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le Mercredi 14 août 2013 15:10 Art et culture

25 bougies pour un festival nordique unique en son genre

Il y a 25 ans naissait timidement le projet de réunir des artistes du Nord canadien, isolés et dispersés sur l’immense territoire arctique, dans la petite municipalité d’Inuvik aux Territoires du Nord-Ouest. Depuis un quart de siècle maintenant, le Great Northern Arts Festival aura laissé sa marque en une multitude d’artistes nordiques.

L’instigatrice de tout ceci aura été Charlene Alexander qui a cofondé l’événement aux côtés de Sue Rose. Cette même Charlene qui aujourd’hui est coproductrice exécutive du Festival culturel Adaka à Whitehorse.

En 1989, Mme Alexander habitait à Inuvik où elle a passé une partie de son enfance. C’est au moment où elle travaillait dans une galerie d’art à Inuvik qu’a germé l’idée de présenter les œuvres de trois artistes des îles arctiques. Et pourquoi ne pas les inviter à Inuvik afin de leur permettre de briser leur isolement et créer des liens professionnels entre eux? Depuis, le festival a gardé cette formule et connu une croissance phénoménale, réunissant certaines années près d’une centaine d’artistes du Nord canadien.

L’artiste Bill Nasogaluak se souvient de la première édition du festival. Photo : Marie-Hélène Comeau

L’artiste Bill Nasogaluak se souvient de la première édition du festival. Photo : Marie-Hélène Comeau

« J’ai participé à la première édition du festival, mais je dois avouer que je ne croyais pas à l’époque que ça allait fonctionner. Je me disais qu’on ne pourrait jamais arriver à faire venir autant d’artistes dans une si petite municipalité qui comptait à peine 300 habitants. Et le coût pour faire venir tous ces gens était tellement élevé que rien dans ce projet ne semblait réalisable. Mais je suis heureux qu’il existe des gens comme Charlene qui y a cru à l’époque, car voilà que ce festival existe depuis maintenant 25 ans! », lance spontanément l’artiste-sculpteur Bill Nasogaluak, originaire de Tuktoyaktuk qui aujourd’hui fait carrière à Toronto. « Ce festival a eu un immense impact dans ma carrière. Je n’étais à l’époque qu’un jeune artiste sans expérience, impressionné à l’époque de côtoyer les grands artistes-sculpteurs. J’ai appris en y participant à être à l’aise avec le public et surtout à comprendre comment gérer ma carrière. Aujourd’hui, quand je reviens sur les lieux, ce n’est pas pour montrer mon travail, mais plutôt pour montrer à mon tour la voie aux plus jeunes. Je sais que je dois à mon tour guider la prochaine génération d’artistes du Nord », confie l’artiste qui participait aux célébrations entourant le 25e anniversaire de l’événement.

Le festival réunit bon an mal an des artistes du Yukon, des Territoires du Nord-Ouest, du Nunavut, du nord du Québec et parfois de l’Alaska. Sa mission première est de promouvoir le travail des artistes du Nord. Pendant dix jours, le festival devient une belle occasion pour les artistes de profiter des débouchés qui s’offrent à eux, d’établir de nouvelles relations professionnelles, d’acquérir des compétences au contact de leurs pairs.

Un festival à portée humaine

Toutefois, au-delà de cette grande mission, l’événement devient également un support social important pour les artistes qui doivent tout en menant leur carrière de front, faire face quotidiennement aux défis liés à leurs petites communautés nordiques marquées, entre autres, par la consommation d’alcool et un taux de suicide élevé.

La cérémonie de fermeture de cette 25e édition était éloquente à ce sujet, tout particulièrement lorsque l’artiste Kulula Itulu de la communauté Kimmirut au Nunavut est monté sur scène.

« Je m’excuse de n’avoir pas été aussi productif durant l’événement », a-t-il débuté en enchaînant dans un mince filet de voix “mon plus jeune frère s’est suicidé” ». Contrôlant tant bien que mal son émotion, l’artiste-sculpteur a tenu à poursuivre en spécifiant que ces dix jours passés au festival lui avaient procuré réconfort et bonheur qui l’aideront à panser sa peine. « Merci tout simplement au festival d’exister. »