Une meilleure connectivité pour les territoires
Le plan de financement de ce projet n’est pas encore finalisé et l’organisme est en relation avec diverses institutions gouvernementales canadiennes. Selon Far North Digital, la viabilité est une condition fondamentale à acquérir avant d’entamer des discussions avec les différentes collectivités inuites qui pourraient bénéficier d’un nouvel accès Internet.
« Ce projet est bien avancé en termes de préparation, mais je pense qu’avant de prendre contact avec les collectivités, il est important que nous ayons un projet en marche avant de commencer à créer des attentes au sein de ces collectivités », indique le président de Far North, Ethan Berkowitz.
Plusieurs collectivités du Nunavut et des Territoires du Nord-Ouest se trouvant le long du passage du Nord-Ouest sont directement concernées, même si aucun nom n’a encore officiellement été annoncé.
Dans l’Arctique canadien, l’accès à Internet est dispendieux et souvent défaillant à cause du manque d’infrastructures. Comme l’indique l’organisme Nunavut Tunngavik Incorporated (NTI) dans son rapport d’octobre 2020, le Nunavut est le seul endroit au Canada à avoir accès à Internet par satellite. Plus lente et peu fiable, cette connexion généralisée au territoire ne permet pas un accès Internet à haut débit.
L’accord des collectivités est nécessaire
NTI, qui a connaissance des grandes lignes du projet, n’a cependant pas encore été contacté. L’organisme s’attend cependant à devenir partenaire. « Si le projet progresse et qu’il y a une compréhension claire de son impact sur les communautés et l’environnement du Nunavut, nous nous attendons à ce qu’il y ait un processus d’engagement formel, précise la directrice adjointe, Karen Flaherty. Aucun projet ou développement majeur ne peut traverser nos terres sans l’approbation expresse des Inuits. »
Compte tenu de l’ampleur du fossé des infrastructures de télécommunications entre le Nunavut et le reste du Canada, NTI estime que tout projet qui reliera les collectivités du territoire par fibre optique au reste du monde contribuera à réduire l’écart des services.
« Les Inuits du Nunavut démontrent leur leadership dans la détermination avec laquelle ils souhaitent prioriser le développement des infrastructures du territoire. Nous sommes prêts à investir dans des projets viables, selon nos propres conditions », pense Mme Flaherty.
Le projet hydrofibre de Kivalliq est un exemple. Toujours en cours d’évaluation environnementale et technique, ce projet, dirigé par l’association inuite Kivalliq (KIA), permettra la mise en place d’infrastructures spécifiques permettant à la fois une connexion Internet à haut débit et un approvisionnement en électricité dans cinq collectivités de la région de Kivalliq, au nord-est de la baie d’Hudson.
Renforcer la souveraineté
L’amélioration des infrastructures de l’information permettra, selon NTI, d’accroître la souveraineté des Inuits sur leur territoire. C’est aussi l’avis de M. Berkowitz, qui considère que la fibre optique permettra non seulement au « Canada de bénéficier d’une plus grande souveraineté en Arctique, à un niveau national, mais permettra aussi aux collectivités d’être plus résilientes ».
Un accès Internet haute vitesse rime aussi avec de plus grandes perspectives de formations universitaires et d’accès à l’information, et permettrait ainsi à la société canadienne d’être plus équitable.
Articles de l’Arctique est une collaboration des cinq médias francophones des territoires : les journaux L’Aquilon, l’Aurore boréale et Le Nunavoix, ainsi que les radios CFRT et Radio Taïga.