le Mercredi 22 janvier 2025
le Jeudi 19 Décembre 2024 7:58 Actualités

Congé de taxe : bonne ou mauvaise nouvelle?

Pour Edwine Veniat, copropriétaire de la crêperie La Petite Maison, « l’inflation touche à tous les niveaux; certains produits déjà pour la cuisine ont augmenté de parfois 200 %. » — Photo : Maryne Dumaine
Pour Edwine Veniat, copropriétaire de la crêperie La Petite Maison, « l’inflation touche à tous les niveaux; certains produits déjà pour la cuisine ont augmenté de parfois 200 %. »
Photo : Maryne Dumaine
Un congé de TPS est offert sur certains produits et services entre le 14 décembre 2024 et le 15 février 2025. La mesure, annoncée par le gouvernement fédéral fin novembre, vise à alléger l’effet de l’inflation auprès des ménages canadiens et à stimuler l’économie. Pourtant, plusieurs doutent de son efficacité et de la praticité de cette mesure.

Les repas au restaurant seront, en particulier, exemptés de taxe, y compris le vin et la bière le cas échéant. Même chose pour tous les aliments en épicerie qui autrement auraient été taxés comme les croustilles ou les repas préparés. C’est aussi le cas pour plusieurs catégories de biens souvent offerts en cadeau, comme les livres, les jeux pour enfants et les jeux vidéo.

Le rabais est offert directement à la caisse, alors que les entreprises sont tenues de mettre leur perception de cette taxe sur pause, tout en enregistrant leurs ventes.

Rapide et sans guide

Rima Khouri, comptable professionnelle agréée active auprès de nombreuses petites entreprises yukonnaises, témoigne d’une certaine frustration entendue de la part de commerçants et commerçantes. La première récrimination qu’elle entend est que la mesure a été annoncée à la va-vite, avec très peu d’instructions pour ceux et celles qui devront l’appliquer. Une page Web est disponible auprès de l’Agence du Revenu du Canada (ARC) donnant de l’information; mais pour le reste « ils [les commerçants] sont laissés à eux-mêmes », témoigne-t-elle.

Les professionnel.le.s comme elle se trouvent alors en deuxième ligne alors que les gens essaient de se préparer tant bien que mal. Elle mentionne également que le service technique de l’ARC devrait pouvoir répondre aux appels. « J’ose espérer qu’il y aura une certaine compréhension de la part de l’ARC, parce que garrocher ça aux entrepreneurs c’est pas nécessairement réaliste de penser que tout va être en place à temps », dit-elle.

Joint à Ottawa, Brendan Hanley, député fédéral du Yukon, mentionne que les gens peuvent aussi contacter son bureau s’ils ont besoin d’aide à l’égard de cette mesure.

Maxime Lauwens et Camille Hamon, en cuisine, à La Petite Maison.

Photo : Maryne Dumaine

Coûteux et complexe

Edwine Veniat, copropriétaire de la crêperie La Petite Maison, donne l’exemple du fait que son système devra obligatoirement être mis à jour dans la nuit du 13 au 14 décembre, puisqu’il ne comporte pas d’option temporaire pouvant être faite à l’avance. « J’ai pas vraiment le choix […] pour être prête le 14 au matin. […] ça m’énerve en fait ». Il s’agit là d’une tâche de plus dont son personnel et elle se seraient bien passés pendant cette période achalandée. De plus, elle appréhende les erreurs, puisqu’il s’agit là d’une mesure inédite et complexe.

Mme Veniat est tout de même très reconnaissante du fait que la mesure vise à stimuler les sorties au restaurant alors que plusieurs établissements ont pâti du marasme post-pandémique et que l’inflation touche la restauration de plein fouet. « L’inflation touche à tous les niveaux; certains produits déjà pour la cuisine ont augmenté de parfois 200 % », dit-elle.

Des attentes mitigées

Selon le député Hanley, cette mesure devrait faire en sorte que 1,6 milliard de dollars restent disponibles aux Canadiens et Canadiennes : l’équivalent de la TPS normalement perçue à cette période de l’année. Mais plusieurs émettent de sérieux doutes quant à l’impact réel. Il concède qu’il a reçu une lettre de la part de quelques entreprises du centre-ville de Whitehorse, et qu’il a eu aussi des conversations plus informelles avec d’autres qui sont plutôt contents de la mesure; donc, ce n’est pas uniforme.

Un sondage de la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI) montre que seulement 4 % des PME canadiennes s’attendent à une augmentation de leurs ventes à la suite de cette mesure. « Ainsi, les coûts administratifs liés à cette mesure risquent d’être supérieurs aux revenus générés », résume Mme Khouri.

Une compensation pour la compensation

De fait, la FCEI demande que les commerçant.e.s soient dédommagé.e.s pour les aider à absorber les frais encourus par cette mesure. Jusqu’à maintenant, le député Hanley mentionne qu’« il n’y a rien de prévu pour compenser les entreprises. »

Le directeur parlementaire du budget fédéral estime un coût global de près de 3 milliards de dollars. Difficile cependant, en date d’aujourd’hui, d’estimer ce que seront les coûts finaux de cette mesure.

IJL – Réseau.Presse – L’Aurore boréale