le Mardi 15 octobre 2024
le Jeudi 6 avril 2023 7:45 Arctique

Armes à feu illégales : les actions pour les éradiquer sont-elles suffisantes?

En 2022, 25 armes de poing ont été saisies, ce qui représente une augmentation de neuf comparativement à l’année précédente, un sommet jamais atteint au cours des dix dernières années. — Photo : Courtoisie GRC des Territoires du Nord-Ouest
En 2022, 25 armes de poing ont été saisies, ce qui représente une augmentation de neuf comparativement à l’année précédente, un sommet jamais atteint au cours des dix dernières années.
Photo : Courtoisie GRC des Territoires du Nord-Ouest
La Gendarmerie royale du Canada des Territoires du Nord-Ouest indiquait récemment avoir constaté une augmentation des saisies d’armes de poing sur son territoire. En 2022, 25 armes de poing ont été saisies, ce qui représente une augmentation de neuf comparativement à l’année précédente. Les agents de Whitehorse ont quant à eux saisi 31 armes à feu entre le 1er octobre et le 31 décembre 2022. Ces données préoccupantes surviennent alors que le projet de loi C-21 continue de faire des vagues.

La priorité de la Gendarmerie royale du Canada (GRC) est la sureté et la sécurité des personnes qu’elle dessert et l’utilisation illégale d’armes à feu constitue le type d’appel le plus grave auquel les agents répondent.

Ces appels constituent une menace immédiate pour la sécurité publique.

Alors que les Territoires du Nord-Ouest et le Yukon indiquent entreprendre des actions pour contrer ce problème et assurer la sécurité des communautés, le Nunavut semble de son côté épargné par la présence d’armes à feu illégales sur son territoire.

État de la situation

Depuis 2019, où il n’y avait eu que deux saisies d’armes de poing, la GRC des Territoires du Nord-Ouest remarque une hausse constante des saisies qui sont passées à sept, puis à seize pour les années 2020 et 2021.

La saisie de 25 armes en 2022 représente un sommet jamais atteint au cours des dix dernières années.

L’organisation ne peut spéculer sur la cause de cette augmentation.

« Les armes à feu détenues illégalement entre les mains de criminels représentent un danger réel et sérieux pour le public. La GRC s’est engagée à retirer de nos rues ces armes et les personnes qui les utiliseraient à des fins de violence ou pour installer la peur dans nos collectivités », déclare dans un communiqué l’inspecteur Dean Riou, agent adjoint des opérations criminelles pour la Gendarmerie royale canadienne des Territoires du Nord-Ouest.

Le ministère de la Justice des Territoires du Nord-Ouest confirme avoir reçu un financement fédéral pour appuyer l’élaboration d’une stratégie sur les armes à feu et les gangs sur son territoire. Ce travail a été réalisé en partenariat avec la GRC et des groupes communautaires.

De son côté, la GRC du Yukon indique prendre un certain nombre de mesures proactives concernant les armes à feu illégales sur le territoire. Par exemple, le Groupe de réduction de la criminalité cible les trafiquants de drogues illicites et offre des services de sensibilisation à la population vulnérable touchée par le commerce illicite de drogues.

Ce groupe a été impliqué dans la saisie d’un certain nombre d’armes à feu au Yukon dans le cadre de l’exécution de mandats de perquisition.

Aucune donnée comparative concernant les enquêtes ou dossiers liés aux armes à feu ne peut être fournie par la GRC.

Enfin, au Nunavut, les armes de poing illégales ne sont pas identifiées comme un problème et la GRC du territoire affirme ne pas être au courant de problématique concernant ces armes.

« Toutes les collectivités du Nunavut sont des collectivités accessibles par avion, de sorte que toute personne qui entre au Nunavut doit passer par la sécurité aux aéroports d’Ottawa, de Winnipeg, d’Edmonton ou de Calgary, et si elle avait une arme de poing, elle serait tenue d’avoir tous les documents et enregistrements nécessaires », affirme la caporale Tammy Keller, responsable des médias à la Gendarmerie royale du Nunavut.

Un projet de loi qui ne fait pas l’unanimité

Au printemps dernier, le gouvernement du Canada a déposé le projet de loi C-21 sur le contrôle des armes à feu au Canada, causant de vives réactions chez les chasseurs des territoires.

Ceux-ci s’opposaient aux amendements qui auraient interdit un certain nombre d’armes à feu de chasse.

Par exemple, les fusils de calibre .22, utilisés pour chasser le petit gibier et les animaux à fourrure comme les lièvres d’Amérique et les écureuils roux, étaient apparemment interdits parce qu’ils ressemblaient à des armes à feu de plus gros calibre « de style assaut ».

Le ministère de la Justice des Territoires du Nord-Ouest indique que, dans ce dossier, une communication a été envoyée au gouvernement fédéral concernant les obligations de consulter les gouvernements autochtones et les organisations autochtones sur ce projet de loi et la mise en œuvre du programme de rachat.

« Toute modification législative doit tenir compte des impacts potentiels sur la culture et les moyens de subsistance des pêcheurs autochtones, des communautés autochtones et des résidents de toutes nos communautés », indique Thomas Ethier, conseiller des communications et langues officielles au ministère de la Justice des Territoires du Nord-Ouest.

Bill Klassen est membre de la Yukon Handgun Association (YHA) et est l’un des quinze Yukonnais qui ont été invités à Whitehorse le 19 janvier dernier, pour partager ses préoccupations en regard aux amendements en présence de Marco Mendicino, ministre fédéral de la Sécurité publique. Il utilise et possède des armes à feu depuis 65 ans.

« Bien que les modifications proposées au projet de loi C-21 qui ont suscité cette réaction négative aient été retirées, le ministre Mendicino a indiqué que d’autres amendements au projet de loi C-21 seraient apportés prochainement », affirme Bill Klassen.

Compte tenu des modifications proposées précédemment, il indique que certains chasseurs du Nord, dont il fait partie, continuent d’avoir des préoccupations quant à ce que ces amendements pourraient inclure.

« Le projet de loi C-21 et sa loi antérieure sont imparfaits, stupides et constituent un gaspillage de ressources gouvernementales. L’interdiction des fusils d’assaut – quels qu’ils soient – ne réduira pas la criminalité », a déclaré Bill Klassen au ministre Mendicino.

Bon nombre de ces fusils étaient déjà « restreints », donc « enregistrés ».

« Leurs propriétaires titulaires de permis ne les utilisaient pas pour commettre des crimes dans les rues des villes canadiennes », a-t-il ajouté à l’intention du ministre.

Articles de l’Arctique est une collaboration des cinq médias francophones des trois territoires canadiens : les journaux L’Aquilon, L’Aurore boréale et Le Nunavoix, ainsi que les radios CFRT et Radio Taïga.