Andrew Connors est le directeur artistique de la Yukon Film Society. Il explique que « ça a commencé comme une organisation qui voulait présenter des films sociaux, politiques et environnementaux au profit des personnes résidentes de Whitehorse et des Yukonnais.e.s. Elle s’est développée à partir de là. La société cinématographique est devenue une coopérative cinématographique. Nous faisons donc beaucoup de choses différentes. Nous avons essayé d’intégrer cela aux 70 ans de cinéma du Yukon. »
« Nous avons mis sur pied un programme qui, en quelque sorte, est représentatif des films qui ont été projetés au cinéma du Yukon au fil des ans », ajoute-t-il.
Importance du cinéma au Yukon
Pour Andrew Connors, « le cinéma est une forme d’art tellement formidable pour nous emmener dans le monde d’autres personnes et d’autres créatures et d’autres réalités, et certainement voyager géographiquement, aller dans d’autres endroits du monde que ces artistes ont créés pour nous émouvoir et nous faire réfléchir. Et vous n’avez pas besoin de prendre une voiture. Il suffit de marcher dans le quartier et de s’asseoir dans cet espace. »
Le directeur artistique pense que le cinéma est une forme d’art qui peut susciter beaucoup d’empathie.« Je pense que c’est quelque chose dont nous avons besoin tous les jours, de nous mettre à la place des autres », dit-il.
Il rapporte qu’au cours des deux dernières années, le cinéma a enregistré 40 000 admissions par an. L’organisme veille à varier la programmation pour s’adapter aux différentes origines culturelles de son public.
Quel avenir pour le cinéma au Yukon?
Selon Andrew Connors, l’avenir du cinéma au Yukon est prometteur. « Je pense que la pandémie a souligné à quel point il est important que les gens se rassemblent. Et le cinéma est l’un de ces lieux de rassemblement. On assiste à une résurgence dans des endroits comme le Yukon Theatre, mais aussi le Revue Cinema à Toronto, le Cinéma Beaumont à Montréal », soutient-il.
De plus, il affirme que le secteur culturel au Yukon est solide. « Par exemple, il se passe beaucoup de choses à Dawson, un endroit qui compte à peine 2 000 habitant.e.s. Ils organisent régulièrement des projections de films. C’est probablement la ville qui compte le plus grand nombre de cinéastes par habitant dans le pays. Ils font tellement de films à Dawson. C’est incroyable! Et donc, oui, je pense que ce n’est pas près de disparaître. »
« Le cinéma n’est pas mort. Je pense que c’est juste que certains des plus gros morceaux ou des plus grandes parties du cinéma sont en train de changer », estime le directeur. « Mais je pense que cette notion d’expérience devient de plus en plus importante à mesure que nous sommes de plus en plus isolés par les médias sociaux et nos réalités numériques, nos vies numériques. »
Produire sous pression avec le Yukon48 Filmmaking
Les personnes participantes à ce défi avaient seulement 48 heures pour réaliser et soumettre leurs courts-métrages, dont le thème cette année était « chien ». Le 8 novembre dernier, 34 courts-métrages ont été projetés simultanément à Dawson et à Whitehorse. Plusieurs francophones y ont participé.
Florian Bosc et Maxime Lauwens
Les deux compères ne sont pas à leur première réalisation. Ils ont soumis cette année leur troisième court-métrage, Serge. Pour Florian Bosc, participer à cet événement n’est pas un grand défi, car ce dernier est organisé. « Une fois qu’on a le thème le vendredi, on écrit le vendredi soir, le samedi on tourne et le dimanche, je fais le montage. Les thèmes sont tellement larges, Max a trouvé l’idée et c’est allé vite. Cette année, on a été efficaces », rapporte le réalisateur.
Concernant le cinéma en général, Florian Bosc pense que les financements se dirigent principalement vers des films documentaires et reportages télé au Yukon et sur certaines thématiques. Il estime qu’il y aurait matière à développer la fiction. Les Peel Brothers ont remporté le Prix du public ainsi qu’une mention honorable pour le film Serge.
Cud Eastbound
Cud Eastbound travaille dans le cinéma et vit à West Dawson. Il participe depuis plusieurs années à ce défi. Pour lui, « faire des films à Dawson est vraiment amusant parce que c’est une communauté vibrante, remplie de beaucoup de membres créatifs. Les gens sont très favorables à l’art en général. Faire des films, c’est un peu difficile, en particulier là où j’habite, parce que les films du Yukon48 Challenge sont généralement tournés pendant la période de gel. »
« Personnellement, je pense que la contrainte de temps est un défi moins important qu’il n’y paraît », rapporte le cinéaste. « Parce que j’ai l’impression que les pressions, les contraintes de temps vous obligent à être aussi créatif que possible. J’ai l’impression que si vous aviez une semaine, vous pourriez trop réfléchir. » Please Remain Inside, de Cud Eastbound a remporté le Prix du jury, à Dawson.
Christophe Ballet
Christophe Ballet a participé au Yukon 48 h Filmmaking Challenge pour la quatrième fois. Pour lui, « c’est toujours excitant. Il y a toujours une espèce d’émotion. Quand on est dedans, avec tout ce qui est le editing, filmer, c’est intéressant, c’est le fun. Mais quand on sait derrière toute la technique qu’il y a à faire pour avoir un produit final de quatre à cinq minutes pour toute l’énergie, c’est toujours un petit peu… bittersweet [doux-amer]. Puis après, on regarde le résultat, puis on est content. »
« Je pense que c’est super important d’avoir des projets comme ça, que ce soit mis dans un format de 48 heures ou juste à longueur d’année, faire des projets cinématographiques qui représentent le Yukon, c’est super, je trouve que c’est vraiment génial », estime-t-il.
Il encourage d’ailleurs les personnes qui le désireraient à se lancer dans ce projet. « Lancez-vous et faites-le, c’est vraiment une drôle d’aventure. »
Weather Report, de Nunu Sageaktook et Fiona Slipp, a remporté une mention honorable, catégorie jeunesse.
Chloé Selarque a reçu une mention honorable, à Dawson, pour Landor.
IJL – Réseau.Presse – L’Aurore boréale