Depuis le début de la pandémie en mars dernier, le Wapikoni n’est plus aussi mobile. L’organisme, basé à Montréal, qui a bâti sa notoriété sur les studios ambulants qui faisaient auparavant des escales physiques dans les communautés autochtones des quatre coins du pays a dû revoir et adapter ses activités.
Le Wapikoni permettait notamment aux jeunes qui avaient un message à communiquer de se former aux techniques audiovisuelles grâce à des équipements numériques installés dans le bus qui fait office de studio mobile. Cependant, la saison 2020 a pris un autre chemin.
« Les escales physiques de création ont été mises sur pause, car la plupart des communautés autochtones ont été cloisonnées par souci de sécurité », indique la responsable des communications, Hélène Gagnon.
Dans une volonté de continuité d’offre d’outils aux communautés, le Wapikoni a mis en place un studio virtuel qui est accessible depuis le mois d’août 2020. Plusieurs projets variés allant du court-métrage au documentaire en passant par le balado peuvent être soumis dont les « formes sont diversifiées par la capacité qu’offre le virtuel ».
Deux cohortes ont déjà été formées depuis le lancement du studio pour lequel quinze candidatures ont été reçues. Chaque cohorte a la possibilité de produire une œuvre qui sera accessible au public ou de se perfectionner dans un domaine précis de l’audiovisuel. « Pour ces personnes, il y a une démarche et un processus continu qui serait un peu comme la bougie d’allumage dans le perfectionnement », indique Mme Gagnon.
Alors qu’une troisième cohorte commencera au début du mois de novembre, l’aspect immatériel de la plateforme a permis de mettre en valeur la richesse des échanges entre participants venant de communautés différentes et a ainsi permis une nouvelle dynamique de création et d’échange.
Témoins du changement climatique
Pendant ce temps, des jeunes du Nunavut se préparent à témoigner des effets du changement climatique à la Conférence de Glasgow de 2021, le prochain grand rendez-vous climatique mondial, aussi appelée COP 26.
Bénéficiant de deux cours virtuels sur les changements climatiques à l’échelle mondiale et sur la narration documentaire, les participants pourront documenter, à travers des vidéos qu’ils auront produits, les effets et conséquences du réchauffement climatique sur leur propre communauté.
Fruit d’une collaboration entre la coopérative d’artistes West Baffin Eskimo au Nunavut, le Centre de développement de compétences Ilinniapaa à Iqaluit, l’université du Minnesota aux États-Unis et le Centre d’art contemporain de Glasgow en Écosse, le projet a été lancé en février 2020 afin de répondre aux défis géographiques auxquels les jeunes du Nunavut doivent faire face.
« Nous avons été chanceux de pouvoir poursuivre la création de cette plateforme de réalité et d’apprentissage virtuels (malgré la pandémie) », concède le directeur commercial de la coopérative, William Huffman.
Sept jeunes seront sélectionnés au printemps prochain en vue de la diffusion de leurs œuvres d’une durée de 22 minutes à la COP 26 qui doit avoir lieu en novembre 2021.
M. Huffman se veut rassurant. Il considère cette pandémie comme l’occasion de réfléchir à des façons de faire différentes afin de mettre à disposition des jeunes Inuits des outils qui permettent d’accomplir des projets documentaires qui ne pourraient pas se concrétiser en personne.
Cette initiative va permettre aux jeunes de refléter la réalité des communautés inuites à travers le regard de la jeune génération qui s’interroge et qui questionne les aînés face au réchauffement climatique à une échelle locale, nationale, mais également internationale.
« Nous allons surmonter les défis et nous allons accomplir quelque chose de remarquable », conclut M. Huffman qui anticipe déjà les réactions du public lors de la projectiondede ces documentaires.
L’Aquilon, Article de l’Arctique