la famille ici et c’était toujours avec grand plaisir qu’elle revenait participer à l’événement. Les gens m’en parlent encore régulièrement et son esprit doit sûrement encore visiter les lieux. En ce qui me concerne, le festival m’a aidé à organiser ma carrière d’artiste qui m’a amené en Europe, aux États-Unis et même en Amérique du Sud à titre d’ambassadeur des Territoires du Nord-Ouest ».
Antoine Mountain, peintre de Fort Good Hope, Territoires du Nord-Ouest.
« En habitant en Ontario, je suis isolée des autres artistes du Nord. J’arrive à briser cet isolement lorsque je viens au Grand festival des arts du Nord. Cette fois-ci, ma fille qui habite à Iqaluit est venue avec moi et a même remporté le prix Jeune artiste prometteur. J’étais très fière d’elle et surtout heureuse qu’elle ait pu voir durant l’événement une autre facette de moi. Celle d’une artiste qui rayonne et qui est heureuse entourée de ses pairs. Une artiste appréciée et non pas isolée dans son rôle de mère en Ontario. J’ai pu aussi constater à quel point ma fille est bien entourée par toute cette communauté d’artistes. Ça m’a fait apprécier encore plus cette communauté d’appartenance artistique. »
Elisapie Gordon, artiste originaire d’Iqaluit au Nunavut, habitant aujourd’hui Bowmanville en Ontario.