À l’origine, Jessy Desjardins devait passer trois semaines au Maroc, en 2018, dans le but d’atteindre le point culminant du massif : le djebel Toubkal. « Je devais faire ça avec un guide et, finalement, j’ai décidé d’annuler et j’ai juste hiké [fais de la randonnée] dans le coin. Je me suis promis de plus explorer ces montagnes », explique le francophone de 33 ans.
L’expédition s’est concrétisée en mars dernier. Pourtant, les conditions climatiques auraient pu remettre le projet. « C’est une région très aride. Je savais que trouver des points d’eau allait être compliqué. Il y a eu très peu de neige dans les montagnes cette année, donc très peu d’eau et je me suis demandé si je ne devais pas repousser, reconnaît-il. Des fois, je devais pousser plus loin pour descendre en altitude et trouver des points d’eau. »
Chaque jour, l’aventurier a parcouru près de 45 km avec un sac d’environ 50 lb. De l’eau, de la nourriture pour quelques jours, un sac de couchage et une lampe frontale font partie des objets indispensables à ses expéditions. « Je rencontrais des petits villages qui n’avaient pas vraiment d’épiceries, des fois c’était juste une remise. C’est très limité. Je suis tombé sur un village qui avait été détruit par les tremblements de terre en décembre 2023, donc il n’y avait plus rien. Ce sont des choses à prévoir », met-il en garde.
Au-delà de la préparation pour subvenir à ses besoins, Jessy Desjardins raconte aussi que la situation politique du pays peut parfois présenter des défis. « Tu ne sais jamais si tu vas tomber sur un gang armé! Plusieurs fois on m’a volé mes affaires pendant mes expéditions », se souvient-il.
Il admet toutefois que les communautés locales font généralement preuve d’une extrême gentillesse. « J’étais à près de 2 km d’une propriété un soir et le monsieur est venu me voir. Il m’a demandé qui j’étais et il m’a averti qu’il y allait avoir une grosse averse. Je lui ai expliqué que j’avais le bon matériel et il est parti. Finalement, il est revenu quelques heures plus tard avec des couvertures. Ces gens-là n’ont quasiment rien pour vivre et plusieurs fois on m’a offert un endroit où dormir, sous une taule », raconte-t-il avec un sourire.
Passionné depuis tout petit
Originaire du Québec, Jessy Desjardins arrive dans les Rocheuses à l’âge de 16 ans et tombe amoureux de la région. « Je suis monté au Yukon en faisant du pouce! Je devais aller jusqu’en Alaska et seulement passer par le territoire et j’ai été absorbé. Aujourd’hui, le parc Kluane est un de mes préférés », indique-t-il.
Au quotidien, le francophone est gérant du Raven’s Rest Inn, à Haines Junction. « Ça me permet de beaucoup travailler en été, de préparer mes expéditions et de partir en hiver », admet-il. Et cette passion pour le voyage et la découverte, il l’a depuis tout petit : « Je pense que j’idéalisais un peu les personnages comme Indiana Jones, le fait de partir à l’aventure. Je l’ai toujours eu! Je ne sais pas si j’ai eu un déclic, mais ça a toujours été là », affirme Jessy Desjardins.
Aujourd’hui, le jeune homme se lance le défi de réaliser des expéditions jamais faites auparavant. « Il faut faire attention, c’est important de faire ça graduellement. Avec les années, tu gagnes en expérience, donc tu peux augmenter les défis petit à petit », prévient-il.
Jessy Desjardins prépare déjà sa prochaine expédition. « Je ne veux pas l’annoncer avant d’être sûr! Mais je sais que ce sera en Amérique du Sud sur trois ou quatre mois, en haute altitude », explique-t-il.
Il est possible de le suivre dans son aventure grâce à son compte Instagram : @jessyonadventures.