La marche s’est clôturée devant l’Assemblée législative, là où Sylvie Binette, Franco-Yukonnaise, a passé la nuit.
Cette dernière en connaît un rayon sur ces défis, puisque son fils est directement touché par les différentes crises que traverse le Yukon.
En effet, en avril dernier, après l’annonce de fermeture pour rénovations du centre d’hébergement temporaire de Safe at Home, onze des personnes résidentes n’ont pas été relogées, dont le fils de Sylvie Binette. Ce dernier vit en situation d’itinérance depuis plusieurs années. « Il dort dans son camion ou chez des connaissances », dit-elle.
Appel à l’action
En signe de soutien et en écho à la Semaine de responsabilisation, la Franco-Yukonnaise a bravé le froid et a passé une nuit dans sa tente au bord de la Deuxième Avenue devant l’Assemblée législative. Un lieu sécuritaire, selon elle, « car il est bien éclairé, contrairement aux lieux précaires choisis par les personnes itinérantes qui plantent leur tente aux abords de la ville dans les bois », mentionne-t-elle.
Sylvie Binette rapporte également avoir reçu le soutien de nombreuses personnes et de son entourage qui lui ont apporté des boissons chaudes le soir et le matin. Elle a également réussi à attirer l’attention du premier ministre, Ranj Pillai, qui est passé la voir. Toutefois, au moment d’écrire ces lignes, Sylvie Binette est toujours en attente de le rencontrer afin de lui faire valoir ses points.
Son action a toutefois porté des fruits, car depuis jeudi soir, soit la veille, son fils a trouvé un logement temporaire dans un hôtel. « Mais ça ne règle pas le problème des autres », rappelle-t-elle.
« Beaucoup d’hôtels ne veulent pas louer et ça c’est un problème. Même s’ils [les personnes itinérantes] ont de l’argent pour payer. Il y a beaucoup de stigmas associés aux sans-abris et aux personnes qui ont des problèmes de santé mentale. Il faut dépasser ça. Ça n’a pas de bon sens d’avoir cette situation dans un pays riche », soutient-elle.
Plusieurs difficultés
Malgré ses messages de sollicitation envoyés à plusieurs ministres du gouvernement territorial, les réponses ont été, selon Sylvie Binette, décevantes et floues. Une réponse tardive lui a été envoyée l’informant que son fils pouvait s’inscrire sur la liste d’attente de la Société d’habitation (Yukon Housing). « Toutefois, il faut attendre parfois plus d’un an pour trouver un logement social », déplore-t-elle.
Elle aborde aussi les difficultés et la lenteur à recevoir de l’aide financière, car il est parfois difficile de cocher toutes les cases pour l’obtenir. « Par exemple, les personnes qui reçoivent des fonds d’autres programmes, tels que ceux offerts par des transferts de fonds aux gouvernements des Premières Nations, ne sont plus nécessairement admissibles à l’aide sociale du gouvernement du Yukon », rapporte-t-elle.
De plus, ces aides ne sont pas toujours suffisantes, selon Mme Binette. « Présentement, les hôtels chargent 2 000 $ par mois pour une chambre. Avec les aides, tu reçois environ 1 200 $. Fait que là, le monde ils se mettent soit ensemble dans une chambre ou ils prennent leur argent qu’ils reçoivent pour la nourriture aussi, pour payer le reste. »
Elle estime que le gouvernement pourrait réagir, et plus rapidement, comme lors de la pandémie de la COVID-19. Selon elle, ce n’est pas une question de pouvoir, mais plutôt de vouloir.
Propos recueillis par Maryne Dumaine.
IJL – Réseau.Presse – L’Aurore boréale