Les forêts de 4 000 sites disséminés dans toutes les provinces et territoires du Canada ont été observées dans le cadre de cette étude, dont une cinquantaine sont réparties aux Territoires du Nord-Ouest (T.N.-O.) et au Yukon. Cette étude inédite apporte une analyse à grande échelle des capacités d’adaptation des arbres du pays, dont 40 % de la superficie est couverte de forêts.
Avec le réchauffement des températures, les scientifiques ont observé une augmentation de la croissance du pin, très répandu aux T.N.-O. et au Yukon, alors que les feuillus répondent de façon négative à ces changements.
« Le peuplier et le bouleau ont évolué pour se protéger du froid, en se basant sur le nombre de jours de gel pour sortir de leur dormance au printemps. S’ils n’ont pas atteint ce seuil-là, ils restent en dormance un peu plus longtemps », explique Martin Girardin, chercheur au sein de Ressources naturelles Canada et principal auteur de l’étude.
Cette observation pose certaines inquiétudes quant à la capacité de ces variétés d’arbres à capter le carbone. Le contraste observé entre les pins et les feuillus met en relief « l’apparition d’une complexité qui s’est formée avec le réchauffement climatique », selon le chercheur.
L’étude a également permis d’identifier les sites où les répercussions de la baisse du nombre de jours de gel sont les plus importantes.
« On est en mesure de voir quelles espèces sont les plus affectées et comment elles sont affectées les unes par rapport aux autres, et ça, c’est nouveau », précise M. Girardin. Le pin gris et le peuplier faux-tremble sont les deux espèces d’arbres les plus répandues parmi les onze différentes espèces répertoriées aux T.N.-O. et au Yukon.
Forêts du futur
Il est encore difficile de savoir à quoi les forêts boréales ressembleront dans les années à venir, et les perturbations par le feu et le froid sont deux facteurs importants qu’il faut aussi prendre en considération, selon le chercheur. Même si le froid joue un rôle important dans les changements climatiques, il n’est cependant pas encore bien intégré dans les projections.
« Pour les projections futures, les premiers facteurs importants sont les perturbations et la mortalité dues au stress climatique », indique l’auteur de l’étude.
Avec le changement climatique et la hausse des températures, une perte importante des territoires forestiers est à prévoir. Un reboisement de ces zones apparaît nécessaire et une sélection des espèces les plus résilientes face aux effets du réchauffement climatique est donc primordiale, selon M. Girardin.
« Ce qui est très intéressant, c’est que le pin est une bonne espèce, car il est adapté au feu ainsi qu’aux milieux secs; on voit qu’il répond bien à la baisse du nombre de jours de gel par an. Dans nos simulations, le nombre de pins gris et de pins tordus va augmenter dans les paysages forestiers », explique le scientifique.
L’effet des incendies
L’arbre semble être un outil à privilégier dans la lutte contre le changement climatique. Sa capacité d’absorption du dioxyde de carbone par les feuilles (ou les épines, pour les conifères) le rend attrayant pour son rôle de puits à carbone. Cependant, toutes les forêts du Canada ne sont pas aussi efficaces dans la séquestration du carbone. Face aux incendies, la forêt boréale est vulnérable et n’affiche pas un bon bilan. Le taux de mortalité des arbres, dû aux ravages des feux durant la période estivale, ne permet pas à ces forêts d’être suffisamment en bonne santé pour jouer leur rôle de purification de l’atmosphère.
Articles de l’Arctique est une collaboration des cinq médias francophones des trois territoires canadiens : les journaux L’Aquilon, L’Aurore boréale et Le Nunavoix, ainsi que les radios CFRT et Radio Taïga.